Une Zone à Faibles Émissions mise en place d’ici 2022

Jean-François Husson, Président d’ATMO, Arnaud Robinet, maire de Reims, ainsi que Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims, ont présenté le dispositif de la Zone à Faibles Émissions.

La Ville de Reims, en concertation avec le Grand Reims, lance une consultation citoyenne du 15 février au 17 mars, sur l’instauration d’une Zone à Faibles Émissions (ZFE). L’objectif est d’améliorer la qualité de l’air et par extension la qualité de vie des Rémois.

Pédagogique. C’est le sens de la démarche initiée par le maire Arnaud Robinet concernant la mise en place, d’ici janvier 2022, d’une Zone à Faibles Émissions (ZFE) comprenant l’hyper-centre de Reims mais aussi la traversée urbaine1. Cette démarche a été réalisée en collaboration avec l’association ATMO Grand Est, agréée par le ministère de la Transition écologique, dont la mission principale est la surveillance réglementaire de la qualité de l’air dans la région Grand Est, grâce à des dispositifs de mesures et des outils de modélisation. « Nous sommes au service des collectivités locales et des acteurs économiques, car nous bénéficions de trois sources de financements : l’État, les industriels à travers la TGAP (la taxe générale sur les activités polluantes) ainsi que les collectivités territoriales», indique Jean-François Husson, sénateur de la Meurthe-et-Moselle et président d’ATMO Grand Est.

« Le volet sanitaire et par extension, environnemental, est un enjeu majeur sur les dépassements des normes d’émissions des particules fines, mais pas seulement, des dioxydes de souffre aussi. Ce n’est pas un sujet de sensibilité politique mais une cause publique », insiste Jean-François Husson.

47% DES NO2 PROVIENNENT DU TRAFIC ROUTIER

En effet, on estime qu’en France, chaque année, 48 000 personnes décèdent prématurément à cause de la pollution. Selon l’Observatoire Climat-Air-Energie, 47% des NO2 (dioxyde d’azote, responsable de la pollution de l’air) proviennent du trafic routier, 37% du secteur industriel et 7% des émissions de chauffage. Sur le Grand Reims, on enregistre des dépassements chroniques des seuils réglementaires de dioxyde d’azote (NO2) autour des infrastructures routières et notamment des artères structurantes de l’agglomération rémoise (autoroute A4, départementale, avenue de Champagne (D951), traversée urbaine de Reims (A 344), route de Witry-lès-Reims (D151)).

À Reims, bien que les concentrations en dioxyde d’azote soient à la baisse depuis 2010, les teneurs demeurent encore trop élevées par rapport à la valeur réglementaire (40 μg/m3), notamment à proximité des grands axes routiers, du fait de la circulation automobile sur la traversée urbaine. La station de suivi de la qualité de l’air sur le boulevard Paul Doumer a ainsi enregistré une moyenne annuelle de 41 μg/m3 en 2019, au-dessus de la valeur limite réglementaire de 40 μg/m3.

Plus précisément, sur les cinq dernières années, les populations exposées (environ 300 personnes, soit 0,2 % de la population rémoise), se situent principalement sur le territoire de Reims à l’intérieur de la rocade médiane, dans sa partie nord. « Le coût économique de la pollution s’élève à 100 milliards d’euros par an, dont 70% sont des coûts sanitaires », révèle ainsi le président d’ATMO Grand Est.

« Pour faire des efforts et assurer les transitions, il faut les accompagner.» C’est pourquoi la Ville de Reims compte mettre en place une politique volontariste en termes d’amélioration de la qualité de l’air. « Avec la ZFE, nous allons apaiser la circulation automobile. Notre ZFE est scientifique et non politique, qui par démagogie engloberait toute la ville.

Ce périmètre englobe donc uniquement la zone concernée par la pollution, dont la traversée urbaine », insiste Arnaud Robinet, le maire de Reims, précisant que des dérogations pourront être opérées concernant les camions des entreprises qui ne pourraient remplacer leur véhicule trop polluant.

Le choix de la vignette Crit’air (voir ci-dessous), disponible sur www.certificat-air.gouv.fr, s’est fait en prenant exemple sur d’autres villes, dont celle de Paris, qui pratique déjà ce dispositif. « Notre formule se base sur le mix énergétique et sur le degré d’émission des polluants », poursuit Arnaud Robinet. « L’enjeu est aussi d’accompagner et d’expliquer », appuie-t-il, faisant le lien avec une «ZFE partagée», soumise à consultation des Rémois sur le site de la Ville : www.reims.fr

La mise en place de ce dispositif s’accompagnera d’une politique en faveur de la mobilité : « Cette ZFE concerne un périmètre sur laquelle il existe des alternatives en termes de transport, des possibilités de report modal : pistes cyclables, auto-partage, bus, tram. Mais elle s’accompagne aussi d’une réflexion urbanistique plus globale autour du secteur (berges de Reims, port Colbert, voie des Sacres) », explique Arnaud Robinet.

UN PROJET À L’ÉCHELLE DU GRAND REIMS

Ce projet est par ailleurs global, à l’échelle de la communauté urbaine. « Préserver la qualité de l’air c’est préserver notre territoire, notamment quand on a une grande partie de notre économie qui dépend de l’agriculture et de la viticulture », argüe pour sa part Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims. En effet, une partie des projets 2021 de la collectivité sont destinés à développer une économie et une mobilité plus verte, comme changer la flotte de bus et véhicules en augmentant la part des énergies renouvelables (bus au gaz), développer un plan cyclable pour relier les communes du Grand Reims entre elles ou encore supprimer le charbon d’ici à 2022 à la chaufferie urbaine de Croix Rouge, soit 15 000 tonnes par an, l’équivalent de la circulation de 10 000 véhicules en moins.

1 : La ZFE sera délimitée par les boulevards de la rocade interne : Lundy, Paix, Pasteur, Victor Hugo, Dieu Lumière, Docteur Henri Henrot, Paul Doumer, Louis Roederer et Joffre. La Place des droits de l’homme est exclue du périmètre. À cette délimitation s’ajoute un axe fortement émissif : celui des Transports Urbains Rémois (TUR) : jusqu’à l’A344 des échangeurs de Tinqueux à Cormontreuil. Ce périmètre a été retenu car il prend en compte une grande partie de la population exposée tout en imposant le minimum de contraintes aux usagers.

CALENDRIER PRÉVISIONNEL

• À compter du 1er septembre 2021 et jusqu’au 31 décembre 2021, une phase pédagogique est mise en place.

• À compter du 1er janvier 2022 et jusqu’au 31 décembre 2022, l’accès, la circulation et le stationnement seront interdits dans la zone à faibles émissions si le poids lourd, le véhicule utilitaire léger ou le véhicule léger est non classé ou possède une vignette CRIT’AIR 5.

• À compter du 1er janvier 2023 et jusqu’au 31 décembre 2023, l’accès, la circulation et le stationnement seront interdits dans la zone à faibles émissions si le poids lourd, le véhicule utilitaire léger ou le véhicule léger est non classé ou possède une vignette CRIT’AIR 4ou5.

• À compter du 1er janvier 2024 et jusqu’au 31 août 2026, l’accès, la circulation et le stationnement seront interdits dans la zone à faibles émissions si le poids lourd, le véhicule utilitaire léger ou le véhicule léger est non classé ou possède une vignette CRIT’AIR 3, 4 ou 5.