Grâce à un procédé ingénieux, la start-up auboise, primée aux CIC Business Awards, ouvre de nouvelles perspectives à l’utilisation du bois.
Architecte de formation et fondateur de la start-up auboise Woodoo, Timothée Boituzet est persuadé d’avoir trouvé la solution pour faire du bois le matériau du 21e siècle. « Chaque période de l’histoire a été marquée par un matériau : le 19ea été l’âge du fer, le 20ecelui du béton et le 21esera celui du bois », affirme celui dont l’entreprise vient de décrocher le grand prix Start Innovation CIC Est Business Awards (voir ci contre). Une évidence d’autant que, contrairement au bois, l’acier et le sable sont des ressources limitées devenant plus rares donc plus chères. Ainsi, le sable, matériau essentiel au béton, a vu son prix multiplié par six depuis 1995. « La consommation de sable de la Chine entre 2011 et 2013 est équivalente à celle des Etats-Unis pendant toute la durée du 20e siècle », précise-t-il. Seul problème, le bois tel qu’il est utilisé aujourd’hui n’a pas toutes les qualités requises. « Le bois est un matériau formidable mais il a quelques défauts : il brûle, il pourrit, il n’est pas très rigide et il est opaque », poursuit Timothée Boituzet. Il n’a pas hésité à se lancer dans des études poussées en biologie, du côté de Harvard et du MIT pour trouver la solution. En fondant sa start-up en 2017, il a développé un procédé de chimie verte très novateur. « Woodoo a déposé plus d’une vingtaine de brevets autour d’un principe : celui d’extraire la lignine, molécule responsable de la périssabilité du bois, pour la remplacer par une résine polymère bio-sourcée lui conférant des caractéristiques exceptionnelles », ajoute-t-il. Effectivement ainsi traité, le bois devient aussi rigide que l’aluminium, imputrescible, davantage résistant au feu et translucide. Woodoo a même réussi le tour de force de thermoformer le bois ou encore de le rendre tactile pour créer des écrans connectés pour les intérieurs automobiles, des mai- sons ou des centres commerciaux par exemple.
EFFECTIFS EN FORTE HAUSSE
La jeune entreprise, implantée à la Technopole de l’Aube, a ouvert cette année deux sites de production à Troyes et à Pont-sur-Seine.
« L’entreprise compte actuellement 26 collaborateurs et nous espérons passer à plus d’une cinquantaine dès l’année prochaine », précise le chef d’entreprise. D’autant que Woodoo développe ses propres produits et en assure elle-même l’industrialisation. Les développements sont loin d’être terminés car ces premières applications ne sont qu’une première étape.
Dans un second temps, la jeune entreprise envisage la production de bois plus épais pouvant être utilisé dans la construction, par exemple pour les planchers, les façades et même les éléments porteurs. Dans les années qui viennent, le « bois augmenté » pourrait être une solution écologique et économique qui s’imposera d’elle-même face aux défis à relever. Une véritable révolution qui s’annonce, et ce n’est pas un hasard si la technologie de Woodoo a obtenu plus d’une trentaine de distinctions depuis 2017. Engagée sur le terrain du développement durable, l’entreprise met aussi un point d’honneur à s’approvisionner en essences locales, par exemple avec le bois de peuplier.
Finaliste du Start Innovation Business Award CIC
Le CIC organise dans toute la France un grand concours de start-up, le Start Innovation Business Awards, dont la finale nationale aura lieu le 15 décembre. Le jury devra départager les grands gagnants des finales régionales, dont celle de l’Est. Plus d’une centaine d’entreprises avaient soumis leur candidature pour cette première édition organisée au niveau régional par le CIC, et huit finalistes ont été retenus pour la finale Est, dont deux aubois, Woodoo et Romy Paris AC&B. Le jury a décerné son grand prix à l’entreprise de Timothée Boituzet, et décerné les deux autres distinctions à DTA Médical et I-Virtual, deux start-up du secteur biomédical.
