MiMédI : les microtechniques au service des médicaments de demain

(Photo : Journal du Palais)

Mardi 11 juin était présenté à Besançon un projet de recherche de spécialisation intelligente financé à 80 % par des fonds européens. Baptisé MiMédI, il se caractérise par une collaboration forte entre partenaires industriels et académiques régionaux. Six entreprises sont ainsi mobilisées sur quatre ans au côté de l’Université de Franche-Comté (UFC), de l’Établissement français du sang (IFS), du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Besançon et de la fondation FC Innov, sur la thématique des médicaments innovants.

Un médicament innovant ou médi qu’est-ce que c’est ? C’est un médicament élaborés à partir de cellules humaines prélevée chez le patient. Celle-ci sont ensuite modifiée en laboratoire pour leur offrir la possibilité de combattre spécifiquement la maladie du patient. Une fois ainsi armées, elles sont réinjectées au patient pour le soigner. En phase d’essais cliniques, l’Établissement français du sang Bourgogne – Franche-Comté assure le développement de tels médicaments depuis les années 1990. Point noir : ces remèdes du futurs sont complexe et coûteux à fabriquer (environ 500 000 euros par injection). C’est pour changer la donne que le projet MiMédI : Microtechniques pour les médicaments innovants, est né. « Comme l’acronyme le résume, il s’agit de tirer partie des spécificités de notre territoire pour répondre à un défi majeur porteur d’enjeux, et d’emplois locaux pour le futur. MiMédi prévoit ainsi d’associer des compétences en microtechniques pour simplifier les procédés de fabrication de ces médis afin de les rendre plus économiques et ainsi accessibles au plus grand nombre, explique Laurent Larger, directeur de Femto-st. C’est un projet emblématique qui mobilise près de 70 chercheurs issu notamment de Femto-st et qui doit permettre d’ouvrir de nouveaux marchés sur notre territoire en utilisant les acteurs du territoire ».

D’un montant global de 13,6 millions d’euros sur quatre ans, ce projet est financé à 80 % par des fonds européens Feder et le reste par le Fonds régional d’innovation (FRI). « Sans l’Europe, rien n’aurait été possible, défend Patrick Ayache, vice-président, en charge de l’action européenne et internationale, du contrat de plan, de l’attractivité, du tourisme et de l’export. C’est d’ailleurs le plus gros chèque Feder fait par l’Union depuis 2014. Il est vrai que MiMédI répond aux trois objectifs de croissance intelligente, durable et inclusive de la stratégie Europe 2020 adoptée par Bruxelles ». Outre la matière grises des cher- cheurs de Femto-st, de l’UFC, du CHRU et de l’EFS, MiMédI implique six entreprises locales : Smaltis, Aurea Technology, Diaclone, Bio-Exigence et Med-Inn-Pharma et Ilsa dans le rôle de chef de file technique. « Cela fait 20 ans qu’à l’EFS nous travaillons à la production de médis. Cela nous a conduit, au fil du temps, à fédérer à Besançon un écosystème unique en France. Aujourd’hui, ce travail de structuration est achevé. Il nous fallait donc aller plus loin, créer un retour sur-investissement. C’est ce que nous ambitionnons avec MiMédI, pour que demain, nous ne vendions pas seulement des médis mais également les usines pour les fabriquer », argue Pascal Morel, directeur de l’EFS BFC.

Contrairement que doit permettre MiMédI ? La fabrication des médis nécessite des technologies complexes de tri cellulaire, d’amplification, de transduction génétique qui nécessite un environnement maîtrisé de type salle blanche. Le recours aux outils de la microtechnique comme la manipulation, la concentration, le lavage et le tri des cellules sanguines par l’acoustique, doit permet de concevoir un bio-réacteur modulaire hermétique et de taille réduite, capable d’intégrer toutes les étapes de production du médi : une sorte de mini salle blanche pouvant être installée au lit du patient. Automatisation et miniaturisation permettraient de diviser ainsi le coût de production par dix.

L’impact sociaux économique de Femto-st en région
De 1989 à 2017, 19 spin-off sont sorties de l’Institut Femto-st ou des anciens laboratoires qui le constituent. Depuis la création de l’institut en 2004, 14 start-up ont été créées ; soit en moyenne l’équivalent d’une par an. Il s’agit d’ailleurs d’un processus qui se déroule en continu, comme l’illustrent les créations en cours de deux nouvelles entreprises en 2018 dans les domaines des matériaux pour les nuisances sonores et la cogénération. La grande majorité des spin-off créées est toujours en activité (75 %, un taux de succès sur la durée particulièrement élevé par rapport à la moyenne). Et sur les cinq ayant cessé leur activité, deux d’entre elles ont su rebondir.
La création de ces entreprises a induit directement 212 emplois (chiffres 2017). Un nombre qui a d’ailleurs fortement progressé au cours des cinq dernières années (+ 65 %) puisqu’il était de 128 en 2012.
Le chiffre d’affaires cumulé par l’ensemble de ces entreprises a atteint 19,5 millions d’euros (en 2017) et a quasiment doublé en cinq ans. En 2012, 52 % du CA des spin-off était réalisé à l’international, contre 53 % en 2017. Quasiment toutes ces spins-off sont localisées en Bourgogne Franche-Comté, ce qui montre le lien fort avec le territoire. Deux tiers d’entre elles sont basées sur Besançon, quatre sur le périmètre Belfort-Montbéliard, deux autour de Dole, une à Dijon et une à l’extérieur, en Gironde. Cela démontre également la volonté de ces entreprises à garder l’expertise et les relations pérennes avec l’institut Femto-st, tout au long de leur développement économique par l’innovation (projets collaboratifs de R&D, et recrutement d’une expertise locale de pointe unique dans leur domaine).
Ces entreprises développent une activité à forte valeur ajoutée dans des domaines très variés qui couvrent toutes les thématiques de recherche de Femto-st (acoustique, automatique-robotique, informatique, énergétique-génie électrique, mécanique, optique, temps-fréquence). Ce sont aujourd’hui avant tout des TPE (11), mais aussi des PME (4) et des ETI (4).

750 membres répartis au sein de Femto-st, sur 3 sites : Besançon, Montéliard et Belfort.
7 départements de recherche de 100 personnes en moyenne : Optique, temps fréquence, Automatique et systèmes micro- mécatroniques (AS2M), Département informatique des systèmes complexes (DISC), Énergie (thermique, pile à combustible), mécanique appliquée, Micro nano sciences et systèmes (MN2S).
39 millions de budget annuel.
200 contrats de recherche signés par an. De nombreux partenariats avec des laboratoires et industriels régionaux (travail commun au labex action dédié aux système intelligents intégrés dans la matière avec le laboratoire interdisciplinaire Carnot de Bourgogne, participation à la plateforme protéomique régionale Clipp avec l’institut de Chimie moléculaire de l’université de Bourgogne, étude des interactions hôte greffon tumeur avec l’EFS l’Inserm et l’UFC…).
Des collaborations avec près de 100 institutions internationales comme : l’université de Georgia Tech (États-Unis), l’université de Sherbrooke (Canada), le laboratoire LIMMS (laboratry for integrated micro-mechatronic systems) à Tokyo au Japon.
Un centre national de micro-nanotechnologie, membre du réseau Renatech regroupant les plus grands centres technologique du CNRS, d’une surface de 1 400 mètres carrés dont 865 mètres carrés en atmosphère contrôlée.
Lauréat de dix projets d’excellence européens et nationaux. Femto-st est classé dans les 30 % de tête des laboratoires de recherche en sciences pour l’ingénieur en France.