André JacquemartUne vie sur le grand braquet

André Jacquemart n’a construit sa vie professionnelle que sous une seule bannière: l’éclectisme.

Après avoir fait carrière chez Deville et au Crédit Agricole, il fut président du festival mondial des marionnettes avant de devenir le patron du circuit cycliste des Ardennes depuis 2000.

Président du circuit des Ardennes cycliste depuis 2004, épreuve qu’il a ressuscitée en 2000, André Jacquemart sera encore à la tête de cette manifestation sportive à la mi- avril avant « de lever le pied car la passion commence à me quitter ». Il aidera néanmoins, par son relationnel, à pérenniser « la plus belle épreuve mondiale par étapes de troisième division professionnelle (144 coureurs, 24 équipes) » mais qui reste financièrement dans le rouge avec un déficit variant de 1000 à 7000
euros pour un budget de 160 000 euros. Une course par étapes de trois jours aidant à faire connaître les Ardennes et qui repose sur une vingtaine de bénévoles.

« Avec comme simple bagage, un BTS en comptabilité-commerce, je me rends compte que j’ai toujours été un développeur d’idées dans différents domaines en ayant su m’entourer de spécialistes. Bâtir des projets et bien déléguer afin d’atteindre des objectifs, c’est ce que j’ai appris durant mes passages chez Deville et au Crédit Agricole».

DE « LA FLAMME BLEUE » À LA « BANQUE VERTE »

Né à Revin, arrivé à Charleville-Mézières à l’âge de 5 ans quand ses parents tenaient le café « Gustave », de la rue Thiers, André Jacquemart s’est nourri au zinc en côtoyant les clients et les commerçants du coin. « J’ai appris beaucoup à l’intérieur du bar à force de regarder et écouter. Une sacrée ouverture d’esprit. C’était la période glorieuse au cours de laquelle des PME très prospères, Arthur-Martin, Porcher, Richier, Deville ou les entreprises textiles de Sedan contribuaient au confort des Français. Une époque où les salariés touchaient des 13e, 14e et 15e mois qu’ils dépensaient dans des commerces florissant » se rappelle celui qui, de 1965 à 1970, connut son premier emploi chez Deville, fabricant d’appareils de chauffage.

« J’étais à la promotion des ventes et à ce titre j’encadrais les inspecteurs commerciaux répartis sur le territoire français et dépendants de la branche chauffage central. Je m’occupais de l’organisation des salons et foires avant de mettre en place un semi- remorque itinérant présentant les produits de la société ».

Entre 1970 et 2002, André Jacquemart a fait tout autant preuve d’initiatives au Crédit Agricole où il a développé son goût pour le marketing comme promoteur des ventes. « Le directeur, Luc Pilard, une figure ardennaise, m’a embauché en me donnant carte blanche. Son idée était d’améliorer la bonne image de marque d’un organisme bancaire alors en plein boum. ».

Très vite, il se montre créatif dans les relations avec la clientèle et la presse, le lobbying et l’événementiel à travers le lancement de produits (l’épargne jeune, le paiement électronique, le voyage conseil) et de concepts aidant à mieux connaître la banque. « On a, par exemple, rendu attractif le rez-de-chaussée du Point Central à Charleville-Mézières grâce à un hall-exposition et la présence d’un guichet bancaire au premier étage composé de petits comptoirs individuels ». Ce qui contribua à démystifier l’image de la banque dans l’opinion publique.

Il cite aussi la mise en place de chèque-photos avec la Place Ducale en arrière-plan et du « Challenge de l’offensive » qui, chaque semaine, récompensait des clubs de football du département à travers leurs équipes minimes, cadets, juniors et seniors. «Une idée ensuite développée dans toutes les caisses régionales du Crédit Agricole au point de susciter l’intérêt de la Fédération Française de Football pour ses propres logiciels de résultats. Cela m’a permis d’ailleurs, par la suite, de vivre des opérations de sponsoring dans le cadre de la Coupe du Monde 1988 en France, avec à la clé quelques séjours à Clairefontaine ».

DU SPORT À LA CULTURE

Après avoir été gestionnaire et animateur du mess des officiers du Centre d’instruction de l’intendance de son unité militaire à Angoulême, ce passionné de sports a pratiqué à son retour dans les Ardennes le basket et le foot à l’Étoile et à l’Olympique de Charleville-Mézières, l’athlétisme à l’Étoile encore, où son père était membre du comité des supporters, avant de créer une section de tennis de table et de volley-ball chez Deville. Guidé par le souci constant d’aider au rayonnement des Ardennes, il s’investit en créant, en 1994, Spartacom, un club de responsables ardennais de la communication, ou en étant président d’Ardenne accueille (1995-1997) et du Lions Club Rimbaud (2004-2005).

Aussi, suite à une idée lancée par Robert Conreur de la Chambre des Notaires, André Jacquemart a permis aux personnes aimant la nature de prendre part durant dix ans aux « Randonnées vertes en Ardennes ». À pied, en vélo, en 4×4 ou à cheval. Parallèlement à cela, il travaille en étroite collaboration avec le comité des Ardennes de tennis et a été à l’origine d’un sponsoring avec le CSSA et l’Olympique de Charleville- Mézières. « À l’époque, Jacques Lachant, mon patron a même tenté de faire fusionner les deux clubs. En pure perte… ».

Mais sa plus belle satisfaction professionnelle est certainement d’avoir été le pionnier, avec le soutien de l’inspecteur d’Académie et de l’équipe de Bernard Pivot, de la tenue du « Challenge départemental de l’orthographe » sur le modèle de « La dictée ». Initiative devenue par la suite « Les Dicos d’or ». Suivront le « challenge Mozaïc », les « Métiers de demain », les rencontres du Crédit Agricole… « J’ai développé ces actions en faisant preuve d’imagination et appliqué aussi des idées ayant bien marché à l’extérieur en les adaptant dans les Ardennes ».

PRÉSIDENT DU FESTIVAL DES MARIONNETTES DE 2006 À 2008

Sa notoriété grandissante l’amène à faire une intrusion remarquée dans le milieu culturel en devenant en 2006, après la mort de Jacques Félix, président du festival mondial des marionnettes, événement dont il a été un des principaux sponsors quand il travaillait au Crédit Agricole « J’étais déjà dans le coup depuis 1985 avant d’intégrer en 2003 « Les petits comédiens de chiffons » comme responsable de l’accueil et de l’hébergement des festivaliers et d’assurer l’intérim de la présidence du festival en 2006 ». Il embauche Anne-Françoise Cabanis au poste de directrice artistique en 2007 avant de quitter cette fonction en 2008 et de proposer Jean-Luc Félix à sa succession. « Le développement que je voulais donner à cette manifestation n’avait pas été partagé par certains ».
À 76 ans, il confesse que sa mémoire commence parfois à défaillir, mais André se souvient aussi avoir été, durant ses années au lycée Roosevelt, batteur dans le groupe rémois, « Les jokers », alors parrainé par l’émission « Âge tendre et têtes de bois » animée par l’harmoniciste Albert Raisner. D’autres belles années…

Parcours

1942 Naissance le 8 février à Charleville-Mézières.
1965 Entre dans la vie active en prenant son premier poste chez Deville.
1970 Embauche pour 32 ans au Crédit Agricole.
2000 Relance le Circuit des Ardennes cycliste.
2006 Devient le président du festival mondial des marionnettes.