Wine & Business Club : Pierre Gattaz, invité taille patron

Pierre Gattaz et Gérard Chemla.

Président du directoire de Radiall, l’ex « patron des patrons » français, Pierre Gattaz, était l’invité de la première réunion 2019 du Wine & Business Club de Reims. Côté champagne, la Maison Barons de Rothschild était à l’honneur. Une soirée placée sous le signe du capitalisme familial, en somme…

C’est bien connu : il faut que tout change pour que rien ne change. En ce début d’année 2019, les cartes vont être rebattues au sein du plus ancien Wine & Business Club de province. Un nouveau bureau est à constituer, à quoi va s’employer Gérard Chemla. Les membres sont d’ailleurs invités à lui adresser leurs propositions – ce qui est parfaitement de circonstance en ces temps de… grands débats.

En attendant, et histoire de mettre les bouchées doubles, le Wine recevait un invité qui en cachait quatre, ni plus ni moins. Car Pierre Gattaz est à la fois chef d’entreprise (président du directoire de Radiall, fondée par son père et son oncle, spécialisée dans la conception et la fabrication de composants électroniques d’interconnexion), syndicaliste patronal (après avoir présidé le Medef de 2013 à 2018, il est actuellement président de BusinessEurope association patronale dans laquelle on peut voir un « Medef européen »…), écrivain (son dernier ouvrage, Y croire est paru aux éditions Nouveaux débats publics) et vigneron (il a acquis, en 2017, le château de Sannes, dans le Lubéron).

« UNE ENTREPRISE N’EST JAMAIS ACQUISE »

Le chef d’entreprise réalisait60M€deCAen1992et 370 M€ en 2018, et distribue à ses 2 600 employés une participation équivalant à 3,5 mois de salaire, dans les bonnes années. Qui ne furent pas toujours bonnes. À la charnière des années 2000, Radiall a perdu deux fois de suite 20 % de chiffre d’affaires. Moralité : « Une entreprise n’est jamais acquise ! ».

Sur l’image de l’entreprise en France, Pierre Gattaz est intarissable. « Les énarques devraient passer par l’entreprise, à leurs débuts ». Suivez son regard. La complexité bureaucratique est l’objet de son livre Y croire. « La simplification de la complexité est un combat herculéen ». Il aimerait ainsi que tout député crée une entreprise et embauche une personne, pour voir !

De son passage au Medef, 30 ans après son père, Yvon Gattaz, président du CNPF de l’époque, de 1981 à 1986 (sous Mitterrand, quand Pierre Gattaz le fut sous Hollande, ce qui fait dire « à chaque François son Gattaz »…), il dit: « Il faut y aller avec les tripes. La France mérite mieux que 9 % de chômeurs ». C’est aujourd’hui à l’échelon européen, à travers BusinessEurope, qu’il veut faire partager une vision enthousiaste et fière de l’Europe.

Il souffle et se ressource quand même dans le Lubéron, sur ce domaine viticole de Sannes que Steve Jobs avait envisagé d’acheter… Et où il compte bien produire les meilleurs vins de la vallée du Rhône et de Provence. Projet de longue haleine. Il a promis de revenir en parler dans dix ans au Wine & Business Club de Reims.

Barons de Rothschild : le champagne puissance 3
Philippe Jamesse, chef sommelier des Crayères ayant récemment quitté le Domaine, Hervé Fort, le directeur général, a investi pour lui succéder un jeune duo composé de Mélina Gendarme et Martin Jean (chaleureusement salués par les convives du soir). En ce mois de mars dont le huitième jour célébrait internationalement les droits des femmes, le soin de procéder à l’interview de « l’invité champagne » revenait donc naturellement à l’élément féminin. Mélina Gendarme s’en est dignement acquittée. Il est vrai que Frédéric Mairesse, directeur général de la Maison, a déjà présenté le champagne Barons de Rothschild à plusieurs reprises au Wine. Il n’a donc pas manqué de rappeler que l’activité champagne est la seule dans laquelle sont associées les trois branches de la famille, chacune à proportion d’un tiers, depuis une quinzaine d’années déjà. Une association qui permet à la marque de bénéficier de la puissance (puissance 3, bien sûr) des réseaux de chaque actionnaire, et d’exporter ainsi 80 % de sa production dans 80 pays.
« La famille a investi directement dans les grands crus pour faire de grandes choses », explique Frédéric Mairesse. Des grands crus qui représentent 80 % de l’approvisionnement. Les vins sont élevés de 4 à 6 ans pour les cuvées traditionnelles, de 8 à 10 ans pour les millésimes. Dosage entre 4 et 6 g/l pour favoriser l’expression du terroir. Vins gardés sur lattes pendant 6 à 8 mois après dégorgement, et 1 an pour les millésimes.
Les commensaux du Wine ont pu apprécier les cuvées extra-brut, blanc de blancs et brut 2010. Dans les caves de la Maison murissent par ailleurs quelques petits bijoux, futures cuvées de prestige. Frédéric Mairesse : « Nous sommes sur des projets à long terme, ce qui permet de travailler sereinement. Et nous avons déjà une belle visibilité sur les 6 ou 7 ans à venir ». Patience et longueur de temps, disait le poète de Château-Thierry…

Frédéric Mairesse (à gauche sur la photo), directeur général du champagne Barons de Rothschild, et Guillaume Lété, chef de cave.