Zoë Montagu, tisserande… Sa petite entreprise est une belle vitrine pour l’Ariège

Zoë Montagu, tisserande à Foix.

C’est à Foix que Zoë Montagu a posé ses valises. Elle tisse des fils de crin de cheval sur son métier à tisser. Des techniques ancestrales et un savoir-faire unique qui lui permettent de travailler avec de grands couturiers et jouir d’une reconnaissance nationale.

«Il faut un brin de folie ou être obstinée pour rester dans ce métier », s’amuse Zoë Montagu. Après un Bac en arts plastiques, la jeune femme a rejoint une classe préparatoire avec une vague idée de son futur métier. Elle fait alors connaissance avec le textile : une véritable révélation. « J’ai tout de suite aimé cet univers cocooning et confortable, j’ai postulé pour un DMA (diplôme des métiers d’arts), spécialisé dans le textile. » 

Au lycée des métiers La Source à Nogent-sur-Marne, elle apprend à tisser. « J’ai eu le déclic pour le métier de tisserand, j’ai choisi de me spécialiser dans les techniques ancestrales. » 

INSPIRÉE PAR LES VOYAGES 

Zoë Montagu part en Indonésie dans le cadre de son DMA, elle travaille avec des Javanais et perfectionne son art : le tissage de songket, le lurik et le batik, une technique de peinture. « Je savais que j’étais à la bonne place, se souvient l’artisane, j’avais trouvé ma voie. » 

Elle part ensuite pour le Chili. « J’y ai rencontré une vieille dame qui tissait le crin de cheval, détaille-t-elle. Elle m’a proposé de me transmettre son art. » Un voyage déterminant pour la suite de sa carrière. 

De retour en France, Zoë Montagu obtient un master en arts appliqués, option textile à Toulouse, puis ouvre un atelier de bijoux en centre-ville. L’affaire est lancée, elle crée une collection en hommage à sa formatrice chilienne. 

Au même moment, Zoë Montagu obtient la bourse Déclic Jeune de la Fondation de France. Elle n’hésite pas un instant et achète un métier à tisser, coût de l’investissement : 6000€. 

ZOË MONTAGU DÉVELOPPE SON RÉSEAU DEPUIS FOIX 

Désormais installée à Foix, elle laisse libre cours à son imagination, commence à tisser et continue à fabriquer des bijoux, deux activités qui concourent à parts égales dans son CA. 

Zoë Montagu utilise des textiles d’occasion et du crin de cheval. « Nous sommes peu nombreux à tisser cette matière en France, hormis les ateliers Hermès. » 

Elle travaille le crin comme s’il s’agissait d’un fil d’or, il perd ainsi son côté rustique. La jeune femme travaille avec des boutiques spécialisées dans les métiers d’art ou les bijoux contemporains. Elle participe à de nombreux salons professionnels et construit un solide réseau au travers des Ateliers d’Art de France, regroupant plus de 6 000 artisans dans le pays. 

LA FILIÈRE CRIN 

Un seul fil suffit pour créer une bague. Les clients apportent du crin de leur cheval pour fabriquer un bijou ou des tissus. Mais Zoë Montagu se fournit également auprès des luthiers qui utilisent le crin pour les cordes de leur instrument Une queue entière de cheval peut coûter 500 €, soit 1 500 € le kilo. Mais l’artisane rassure: « les chevaux sont élevés pour leur crin. Tous les cinq ans, on leur coupe la queue et ça repousse. » 

La créatrice n’hésite pas à prendre des stagiaires pour transmettre son savoir-faire. « Je suis très optimiste pour les métiers d’art, les gens redécouvrent la matière, le travail bien fait. » 

Zoë Montagu, qui entend développer son activité en ouvrant des boutiques éphémères, veut également développer ses ventes en ligne, même si explique-t-elle, « les clients veulent toucher. Le crin donne une impression de fragilité alors qu’il est extrêmement robuste ». 

L’artisane, qui a doublé l’an dernier son chiffre d’affaires en travaillant avec des maisons de haute couture, aimerait proposer ses services à de grands hôtels. En attendant, Zoë Montagu prépare activement l’exposition Révélations en juin 2022 au Grand Palais à Paris. « J’ai ouvert mon atelier à 21 ans, j’en ai 30, c’est une affaire qui tourne », se réjouit-elle.