Versus : le football partout, le football tout le temps

Lancée à Toulouse, l’application devrait s’étendre à la cité phocéenne l’an prochain.

L’application a permis l’organisation de plus de 600 matchs en un an sur l’agglomération toulousaine.

Depuis quelques mois, les terrains en libre accès sur l’agglomération toulousaine accueillent de plus en plus de matchs, en apparence très organisés. Pourtant, ce n’est pas une compétition officielle qui se tient mais bien des rencontres programmées, souvent à la volée, grâce à une application : Versus Football, créée par Hugo Fernandes et Romain Boberiether. Les deux Toulousains ont conçu une plateforme d’organisation de matchs urbains et de rencontres entre joueurs. Le principe est assez simple, chaque utilisateur peut décider de créer un match sur le terrain de son choix, qu’il peut trouver grâce à un moteur de recherche disponible dans l’application. Il définit une heure et un format (sept contre sept ou huit contre huit) et d’autres joueurs peuvent ensuite décider, en deux clics, de s’inscrire à la rencontre. Une façon, selon Hugo Fernandes, de pratiquer le football « en cassant les barrières qu’il peut exister à l’entrée des clubs. Certains joueurs en ont marre de l’élitisme ».

Pour s’organiser au mieux, chaque joueur peut personnaliser son profil et indiquer de manière précise son style de jeu. Attaquant, défenseur, technique, rapide ou collectif, ces informations « ont donné lieu à quelque chose que l’on n’avait pas anticipé, explique Hugo Fernandes. Avant chaque match, l’organisateur se sert très souvent de ces informations pour constituer les équipes ». Les rencontres, amicales pour l’instant, ne sont pour autant pas dénuées d’enjeu puisqu’à l’issue du match, chaque joueur pourra noter ses coéquipiers et adversaires. « Une façon de faire jouer un peu d’ego bien placé », explique le fondateur. Pas question pour autant d’exclure des joueurs mal notés. « Ce n’est pas du tout la vision du produit. Nous, c’est du fun pur : nous avons de très bons joueurs et des joueurs du dimanche ».

Lancée en mai 2019, l’application commence à rencontrer un véritable succès auprès des joueurs. Depuis l’an dernier, ce sont 600 matchs qui ont été joués sur les terrains de Gironis, Struxiano ou Borderouge, réunissant, au total, 4 000 joueurs. En moyenne, une dizaine de matchs sont organisés chaque semaine. Un succès que les fondateurs commencent à sentir, surtout « lorsque l’on entend certains joueurs ne plus dire “on va jouer au football”, mais “on va faire un versus”, explique Hugo Fernandes. Ça, c’est une petite fierté pour nous. »

« CRÉER UNE LIGUE PARALLÈLE AU FOOTBALL DE CLUB »

Même si l’application semble bien fonctionner dans l’agglomération toulousaine, les deux fondateurs posent encore les bases de leur modèle économique. À terme, en plus de quelques publicités, ils proposeront leur championnat, la « Versus League ». Moyennant un droit d’entrée, les équipes pourront s’inscrire et jouer jusqu’à deux matchs par semaine pendant deux mois. « On a lancé une version bêta, après le confinement, détaillent les créateurs de l’application, et on a vendu 170 billets en trois jours. Pour cette première édition, on a fixé le prix d’entrée à 50 € par équipe, c’est un très faible montant ». De fait, le modèle économique de l’application devrait leur permettre de pratiquer des tarifs très agressifs. « Dans une salle de football à cinq, il faut payer les installations l’entretien, les salariés. Ce sont beaucoup de frais, commente Hugo Fernandes. De notre côté, les terrains, on ne les achète pas, on ne les loue pas ».

À terme, la ligue regroupera plusieurs divisions, les fondateurs ambitionnant la création d’une « ligue parallèle au football de club », plus flexible et ouverte à tous. Avec ce championnat, ils espèrent commencer à générer un chiffre d’affaires de 300 K€ d’ici la fin 2021, « un montant qui peut paraître faible, mais il ne faut pas oublier que nous n’avons quasiment pas de charges », commente Hugo Fernandes. « Notre idée est d’arriver à proposer des tarifs inférieurs à ceux des centres de football à cinq pour nos prestations payantes ».

Pour l’instant, seul Toulouse est couvert par l’application mais une expansion du côté de Marseille est prévue l’année prochaine. « Marseille, c’est la ville du foot, si on arrive à s’implanter là-bas, alors nous pourrons dupliquer notre modèle dans toutes les autres villes de France », explique le fondateur. Un développement qui a déjà commencé avec le recensement de l’ensemble des terrains praticables de la cité phocéenne. « Avec tous les outils en ligne, ce n’est pas la partie la plus difficile ou la plus longue, reconnaît Hugo Fernandes. Le plus dur sera, au moment du lancement, d’arriver à se faire connaître des premiers utilisateurs ».