Franck BertrandValeurs comtoises

Installé près de Dole, Franck Bertrand fait ses premiers pas comme directeur général du Crédit Agricole de Franche-Comté (région qui a vu naître le groupe). Une prise de fonction qui fait sens avec le caractère franc et authentique de cet amoureux de la nature, ingénieur agronome de formation.

Âgé de 58 ans, ce père de deux enfants a pris ses nouvelles fonctions de directeur général de la caisse régionale du Crédit Agricole Franche-Comté le 1er juillet. Il succède à Elisabeth Eychenne, directrice générale de la banque coopérative depuis dix ans.

Né sur le plateau de Maiche, dans le Haut-Doubs, dans un décor montagneux recouvert de forêts d’épicéas et de paturages vallonés, l’animal trapu et puissants a très bon caractère. Cette description ne concerne bien évidement pas Franck Bertrand, nouveau directeur général du Crédit Agricole Franche-Comté, mais le cheval comtois. Si je place cet équidé en accroche de ce portrait c’est, qu’à plus d’un titre, il est une allégorie de ce qui anime Franck Bertrand, tout en venant affirmer que l’arrivée en Franche-Comté de ce natif de la région parisienne n’a rien d’un parachutage, mais traduit bien un vrai choix autant professionnel que personnel. Avant d’en dévoiler plus sur ce lien totémique, prenons le temps de retracer le parcours de notre portraituré de la semaine. Sa première rencontre avec le monde de la banque se fait alors qu’il vient d’obtenir un diplôme d’ingénieur agronome au sortir de l’UniLASalle de Beauvais, un pôle d’enseignement supérieur de référence nationale et internationale dans les Sciences de la Terre, du Vivant et de l’Environnement. « Sur ce cursus, outre l’acquisition d’un évident et légitime socle de compétences scientifiques, nous devions développer une certaine maîtrise des stratégies marketing et commerciales. C’est pour renforcer cette dimension économique de mon parcours que j’ai choisi d’entrer à la Banque régionale d’escompte et de dépôts (BRED), au sein du groupe Banque Populaire Caisse d’Épargne », témoigne Franck Bertrand. De ce qui devait être une simple confrontation aux réalités de la finance, le jeune homme se découvre une forte appétence pour le métier. Il décide donc de quitter le blé des champs, pour celui des coffres. Sorti diplômé de l’Institut des techniques de banque (ITB), il décide de rejoindre en 1988 le Crédit Lyonnais, aujourd’hui LCL. Il y restera 20 ans. D’un premier poste de management
en région parisienne, en passant par la prise de responsabilité du développement commercial à la direction d’exploitation du Sud-Ouest à Bordeaux ou encore celle de la direction régionale des particuliers et professionnels de l’est de la Bourgogne, de 1999 à 2002, avant de devenir le responsable de la direction d’exploitation de l’Est, Franck Bertrand commence à bien connaître le groupe lyonnais sur le territoire français. C’est pourquoi, pour ce qui sera sa dernière mission, il décide de rejoindre l’inspection générale avec l’idée de partir à l’international. « C’est à ce moment que le Crédit lyonnais connaît les problèmes que l’on sait. Ces années noires se traduisent par un repli du groupe sur la France et la vente des filiales à l’international ». Dans le même temps Le Crédit Agricole rachète LCL. Ses envies d’ailleurs brisées, Franck Bertrand s’imagine alors en directeur d’une caisse régionale. Son aventure au sein du Crédit Agricole peut alors commencer, ainsi qu’un nouveau tour de France.

DES CHOIX QUI FONT SENS

De 2008 à 2014, il prend les fonctions de directeur général adjoint du Crédit Agricole de Loire-Haute-Loire, à Saint-Étienne. Il intègre ensuite la caisse d’Aquitaine en tant que directeur général adjoint de 2014 à 2018 puis est nommé directeur général du Crédit Agricole Finistère en 2018. « Ces choix de caisses sont importants pour moi, ils sont le reflet de mes valeurs, celles de l’humilité, de la simplicité et de l’authenticité, ainsi que de mes goûts pour le sport, la nature et les grands espaces ». Si en 2020, après la mer, c’est la montagne qui le gagne, la destination franc-comtoise agit chez notre banquier comme une madeleine de Proust. « C’est un retour aux origines, cette région je la connais depuis l’enfance. J’ai de la famille dans le Jura, à Clairvaux-les-lacs et Chalain. Outre le fait d’y avoir passé toutes mes vacances de jeunesse, c’est aussi dans ce département que j’ai réalisé mon premier stage d’étude en agronomie, dans une exploitation située à Hautecour. Je me reconnais dans l’identité forte de ce territoire rude qui donne à ses habitants leur formidable capacité à se réinventer. Ce sont des gens fidèles et généreux, simples, pleins de bon sens, tenaces dans leurs affections comme dans leurs entreprises… Autant de vertus que je partage », appuie Franck Bertrand, tout en confiant une anecdocte un brin cocasse, qui à la mérite de faire boucle avec les premières lignes de cet article. « Je possède plusieurs animaux dont un âne et des chevaux de selle. Depuis longtemps, je rêvais d’acquérir un comtois. Sur le départ de Saint-Étienne, l’opportunité m’a été donnée de sauver de l’abattoir une comtoise âgée de huit mois. Je connaissais bien Élisabeth Eychenne pour avoir travaillé avec elle dans une autre vie, ainsi quand elle m’a parlé de son prochain départ à la retraite, j’y ai vu une double opportunité celle d’un retour aux sources pour moi et ma jument, s’amuse, le sourire aux lèvres, Franck Bertrand. Je ne serais dire à quel point ce nouveau poste coche pour moi toutes les cases aussi bien professionnelles que personnelles. Ma femme institutrice ne parvenait pas à être mutée dans un Finistère saturé, à l’inverse, l’académie du Doubs déficitaire l’a accueillie à bras ouverts.

Enfin, il y a trois ans, je me suis mis au vélo… Or, s’il existe une terre du deux-roues, c’est bien ici ». Côté professionnel, dans le contexte post-crise, Franck Bertrand mesure toute la responsabilité d’être le directeur général d’une banque mutualiste. « Je n’arrive pas avec des solutions toutes faites. Cette crise va permettre de mesurer l’importance d’avoir des banques solides, physiquement présentes, jouant pleinement leur rôle d’acteur et de soutien majeur du financement de l’économie du territoire. Il est important pour moi de comprendre le territoire, d’aller sur le terrain à la rencontre des chefs d’entreprise, de découvrir les femmes et les hommes qui les composent. Cela devrait m’éclairer sur leur capacité à rebondir. Des enseignements seront à tirer dans les huit à dix mois à venir. Côté banque, nous devons préserver notre maillage territorial qui est un atout différenciant, tout en prenant conscience que le monde a changé, notamment dans notre rapport au client. Hier, celui-ci appartenait à son agence, aujourd’hui, il appartient à la caisse régionale dans son ensemble. Nous devons accepter qu’il puisse évoluer partout dans la caisse : en agence, au siège ou depuis son canapé via les services en ligne. Nous sommes arrivés au milieu du gué, il faut continuer dans ce sens et même accélérer ! ».

Parcours

1961 Naissance, le 11 octobre à Saint- Germain-en-Laye (78).
1988 Ingénieur agronome et diplômé de l’Institut des techniques de banque (ITB), il rejoint le Crédit Lyonnais, devenu LCL.
2008-2014 Directeur général adjoint du Crédit Agricole de Loire-Haute-Loire.
2014-2018 Directeur général adjoint de la Caisse d’Aquitaine.
2018 Directeur général du Crédit Agricole Finistère.
2020 Directeur général du Crédit Agricole de Franche-Comté.