4,5 millions d’euros d’investissements sont programmés cette année pour relancer la machine de l’entreprise ardennaise, reprise par le groupe Walor en décembre 2018.
Les dirigeants du groupe Walor ont perçu l’urgence de la situation en décidant d’investir 4,5 millions d’euros en 2019 dans l’outil de production de Walor Bogny (ex-Ateliers des Janves), tenant là les promesses formulées devant le Tribunal de commerce de Paris, le 22 novembre 2018, lors de l’offre de rachat de cette entreprise ardennaise longtemps qualifiée « d’emblématique ». De quoi assurer le regain d’une entreprise qui emploie 214 salariés, plus un volant de 60 à 70 intérimaires, pour un chiffre d’affaires de 57 millions d’euros… mais qui n’avait plus connu le moindre investissement depuis 2015, année de ses 90 ans.
Afin de permettre au leader européen de la fabrication de bielles d’être en état de livrer correctement ses clients du secteur automobile (PSA, Renault, Fiat, Bentley…) et poids lourd ( Volvo, AVTO Diesel..) mais aussi via des usineurs les fabricants de matériels agricoles et manufacturiers, John Deere et Caterpilar, le groupe nantais va donc donner un sérieux coup de fraîcheur à l’unité de la Vallée de la Meuse qui pour la première fois depuis 1925 n’est plus dirigée par un membre de la famille Sergeant(*).
« Nous sommes dans un contexte industriel fortement dégradé car l’outil de production est effectivement très endommagé. L’organisation et les méthodes de travail ne sont pas au standard réclamé par le secteur automobile. Le challenge est donc de redresser ce site et de le remettre en bon état de marche pour satisfaire l’ensemble de nos clients. On enregistre tout de même des signaux positifs depuis quelques semaines sur la qualité et les volumes. Mais cela reste extrêmement fragile. C’est pourquoi, il faudra bien deux ans pour relancer une usine qui est passée par une phase critique au moment de son redressement judiciaire. Des basiques n’étaient plus là. Mais le personnel est qualifié et motivé. Il faut maintenant remettre du collectif au sein de l’entreprise pour réussir le challenge ». C’est le tableau dressé par Patrick Beuscart quelques temps après sa prise de fonction comme directeur de l’usine, le 10 décembre 2018 (lire encadré).
UN INVESTISSEMENT DIVISÉ EN TROIS PHASES
La première phase des grandes manœuvres, déjà entamée, a consisté à remettre en état pour une somme de 500 000 euros trois des quatre pilons impactés par l’incendie d’août 2018 qui avait laissé ces outils totalement inactifs durant six mois. Cette opération a été accompagnée d’une consolidation du sol, confronté à des problèmes d’affaissement.
La deuxième tranche consistera à fiabiliser et augmenter la capacité des lignes de production destinées aux deux principaux donneurs d’ordre de la société : PSA et Renault. 2,5 millions d’euros seront consacrés à cet aspect. Par la suite, un million d’euros sera encore injecté dans le renouvellement d’un quatrième pilon.
Enfin, au cours du second semestre, une enveloppe de 650 000 euros sera utilisée à un chantier de modernisation de différents équipements (contrôle par magnétoscopie et thermographie) du secteur parachèvement.
(*) Créés par Georges Sergeant et son épouse le 17 octobre 1925, les Ateliers des Janves, le nom d’origine, ont ensuite été dirigés par son fils Pierre puis son petit-fils Patrick.
Un dirigeant spécialiste de l’industrie automobile
Originaire de Saint-Etienne, Patrick Beuscart, 55 ans, est le nouveau directeur des ex- Ateliers des Janves à Bogny-sur-Meuse depuis la fin 2018. Ingénieur généraliste et doté d’un Master Administration des entreprises, il a une solide expérience professionnelle derrière lui. Après avoir débuté dans l’aéronautique spatiale à la SNECMA à Corbeil-Essonne et Vernon comme technicien et agent de maîtrise, Patrick Beuscart a ensuite travaillé, de façon quasi ininterrompue, de 2001 à aujourd’hui dans le secteur automobile. Avec différentes missions : superviseur puis chef d’atelier à l’usine Renault de Cléon, directeur de production et maintenance chez l’équipementier américain TRW à Orléans, responsable de l’usine de nuit du groupe japonais NTN au Mans, directeur du site de Poitiers chez l’Américain Itron, directeur qualité d’une ligne de production de l’usine Valéo à Limoges et enfin directeur de site à LS Industries à La Souterraine.
AMI recrute et investit à Vouziers.
Le deuxième site ardennais du groupe Walor va investir 500 000 euros pour moderniser son parc machines.
Appelée à disparaître en septembre 2007 suite à la liquidation de la SAS APM (Automotive Parts Manufacturing) et sauvée de la disparition en devenant trois mois plus tard une filiale des Ateliers des Janves depuis novembre 2007, Ardennes Machining Industries touché de plein fouet par le redressement judiciaire de l’entreprise de Bogny-sur-Meuse en fin d’année 2018, est passé par une belle porte en intégrant le groupe nantais Walor. Rassurée sur sa pérennité, la plus importante unité industrielle de Vouziers (95 salariés, 19 millions d’euros de chiffre d’affaires) poursuit dorénavant son activité sous le patronyme de Walor Vouziers. Elle a démarré 2019 sous les meilleurs auspices avec trois informations positives. D’abord, la nomination le 1er février d’un directeur de site, Hervé Didier, promu en interne. Ensuite, l’embauche en cours ou à finaliser de huit nouvelles personnes à travers le recrutement de trois techniciens, d’un responsable qualité-sécurité-environnement et d’agents de production. Enfin, l’annonce d’un investissement de 500 000 euros dans des travaux de maintenance et d’amélioration du parc-machines. Axée sur l’usinage de pièces mécaniques forgées ou de fonderies à destination des constructeurs automobiles et de poids lourds, AMI écoule 7 000 pièces par jour dont 2 500 collecteurs d’échappement et 2 000 bielles de poids lourds. Cette PME travaille comme sous- traitant de rang 1 pour PSA (automobile) et Volvo (poids lourd) mais aussi pour d’autres donneurs d’ordre (Iveco, BMW…) via les Forges de Courcelles, les Ateliers des Janves et Fonderie de Bretagne. Son carnet de commandes est rempli jusqu’en 2021.