Vers un retour progressif à la normale

La Banque de France a fait un nouveau point sur l’activité économique régionale. Dans certains secteurs, « on voit un petit peu le bout du tunnel », selon le directeur régional Stéphane Latouche.

A lors que la question se pose à nouveau de l’utilité de décréter un troisième confinement compte tenu de l’évolution de la pandémie, la Banque de France vient de livrer une analyse des effets du deuxième confinement, commencé le 29 octobre pour tout le mois de novembre.

Selon l’institution, ce deuxième confinement a eu « un impact économique très nettement moins fort qu’au printemps. » « Entre trois et quatre fois moins important », précise Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France qui présentait le 15 décembre une nouvelle enquête de conjoncture réalisée par ses services. À l’échelle nationale, la perte de production est de l’ordre de 11 % par rapport à la normale contre -31 % au mois d’avril.

Pour autant, ce deuxième confinement « a renforcé l’écart de performance entre les secteurs d’activité, note le directeur régional, avec d’un côté, au pire, ceux qui sont fermés administrativement, et à l’autre bout, je pense notamment à une grande partie de l’industrie et de la construction, des secteurs qui ont presque une activité normale. » Ces deux secteurs enregistrent même, à l’échelle nationale, une très légère progression d’activité. 91 % des patrons d’industrie disent avoir retrouvé une activité normale, soit un point de plus qu’en octobre. Parmi les secteurs les moins impactés figurent l’agro-alimentaire, les produits informatiques, électroniques et grand public, les équipements électriques, la pharmacie, la chimie, « tout ce qui est proche de la consommation des ménages » avec des niveaux d’activité de près de 95 %, résume Stéphane Latouche. Seul le secteur des transports connaît un très faible recul d’activité.

SORTIE DU TUNNEL

Les commandes adressées à l’industrie sont par ailleurs bien orientées. « Le solde d’opinions que les chefs d’entreprise portent sur leur carnet de commandes a beaucoup progressé, observe le directeur régional. Il est aujourd’hui très légèrement négatif, à -7 alors qu’il était à -46 en avril. » Autre bonne nouvelle, à l’échelon national, les effectifs dans l’industrie sont stables. « Des discussions que nous avons avec les chefs d’entreprise, émergent à nouveau des difficultés pour recruter des ouvriers, des techniciens dans certains métiers », pointe Stéphane Latouche.

Dernier point positif de cette enquête de conjoncture nationale : la trésorerie des entreprises industrielles continue de s’améliorer.

L’embellie qui touche, sur le plan national, l’industrie dans son ensemble, paraît beaucoup plus contrastée s’agissant cette fois des services marchands. Les services aux entreprises ont retrouvé « des niveaux d’activité convenables », sauf exception dans les secteurs de la publicité et le travail temporaire. «En revanche, les activités de service à la personne sont fortement affectées, pointe également Stéphane Latouche, soit par l’effet des fermetures administratives – c’est le cas des cafés, hôtels, restaurants (CHR), soit du fait d’arbitrages de consommation, je pense notamment à la réparation automobile. » Au global, en novembre, 78 % des chefs d’entreprise du secteur des services marchands indiquaient avoir retrouvé un niveau d’activité normal, contre 87 % en octobre.

Dernier secteur analysé par la Banque de France, la construction connaît une activité soutenue et stable puisque 97 % des dirigeants du secteur jugeaient leur activité normale, contre 96 % en octobre. Seule ombre dans ce tableau : « les chefs d’entreprise du secteur nous indiquent que les commandes rentrent doucement… »

Les mêmes tendances devraient être observées en décembre, note encore Stéphane Latouche pour qui : « nous avons appris à fonctionner cahin-caha avec les contraintes sanitaires. »

L’OCCITANIE DANS LA NORME OU PRESQUE

S’agissant de la conjoncture occitane, « elle est en phase avec la tendance nationale, assure Stéphane Latouche. L’industrie et la construction enregistrent ainsi de petites progressions d’activité bien orientées. L’Occitanie est certes marquée par « le poids de l’industrie aéronautique, mais je crois que l’on voit un petit peu le bout du tunnel sur ce sujet-là. En revanche, s’agissant des services marchands, on observe des écarts de performance avec le national. »

« On note en effet en novembre une progression de l’activité dans l’industrie, confirme Pascal Robert, chargé de mission à l’économie à la Banque de France. Les secteurs qui ont le vent en poupe sont les mêmes qu’à l’échelon national, notamment l’agroalimentaire. Un secteur reste un peu en retrait, dans le champ des matériels de transports, c’est naturellement l’aéronautique. C’est ce qui tire nos indicateurs vers le bas. On a quand même quelques lueurs d’espoir. Pour le moment, les avionneurs n’ont pas initié de nouvelles commandes, cependant cela ne saurait tarder, car selon ce que nous disent les entreprises, il y a eu un déstockage important des stocks de précaution constitués avant crise, notamment en prévision du Brexit. Or nous sommes revenus à des niveaux normaux en termes de stocks, ce qui va nécessiter une reconstitution des stocks vraisemblablement début 2021 pour satisfaire une augmentation de la demande et des commandes si on voit le terme de la crise sanitaire. »

En Occitanie, l’activité des services marchands épouse celle constatée à l’échelle nationale, à l’exception de « deux secteurs qui paient un lourd tribut aux difficultés de l’aéronautique, à savoir l’informatique et l’ingénierie, toujours en retrait en termes d’activité. » Le chargé de mission note un autre point d’attention, à savoir les baisses de prix constatées dans l’industrie comme dans les services marchands. « C’est un indicateur qu’il faudra surveiller dans les prochaines semaines, car il ne faudrait pas que cela ait un impact sur le niveau de l’inflation », pointe-t-il.

En Occitanie, le secteur de la construction a retrouvé, selon la Banque de France, des niveaux d’activité comparables à ceux d’avant crise. « Mais l’horizon pourrait s’obscurcir à la fin 2021. »

Selon Pascal Robert, les prévisions de baisses de chiffre d’affaires pour l’année 2020 annoncées en juin devraient se confirmer, avec « des reculs de 10 à 20 % selon les secteurs, voir plus pour l’aéronautique. »