Des entreprises se mobilisent pour produire des masques

Le bouclier facial élaboré grâce à l’impression 3D se porte avec un masque chirurgical en plus.

Face à la pénurie de certains produits et matériels médicaux, les entreprises de la région s’organisent. Un immense élan de solidarité s’est monté tout d’abord à l’échelle locale puis nationale, pour produire avec les moyens du bord, du matériel médical de première nécessité.

Ce n’est un secret pour personne, cela tourne en boucle sur les chaines d’information en continue, les hôpitaux français manquent de moyens, humains et matériels, face à la crise du coronavirus. Partant de ce constat alarmant, pour le personnel soignant mais aussi pour les malades traités, des chefs d’entreprise et des industriels de la région se sont mobilisés pour apporter des solutions concrètes et rapides à ce manque. C’est tout d’abord par un groupe Whatsapp créé par Emmanuel Chochoy, directeur commercial Champagne-Ardenne chez Engie et lauréat du Trophée de l’ambassadeur Invest’in Reims en 2019, que les choses débutent : « C’est en lisant un article sur des personnes qui fabriquaient des valves cardiaques en impression 3D en Italie, que j’ai eu l’idée de créer un groupe, avec des amis entrepreneurs et industriels pour savoir ce que l’on pouvait faire, nous aussi, à notre échelle. »

Très rapidement, la volonté de faire des visières de protection est émise et en l’espace de quelques jours, un prototype est déposé et validé par le CHU de Reims. Le principe est simple, le serre-tête est construit grâce à l’imprimante 3D et la protection en plexiglas est découpée et assemblée (voir article Plasturgie). Ce dispositif permet de protéger le personnel soignant lors des gestes à risque d’aérosolisation.

“UNE USINE NUMÉRIQUE”

Dans les Ardennes, c’est l’entreprise 3D Métal Industrie qui participe à ce projet. Renaud Mignolet, président de l’entreprise explique : « J’ai lancé un message via les réseaux sociaux qui a été partagé des milliers de fois. Plusieurs groupes Whatsapp se sont créés, à l’échelle locale et nationale, et aujourd’hui nous avons des échanges avec des professionnels de l’industrie et de la santé de toute la France, pour produire des masques de protection à destination des soignants. » Pour son entreprise, la capacité de production est estimée à « 100-150 serre-tête par jour. » Une production qui additionnée avec toutes les entreprises en capacité de produire, conduirait à l’équipement nécessaire pour cette période de pandémie. « Les besoins nationaux sont estimés à 40 millions de masques pour 12 jours », précise Emmanuel Chochoy, qui est en lien permanent avec les structures hospitalières de tout l’Hexagone.

« Nous allons créer des cellules dans chaque zone de la région: Charleville, Reims, Troyes, mais aussi Metz ou Mulhouse », indique Renaud Mignolet. Car « le nerf de la guerre », ce sont non seulement les outils de production mais aussi les matières premières et la logistique. « Il y a une veille technologique qui s’opère sur les réseaux et des informations que l’on se donne sur la disponibilité de matières premières, qui sont une vraie question. Aujourd’hui nous avons encore des stocks mais si la situation s’étale dans le temps, il va bien falloir s’approvisionner », note le président de 3D Métal Industrie. Niveau logistique justement, il faut composer avec le confinement: « Les assemblages doivent se faire dans des lieux sécurisés et ensuite, il faut livrer les CHU. »

Plusieurs groupes Whatsapp ont aussi été créé pour chacune des étapes nécessaires : la veille, la production, la logistique et les achats responsables industrie.

En tout, au niveau local, une quinzaine d’entreprises sont dans la boucle, des centaines, nationalement. « En quelques jours c’est une véritable usine numérique qui s’est créée », souligne Emmanuel Chochoy.

D’ailleurs, le groupe est en train de déposer un dossier répondant à l’appel à projets du ministère de la Défense qui débloquerait 10 millions d’euros pour des solutions recherchées, « d’ordre technologique, organisationnel, managérial ou d’adaptation de processus industriels », précise l’Agence de l’innovation de défense. Loin de faire payer les « boucliers faciaux » ces fonds permettraient de se fournir en matière première.

Car aujourd’hui, « dans ce groupe qui a fait boule de neige, on s’aperçoit qu’il ne manque pas que du gel hydro-alcoolique ou des masques, mais aussi de nombreux autres produits. »