Valentin-Thiérion, un groupe en reconquête

En juillet 2019, l’entreprise a emménagé dans son nouveau bâtiment dans la Zone d’activités Pierry-Sud Développement, près d’Epernay.

Riche de 150 ans d’existence, l’entreprise historique de la Champagne, spécialiste de la robotique et de solutions de la chaîne de production vinicole, est depuis quelques années en plein renouveau.

«2018 a été une année particulière pour nous puisque nous avons réalisé 70% de notre chiffre d’affaires à l’export, contre un peu plus de 50% habituellement », souligne François Gassin, directeur général de Valentin-Thiérion Une progression due au développement des vins effervescents dans le monde (Allemagne, Autriche, Angleterre, Etats-Unis, Australie…) et à l’image positive véhiculée par l’entreprise en matière de savoir-faire français, très recherché dans cette spécialité. Bureau d’études et assembleur, l’entreprise sparnacienne fait en effet fabriquer ses pièces dans des usines principalement françaises (bassin d’Epernay, Pays de Loire, Creuse…), fidèle à la philosophie du groupe auquel l’entreprise appartient, Les Manufactures Février. Que de chemin parcouru pour l’entreprise depuis 2010. Après l’avoir reprise sous son appellation Utch, ses nouveaux dirigeants misent sur le retour des marques historiques en Champagne (Valentin, Thiérion, Mainguet, Dekomat, Scomaiss) pour relancer son activité.

« Dans un premier temps nous avons remis Valentin en avant », rappelle François Gassin, directeur de l’entreprise. « Depuis sa création, Valentin a vendu 17 000 machines dont 10 000 à l’export, essentiellement pour les vins effervescents. Par ailleurs, tous les premiers robots vendus en Champagne étaient des Thiérion, qui est aussi une référence en matière de mécanique de précision. C’est une marque importante pour nous : les sites robotisés Thiérion ont représenté 35% de notre chiffre d’affaires en 2018 ».

NOUVEAUX LOCAUX

En associant à nouveaux ces deux noms pour porter les couleurs de l’entreprise sur le devant de la scène commerciale, ses dirigeants misent clairement sur leur image de marque. « Nous voulions conserver ces noms qui parlent à tout le monde dans l’univers du Champagne. Nous avions égale- ment les mêmes fournisseurs et les mêmes clients, ce qui nous a per- mis de faire quelques synergies ».

Neuf ans plus tard, le groupe réalise entre 7 et 8 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie une cinquantaine de personnes, tout en continuant à déployer ses projets stratégiques. Le dernier en date concerne l’emménagement de l’entreprise dans de nouveaux locaux, créées dans la Zone d’activités Pierry-Sud Développement. Un investissement de plus de 4 millions d’euros sur fonds propres qui permet aux équipes de disposer de locaux propices à assurer l’avenir de l’entreprise.

« Nous croyons beaucoup au développement du Service Après-Vente, à la maintenance préventive et à la proximité avec les clients. Notre objectif est de mettre l’accent sur ces activités », explique François Gassin. « Nous avons une centaine de machines différentes et près de 70 000 pièces en référence. Nous allons aussi recevoir de nouvelles machines d’ici à la fin de l’année pour compléter ou remplacer celles qui tournent actuellement ».

FORMATION ET INTERNATIONAL

L’innovation est elle aussi au cœur de la stratégie de Valentin-Thiérion dont le bureau d’études développe de nouveaux produits en lien avec les clients. « Nous avons créé un chargeur de pressoir que nous avons livré chez Claude Giraud (Aÿ) pour la vendange 2018. Actuellement, nous finalisons notre concept de bac de congélation à air pour le dégorgement. Baptisé Freez- Air, il va entrer en phase de test au cours des prochains jours dans une grande Maison de Champagne. Nous cherchons toujours à être innovants. Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur une équipe expérimentée et compétente avec des éléments dont certains ont parfois plus de 30 ans d’ancienneté dans l’entreprise. En parallèle nous attachons une grande importance à la formation et à l’alternance. Nous prenons entre deux et trois alternants par session, nous les challengeons et nous en conservons au moins un dans l’entreprise à l’issue de leur parcours d’alternance », insiste François Gassin.
De quoi donner des ailes à l’international aux équipes de Valentin-Thiérion qui vont promouvoir leur marque et la French Fab aux quatre coins de la planète. « Nous avons créé une entité Valentin Thiérion Corp aux Etats-Unis et nous participons à la création d’une French Wine Industry avec d’autres acteurs français sur place. L’idée étant de promouvoir le savoir-faire français dans notre secteur d’activité. Cela existait déjà dans d’autres secteurs mais pas encore dans le monde de la bulle ».

En attendant, c’est bien à domicile, sur le VITeff, du 15 au 18 octobre, que l’entreprise sparnacienne va exposer sa technicité et tenter de conquérir une nouvelle clientèle.

Un muselet à trois branches bientôt commercialisé

La Maison Mélan Moutet, fondée en 1880, est une entreprise familiale française, spécialisée dans la fabrication de bouchons pour l’emballage alimentaire. La société dont le siège est implanté à Reims, crée et fabrique des produits destinés à différents segments de l’industrie de l’embouteillage alimentaire : bouchons plastiques, de lièges, capsules couronnes, capsules à vis et capsules de surbouchage. « C’est dans l’ADN de la Maison de faire de la recherche pour trouver de nouveaux produits. Nous avons toujours eu dans un coin de la tête de faire des muselets, mais d’autres le faisaient très bien et étaient déjà bien plus implantés que nous », relève Clovis Malherbe, le directeur commerciale de l’entreprise. La Maison saisit alors l’occasion lorsqu’un vigneron de l’Aube, Pierre-Eric Jolly, invente le muselet à trois pattes.

2 MILLIONS D’EUROS D’INVESTISSEMENT

La société rachète le brevet en le modifiant. « Le muselet était vraiment en forme de Y et pour coller au muselet traditionnel du champagne, nous l’avons ramené à quelque chose de plus classique avec un rond en haut, d’où son nom «YO» qui reprend les deux design successifs », explique Clovis Malherbe. Le Y, ancré dans l’innovation et la modernité fait aussi référence à la fameuse « génération Y ». Ce muselet, outre son originalité d’avoir une branche en moins, innove surtout en terme d’impact environnemental. « Aujourd’hui, toutes les entreprises réfléchissent à cela. A notre échelle, on cherche ce que l’on peut faire pour réduire les déchets, et avec le muselet à trois branches, on réduit de 15 à 20 % le poids d’un muselet classique et donc l’utilisation de fil de fer. » Mais passer de quatre à trois branches implique de pouvoir adapter les machines. La maison Mélan Moutet a ainsi développé un outil qui s’adapte sur les machines de production. 2 millions d’euros auront été nécessaires pour développer le produit, en recherche et développement, machines, bâtiments et main d’œuvre, pour une commercialisation prévue à la fin de l’année. Le muselet « Yo » a été sacré coup de cœur des Prix à l’innovation du VITeff 2019.

N.D.

François Gassin, directeur général de Valentin-Thiérion.