Cyril Chiotasso. Il a créé Dron’Aero qui propose un système de pulvérisation aéroporté à destination des viticulteurs pour les aider à traiter leur vignoble.
Ce petit-fils d’agriculteur se définit comme un trait d’union entre l’industrie aéronautique et le monde agricole. À l’aube de la quarantaine, cet ingénieur laisse, derrière lui, deux décennies consacrées à l’aviation et un poste à responsabilité chez Airbus pour développer un système de pulvérisation aéroporté dédié à la viticulture. C’est l’un de ses cousins vigneron, cultivant en biodynamie, qui lui souffle l’idée. « Il devait traiter des hectares de vignes pour ne pas gâcher sa production, mais il rencontrait deux problèmes : son tracteur abîmait les sols et ses ouvriers n’effectuaient pas de tâches à valeur ajoutée pendant cette période. Il souhaitait donc un système volant qui permette de brumiser des traitements efficacement, sans exposer les travailleurs », explique l’entrepreneur toulousain. Ces propos ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Ni une, ni deux, cet habitué des schémas se penche sur un système qui fait mouche. « Pour moi, cela faisait sens et lui y voyait un grand potentiel. ». C’est ainsi qu’il plonge dans un nouvel écosystème et crée, en janvier 2019, Dron’Aero. Il dépose un brevet cinq mois plus tard.
« L’enjeu est de proposer une technologie robuste, précise, fiable et accessible à un monde paysan, pointé du doigts, qui rencontre des difficultés. Je souhaite apporter des solutions techniques aéronautiques qui ont beaucoup évolué, contrairement aux systèmes traditionnels déjà utilisés par les viticulteurs. Ce drone va ainsi permettre d’alléger leur charge de travail et de pulvériser avec précision des quantités moins importantes, tout en apportant une protection optimale », détaille le créateur qui garde en ligne de mire le respect du sol, de la nature et du voisinage.
Investissant une coquette somme de sa poche et soutenu par six contributeurs, il déploie, l’été dernier, un prototype pour effectuer des démonstrations partielles avant d’entamer bientôt la phase de design. « L’objectif est de développer un engin qui vole à basse altitude de manière sécurisée et au plus près du végétal. Le système de navigation permet aux viticulteurs d’affiner des qualibrages dont la position de la machine, la direction du jet, la quantité appliquée, la taille des gouttes, contrairement aux systèmes existants qui manquent clairement de précision », lance celui qui passe actuellement un brevet de pilote de drone. L’an prochain, il entend commercialiser 200 produits dans le sud- ouest de la France, avant de s’étendre à la chaîne des Alpes. « La France compte 800 000 hectares de vignes soit 1/10e des parcelles mondiales. » Et depuis 2019, un décret d’application autorise la pulvérisation par drone sur les vignobles en pente de 30%, la cible du quadragénaire. En parallèle, il développe aussi un service qui vise à épauler les viticulteurs.
Actuellement, incubé chez Nubbo, l’entrepreneur profite aussi de l’écosystème de l’InnoveSpace de l’Isae-Supaéro et d’Agri Sud-Ouest Innovation afin de mettre toutes ces chances de son côté et de recruter des profils d’ingénieur technique, d’ingénieur agro-agri et commercial d’ici juin.