Finances, emploi, la Région expérimente tous azimuts

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, lors de la dernière assemblée plénière de la mandature.

À l’occasion de la dernière assemblée plénière de la mandature du Conseil régional, la collectivité a voté la mise en œuvre de nouveaux dispositifs de soutien au financement de l’économie, à l’emploi et à l’agriculture notamment.

A nnoncée depuis quelques semaines, la création de la plateforme de financement participatif régionale sera effective dès le mois prochain. Épargne Occitanie, c’est le nom retenu pour cette nouvelle structure dont l’architecture a été développée par le toulousain Wiseed, spécialiste du crowdfunding (lire Wiseed s’engage dans la transition énergétique). Alors que l’épargne des ménages français a progressé de manière considérable l’an dernier, de l’ordre de 200 Mds€, la présidente de la Région Occitanie entend bien faire en sorte qu’une partie de cette épargne ne reste pas « dormante ». L’objectif que poursuit la collectivité avec ce nouveau dispositif innovant, est en effet de « flécher l’épargne citoyenne au service de l’économie réelle », pointe Carole Delga.

PLATEFORME D’ÉPARGNE POPULAIRE

La nouvelle SAS dotée de 50 K€ de capital réunit autour d’elle outre Wiseed – sélectionné dans le cadre de l’appel à projet Relocc en faveur de la relocalisation des activités industrielles sur le territoire – et la Région, la CCI d’Occitanie, dont l’implication vise à resserrer le lien entre épargne citoyenne et entreprises, et l’Agence régionale Énergie Climat (Arec) puisque la vocation de ce dispositif unique à l’échelle d’une région, est aussi de soutenir les projets liés à la transition énergétique.

Via la plateforme Épargne Occitanie, les entreprises pourront bénéficier d’un accompagnement « dans toutes les grandes étapes de leur développement », quel que soit le type du projet envisagé : industriel, technologique ou immobilier, précise la collectivité. Pour entrer dans le dispositif, elles doivent toutefois répondre à un certain nombre de critères que précise la Région : « avoir leur siège social, un établissement secondaire en région Occitanie ou un projet de relocalisation et des besoins de financement de 50 000 € à 8 M€ sur sept ans maximum », sachant que le concours apporté par la plateforme pourra prendre la forme d’actions ou d’obligations. Depuis l’annonce de la création d’Épargne Occitanie, 200 entreprises ont déjà manifesté leur intérêt. Un comité de sélection devrait être rapidement constitué. Selon Carole Delga, « il s’agit d’assurer les citoyens de la qualité et du sérieux » des entreprises qui seront retenues et de leur assurer aussi « une rémunération qui sera de l’ordre de 5 %. » La présidente de l’exécutif régional espère collecter par ce biais 50 M€ dont 20 M€ en cinq ans, « mais compte tenu de l’engouement pour la plateforme, nous devrions atteindre cet objectif en trois ans », précise-t-elle. La Région ne s’interdit pas d’intervenir, au cas par cas, en complément des fonds levés auprès des particuliers.

Cette nouvelle plateforme de financement participatif vient s’ajouter aux différents dispositifs dédiés au financement de l’économie récemment mis en place par la Région : l’Agence régionale des investissements stratégiques (Aris) ou encore le fonds d’investissement Impulsion pour l’aéronautique, géré par Irdi Soridec Gestion.

DROIT AU TRAVAIL

La Région prévoit également d’entrer dans le dispositif Territoire zéro chômeurs de longue durée (TZCLD). Une innovation sociale déjà testée par une dizaine de territoires en France – dont aucun en Occitanie – qui a permis, depuis son lancement en 2016, la création d’un millier d’emplois. L’adoption par le Parlement de la deuxième loi d’expérimentation du dispositif TZCLD doit en effet permettre à une cinquantaine de nouveaux territoires d’entrer dans la démarche. En Occitanie, 14 territoires devraient ainsi se porter candidats à cette expérimentation sur cinq ans : La Palme dans l’Aude, Marguerittes et Saint-Jean du Gard dans le Gard, Comminges-Pyrénées-Saint-Gaudens en Haute-Garonne, Lodève-Larzac, Grabels, Montpellier et Saint-Georges-d’Orques dans l’Hérault, Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, Argelès-sur-Mer et Perpignan dans les Pyrénées-Orientales, Graulhet et Le Séquestre dans le Tarn et Pays de Midi Quercy dans le Tarn-et-Garonne. « L’ambition, explique Claire Fita, conseillère régionale, est de proposer aux chômeurs de longue durée un CDI à temps complet ou choisi pour générer des activités d’utilité sociale. Il ne s’agit pas d’empiéter sur le champ concurrentiel du territoire, mais d’adresser des besoins sociaux existants mais insatisfaits, faute de modèle économique. » Pour financer ces emplois, comme l’explique l’association TZCLD qui promeut le dispositif, « il s’agit de rediriger les budgets publics issus des coûts de la privation d’emploi pour financer les emplois manquants ». En d’autres termes, ajoute Claire Fita, « de capter les dépenses dites passives, les dépenses allocataires qu’on transforme en rémunération ». La Région va accompagner les 14 territoires émergents dans leurs démarches de telle sorte qu’« un maximum d’entre eux soit retenu ». Dans l’at- tente du décret, la collectivité, qui a prévu d’adhérer à l’association, table sur un premier dépôt de candidatures à la fin du premier semestre 2021. L’élue table également, grâce à ce nouveau dispositif, sur la création d’un millier d’emplois.

Vers des contrats agriculture durable

Six expérimentations vont être lancées dans la région

Soucieuse de « développer un modèle agricole régional durable » et d’assurer « sa souveraineté alimentaire », la Région Occitanie prévoit d’expérimenter des « contrats d’agriculture durable ». L’objectif de ce nouveau dispositif est de « mieux accompagner les agriculteurs dans la définition et la mise en œuvre de leur projet de développement ou de diversification de leur exploitation », explique l’exécutif régional. Six territoires ont été retenus pour lancer l’expérimentation : la coopérative Euralis implantée dans les Hautes-Pyrénées, la coopérative Qualisol, basée dans le Gers et le Tarn-et-Garonne, la chambre d’agriculture de l’Aveyron, la chambre d’agriculture de la Haute-Garonne, la cave coopérative de Castelbarry à Montpeyroux, basée dans l’Hérault et le Projet alimentaire territorial (PAT) Haute Vallée de l’Aude.

« Concrètement, les agriculteurs qui souhaitent s’engager dans une démarche de développement durable de leur exploitation pourront bénéficier de l’expertise des structures d’accompagnement retenues par la Région. L’accompagnement personnalisé portera autant sur l’analyse de leurs besoins et de leur potentiel, que sur l’écriture de leur projet et la constitution des dossiers de financement. L’agriculteur pourra signer ensuite un contrat avec la Région qui lui permettra de solliciter les aides financières les plus adaptées à son projet. »

La démarche porte principalement sur les trois axes : l’environnement : par des mesures de préservation des ressources naturelles et le renforcement de la biodiversité ; le social : avec un accompagnement pour améliorer la qualité de vie et le bien-être des agriculteurs ; et l’économie : en travaillant sur l’amélioration de l’efficacité économique de leur exploitation.