Des finances plutôt satisfaisantes et quelques divergences sur au moins deux dossiers : le coût final de la reconstruction du Collège Université et le projet de l’antenne rémoise de l’Institut Catholique de Paris (ICP), une session du Conseil Départemental de la Marne plutôt paisible en attendant le budget 2021.
Sur la vingtaine de dossiers abordés, force est de retenir ceux de Vatry et de la Décision Modificative (DM), pour la quasi-absence de commentaires, le Collège Université de Reims et surtout le projet de l’ICP pour quelques échanges aussi corrects que déterminés.
VATRY ET LA DM2 EN DOUCEUR
Vatry perd de l’argent et la DM2 en trouve. Une récurrence là, une bonne surprise ici. Ces vases communicants financiers n’ont pas enflammé l’Assemblée départementale. Au bilan 2019, l’aéroport clôture son année d’exploitation avec une perte de 168 000 euros, malgré l’arrivée d’Iberia et de ses vols sur Madrid. Depuis, la compagnie Iberia s’en est allée vers d’autres ciels et la Covid 19 a contribué à la fermeture des vols de Ryanair vers le Maroc. Une situation qui sent l’étiage record pour le bilan de l’activité passagers de 2020. Cette année, les animaux (une quinzaine de charters) et les masques (610 millions importés) ont remplacé les passagers. Le fret, compétence originelle de l’infrastructure, sera donc la satisfaction du bilan à venir.
Pour la Décision Modificative, place à Jean-Marc Roze, Premier Vice-président et Rapporteur du budget. En bref, le Département annonce une baisse de ses frais de fonctionnement de l’ordre de 1,5 M€, une hausse des recettes de fonctionnement de l’ordre de 11,1 M€ provenant essentiellement de la hausse des recouvrements de la DMTO (Droits de Mutation à Titre Onéreux) et une baisse de 26,6 M€ du besoin d’emprunt.
En résumé, le budget 2020 du Département de la Marne s’élève, après cette DM2, à 544,1 M€ en recettes et 530,6 M€ en dépenses. Commentaire de Dominique Lévêque (PS) : « Un peu moins mal que prévu. Les difficultés pourraient venir en 2021 et 2022. Nous n’avons pas voté le budget 2020 et donc nous nous abstenons. »
DEUX DOSSIERS PLUS OU MOINS CLIVANTS
La reconstruction sur place du Collège Université de Reims, avec un coût final de 31 M€, avait déjà fait le plein de commentaires lors de précédentes sessions. Il s’agissait pour cette plénière de relever l’autorisation de programme de 2 M€ pour révision du prix initial du chantier. Commentaire de Dominique Lévêque : « On avait dit 30 M€, on y est. Je regrette l’absence de solidarité de l’Agglomération rémoise dans ce dossier. Rapporté au nombre d’élèves, la facture est chère ».
Le dossier le plus discuté a été celui du projet d’installation de l’Institut Catholique de Paris (voir Quatre nouvelles écoles au campus MediaSchool Reims en 2021) à Reims, un projet évalué à 4,7 M€ (1M€ pour le Grand Est, 1 M€ pour la Marne, 1 M€ pour le Grand Reims et 1,7 M€ pour l’ICP). Sur les 44 conseillers départementaux, le quart s’est opposé, abstenu ou n’a pas participé au vote, avec des réticences venues de la majorité comme de l’opposition.
Et parmi ces réticents, Jean-Pierre Fortuné (LR) : « J’aurais aimé que les demandeurs viennent en commission expliquer leur démarche, c’est une question de forme et donc, je ne participe pas au vote », Rudy Namur (Divers gauche) : « Ce projet ne nous a pas été présenté et n’est pas de notre compétence », Dominique Lévêque: « Catholique… Institut Catholique de Paris, j’espère qu’ils changeront de nom. De plus, leurs formations vont concurrencer celles de l’URCA ».
Réponse du Président : « Il s’agit d’investir dans l’attractivité du territoire et donc de notre compétence ». Et pour le buzz souligné par Christian Bruyen, cette réplique de Dominique Lévêque au Président : « C’est la foi qui vous anime ? » Rendez-vous le 11 décembre pour le budget 2021.
CHRISTIAN BRUYEN : « NOUS NE SOMMES PAS UN SIMPLE OPÉRATEUR DEL’ETAT»
Dans son propos préliminaire à l’avant-dernière session de l’année du Conseil Départemental, le Président Bruyen a d’entrée souligné les conséquences sociales de la crise sanitaire et notamment la hausse de la précarité et celle des bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (14 137 en février 2020 et 15 246 en août), à la charge du Département, rappelant que ce dernier joue un rôle d’amortisseur contre les phénomènes de fracture.
Des relations à deux vitesses avec l’Etat ? C’est le sentiment que donnent les propos de Christian Bruyen : « La coordination avec les services déconcentrés de l’État est bonne. La relation avec le Préfet est quasi permanente de même qu’avec l’ARS (l’Agence Régionale de Santé). Nous échangeons régulièrement et nos suggestions ou points de vue sont entendus. Mais il en va différemment avec l’État central. »
Parce que l’avenir de l’aéroport de Vatry entre dans ses préoccupations majeures, le Président tempère quand il évoque l’attention, une première depuis vingt ans, que s’est engagé à apporter le Ministère des Transports à ce devenir. Pour autant, Christian Bruyen constate globalement : « On tend à vouloir réduire notre rôle à celui d’un simple opérateur de l’État. Il s’organise une sorte de tutelle financière qui constitue une atteinte à la libre administration des collectivités, alors qu’en matière de bonne gestion nous n’avons pas de leçons à recevoir. » Puis prévient : « Il nous faudra, collectivement, être d’une extrême vigilance, lorsque seront dévoilés les contours de ce projet de loi 3D (décentralisation, différenciation, déconcentration). »
Serein et attentif, le Président Bruyen évoque les finances du Département, à travers les ajustements en cours, proposés par la DM2, seconde Décision Modificative de l’année : « Il s’agit d’un court et léger répit avant d’aborder un débat d’orientation budgétaire qui s’annonce très délicat. » Autant dire que les budgets 2021 et 2022 risquent de faire regretter ce répit.