Unité franco-allemande pour relever les défis de la présidence allemande de l’Union européenne

La présidence allemande marque le début d’un nouveau « trio de présidences » avec le Portugal et la Slovénie.

À partir du 1er juillet 2020, l’Allemagne assurera pour six mois la présidence du Conseil de l’Union européenne, et ce pour la 13ème fois. La dernière fois qu’elle a présidé le Conseil, c’était au premier semestre 2007. La présidence allemande marque le début d’un nouveau « trio de présidences » avec le Portugal et la Slovénie qui travailleront ensemble un programme de 18 mois basé sur les programmes de six mois des présidences respectives.

À la veille du début de la présidence tournante allemande, le couple franco-allemand affiche un front uni pour relever les défis d’un semestre qui s’annonce décisif pour l’avenir du projet européen. À l’occasion d’une rencontre avec le ministre allemand de l’économie Peter Altmayer, Bruno Lemaire, le ministre français de l’économie, a assuré l’Allemagne « du plein soutien de la France pour faire de cette présidence un énorme succès ».

L’essentiel du débat entre les deux ministres a porté sur leur stratégie pour parvenir à un accord à 27 sur le plan de relance de 750 milliards dès le mois prochain. Ce dernier constitue un point d’étape vers une Europe politiquement plus intégrée. Le renforcement de l’union bancaire et de l’union des marchés de capitaux figure au sommet de l’agenda du couple franco-allemand, tout comme la création d’un impôt minimal international sur le bénéfice des entreprises et d’une taxe numérique.

La montée en puissance des géants du numérique qui échappent à la fiscalité européenne et la prise de conscience sur le Vieux Continent de l’importance de sécuriser les chaînes d’approvisionnement ont propulsé au rang de priorité le thème de la souveraineté européenne. Après l’Europe des batteries et un accord sur le projet de cloud européen GAIA-X, les deux ministres veulent favoriser de nouveaux projets européens industriels communs dans le domaine de la santé mais aussi de l’hydrogène pour accélérer le verdissement de l’économie européenne.

Outre le mécanisme de taxation de CO2 aux frontières et le système de quotas d’émission, la France souhaiterait accompagner le « Green deal » d’Ursula Von der Leyen en étendant au-delà des frontières européennes la fin des garanties à l’export pour des projets de recherche et de production de charbon.

GAIA-X, LE META-CLOUD EUROPEEN

Il n’y a pas qu’en matière d’application mobile que la souveraineté numérique est importante. Sur le terrain du cloud aussi, la France et l’Allemagne veulent combiner leurs forces pour venir concurrencer l’hégémonie des solutions américaines et chinoises et les géants américains du secteur que sont Amazon, Microsoft ou Google et le géant chinois Alibaba.

La réponse aux Gafam se nomme Gaia-X, du nom de la déesse grecque de la terre, et est officiellement née début juin. Elle sera lancée début 2021. Le but n’est pas exactement de créer une entreprise superpuissante capable d’offrir les mêmes services que les géants américains et chinois, mais plutôt une « infrastructure européenne des données ». Concrètement, le projet prendra la forme d’une entité de gouvernance qui édictera de grands principes de sécurité, d’interopérabilité et de portabilité des données. Ensuite, plusieurs entreprises pourront proposer leur offre de service compatible avec Gaia-X.

Il ne s’agira pas d’une infrastructure physique, mais une solution de méta-cloud décentralisé portée par 22 entreprises allemandes et françaises fondatrices. Parmi les membres fondateurs, on trouve de grands noms hexagonaux comme Orange, OVH, Atos, Dassault Systèmes, ou encore EDF. Du côté allemand, Deutsche Telekom, Siemens ou Bosch viendront compléter l’offre. Libre ensuite aux entreprises de trouver l’offre qui leur convient le mieux.

L’objectif avec Gaia-X est d’imposer des règles et des standards à cette solution de cloud européen, tout en établissant différents critères de transparence vis-à-vis de l’utilisation des données, et ainsi d’accroître l’adoption de cette solution par les entreprises européennes. « La crise du coronavirus a révélé que nos données peuvent nous permettre de surmonter des épidémies plus rapidement et plus facilement, à condition que les Européens aient confiance dans la collecte et le stockage de leurs données. Gaia-X répond à cette demande en offrant une solution sûre » a ainsi précisé Bruno Le Maire, ministre de l’économie.

Dans les faits, Gaia-X se présentera sous la forme d’un moteur de recherche, actuellement en phase de bêta. Celui-ci permettra aux entreprises de chercher une offre de stockage sur le sol européen. Le projet vise justement à faire en sorte que ce moteur de recherche n’affiche que des résultats répondant aux normes de sécurité, d’intégrité de protection des données préalablement définies.

Le projet surfe sur l’ambition décrite en février dernier de créer un « espace européen des données » qui servirait de « carburant de l’intelligence artificielle ». L’exemple de la voiture autonome qui requiert de larges quantités de données a été notamment cité par Bruno Le Maire qui imagine que l’interopérabilité offerte par Gaia-X permettra de créer des voitures « plus sûres et plus fiables ».

La tentative de reconquête de la souveraineté numérique de l’Europe pour protéger les précieuses données des entreprises du territoire peut être jugée tardive sur un marché largement dominé par les solutions américaines et chinoises. Amazon concentre en effet à lui seul près de 40% de parts de marché du cloud dans le monde. Si les garanties proposées par Gaia-X vont certainement attirer quelques entreprises, la plupart se sont déjà tournés vers les solutions américaines telles que BpiFrance, la banque publique d’investissement, qui a choisi Amazon Web Services afin de créer la plateforme de prêt garanti par l’État… Français.

SOUTIEN AUX PROJETS D’INNOVATION

À destination uniquement des PME, l’appel à proposition « Apprentissage mutuel et outils et ressources communs pour les programmes nationaux/régionaux de soutien aux projets d’innovation des start-ups et des PME – 2020 » publié le 9 juin 2020 a pour but d’accorder des subventions pour des projets de recherche et d’innovation visant à établir une économie fondée sur la connaissance et l’innovation.

Les fonds alloués sont destinés à créer un environnement de renforcement, de soutien et de coopération dans toute l’Union européenne afin de permettre aux agences nationales et régionales de fournir des services de haut niveau et de soutenir les start-ups et les PME de qualité pour les projets d’innovation. Les objectifs sont multiples : renforcer la coopération des agences d’innovation dans leur écosystème européen, soutenir la création et le fonctionnement des programmes de soutien et se concentrer sur l’apprentissage mutuel transnational et le développement d’outils et de ressources communs.

Seront prioritairement financés les outils et ressources communs pour soutenir les jeunes entreprises et les PME hautement innovantes ayant une ambition commerciale claire et un potentiel élevé de croissance et d’internationalisation, les études de faisabilité et les pools internationaux d’évaluateurs de projets.

Les priorités sont les échanges d’informations et de meilleures pratiques, l’internationalisation des panels d’évaluation et l’établissement d’un ensemble minimal de critères d’évaluation communs. L’échange d’information de meilleures pratiques en matière de services d’encadrement et de sélection des accompagnateurs ainsi que la création éventuelle de groupe d’accompagnateurs figurent également parmi les objectifs prioritaires de l’appel à proposition.

Le montant de la subvention peut-être au maximum de 500 000 € et les PME qui souhaitent répondre à cet appel avant le 22 septembre 2020, date de clôture, doivent être établi dans les États membres de l’Union européenne, les pays et territoires d’outre-mer liés aux États membres et les pays associés à l’initiative Horizon 2020.