Femto-st : de la recherche au partenariat industriel

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Créé il y a plus de 15 ans, l’institut Femto-st est l’une des plus grandes unités de recherche à l’échelle nationale, relevant des disciplines des sciences pour l’ingénieur, de l’information et de la communication. Tourné vers le monde socio-économique, il s’est doté, en 2013, d’un centre d’ingénierie pour être au plus près des enjeux industriels.

Né en 2004, de la fusion de cinq laboratoires de Franche-Comté évoluant chacun dans des domaines scientifiques différents : mécanique, optique, microsystèmes, électronique radiofréquence, métrologie du temps et des fréquences, énergétique et fluidique, l’institut Femto-st est une unité mixte de recherche associée au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). En 2008, un laboratoire d’automatique et de robotique vient compléter ce premier ensemble, rejoint, en 2012 par un laboratoire d’informatique. Enfin, en 2017, Femto-st renforce encore son caractère pluridisciplinaire en s’ouvrant aux Sciences humaines et sociales (SHS), avec un groupe de neuf chercheurs dont les études questionnent la place de la technologie dans la société. « Chaque nouvel entrant se doit d’avoir un projet de recherche qui fasse sens avec la vision de l’institut et avec les valeurs à l’origine de sa création : cultiver l’excellence scientifique, technologique et l’innovation par l’interdisciplinarité et favoriser la valorisation de la recherche au sein de l’écosystème socio-économique local, explique Laurent Larger, directeur de Femto-st depuis juin 2016. L’idée de départ est partie du constat d’une situation géographique particulière, pas forcément attractive et d’une volonté de conserver les activités de recherche sur le long terme en région. En fusionnant ainsi plusieurs laboratoires indépendants – sous la triple tutelle de l’Université de Franche Comté (UFC), de l’École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM) et de l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), et sous l’autorité du CNRS – Femto-st disposait alors d’une force de frappe suffisante pour générer de la valeur ajoutée sur le territoire. La structure pouvait ainsi donner vie à des projets transverses interdisciplinaires mais également ouverts sur l’extérieur. En se donnant une mission d’impact sociétal direct, en mixant recherche fondamentale et recherche appliquée, Femto-st constituait une expérience originale en France, un ovni, imaginée bien avant l’arrivée de la Société d’accélération du transfert de technologie (Satt) grand Est ». Les actions de recherche de Femto-st sont ainsi caractérisées par un large spectre allant d’études fondamentales à des développements de prototypes plus appliqués. Ces travaux relèvent de divers secteurs applicatifs comme l’énergie et les transports, la santé, les télécommunications, le spatial, l’instrumentation et la métrologie, l’horlogerie et l’industrie du luxe.

UN CENTRE D’INGÉNIERIE…

De 2006 à 2011, Femto-st est labellisé institut Carnot. Cette distinction d’excellence décernée par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation est destiné – via l’octroi de financements – à favoriser la recherche partenariale, c’est-à-dire la conduite de travaux menés par des laboratoires publics en liens étroits avec des acteurs socio-économiques, notamment avec des entreprises. En 2013, les règles d’attribution de ce label changent et la configuration atypique de Femto-st rend impossible son maintien dans le giron des labellisés Carnot. L’institut imagine alors un nouveau modèle d’interaction avec les entreprises par la création de Femto Engineering porté juridiquement par la fondation partenariale FC’innov de l’université de Franche-Comté. Ce centre d’ingénierie assure le transfert des résultats de Femto-ST vers les industriels (PME et grands groupes). Son activité actuelle porte sur les applications lasers, le biomédical, l’énergétique et la microfabrication. Elle est appelée à se développer prochainement vers la robotique. « Femto Engineering assure ainsi le prolongement technologique de l’institut et l’interface entre la recherche et l’industrie. Son modèle économique s’inspire de celui des RTO (Research and Technology Organisation) tels que les instituts Fraunhofers en Allemagne ou le CSEM en Suisse. Cette création locale innovante a attiré l’œil de l’institut Carnot, qui a alors souhaité intégrer la démarche à son périmètre. Ainsi, en 2016, le centre a pris le nom de Femto Engineering Carnot TSN. La boucle était ainsi bouclée », raconte Laurent Larger.

… ET DES SPINS OFF

Près de 60 doctorants de Femto-st obtiennent leur thèse chaque année, dont 36 % s’orientent vers l’industrie, constituant un vivier de main d’œuvre hautement qualifiée. Femto-st génère également une spin-off par an « un chiffre que l’on espère porter prochainement à trois par an ». Un grand nombre de celles- ci participent à des projets européens de spécialisation intelligente (programme Feder) jouant un rôle important pour le développement écono- mique régional. Quatre projets sont actuellement en cours impliquant les spins off Silmach, Percipio Robotics, Frec|n|sys (projet 3SMEMS) ou encore AR-Electronique (projet Smart-Inn) et AUREA Technology (projet MiMédI – voir article). Femto-st noue également des partenariats pérennes avec des entreprises extérieures à la région à travers la constitution de laboratoires communs qui les amènent à installer une antenne R&D au plus près des chercheurs pour un travail et un échange au quotidien. C’est le cas par exemple avec la société SENSeOR basée à Nice – Sophia Antipolis, qui dans le cadre du laboratoire commun PhASE consacré au développement de capteurs sans fils intégrés à ondes acoustiques, a détaché, depuis 2015, trois personnels de la société au sein de Femto-st. Autre exemple avec la société Gorgy-Timing, située à Grenoble. Dans le cadre du LabCom « FAST-LAB » et pour le développement de systèmes de diffusion du temps (horodatage) via internet, ultra-précis et sécurisés, plusieurs ingénieurs-chercheurs ont ainsi été recrutés pour travailler sur le site de Besançon.

(Photo : Laurent Cheviet

(Photo : Femto-st)

(Photo : Femto-st)

(Photo : Ludovic Godard)

(Photo : Ludovic Godard)

(Photo : Ludovic Godard)

(Photo : Ludovic Godard)

(Photo : Archi Groupe 6 - Luc Boegly)

(Photo : Archi Groupe 6 - Luc Boegly)