Raymond WalkiewiczUne vie dédiée à l’économie

Voeux 2019 au tribunal de commerce de Sedan. Raymond WALKIEWICZ président du tribunal de commerce de Sedan.

Patron de l’entreprise Dossot à Charleville-Mézières, de la Sorec à Cormontreuil (Marne) et de PLM Services à Bar-sur-Aube (Aube), Raymond Walkiewicz est aussi président du tribunal de commerce des Ardennes depuis 2009.

« Mes grand-pères et mon père, d’origine polonaise, sont venus en France en 1929 pour travailler toute leur vie au centre minier de Stiring-Wendel (Moselle). J’étais destiné à suivre la même voie… ». Mais Raymond Walkiewicz, de nature plutôt rebelle durant son adolescence, ne s’est pas résolu à devenir mineur de fond.

« Au contraire de mon frère et de beaucoup de copains, je n’ai pas voulu finir ainsi.
J’ai pourtant passé une enfance heureuse dans la cité ouvrière d’Habsterdick où vivait Patricia Kaas qui habitait à proximité de chez moi. Après m’être initié au foot, j’ai été moniteur de centres de loisirs éducatifs et j’ai créé une maison des jeunes où je m’occupais de l’atelier bois et de la photo tout en étant moniteur de danses folkloriques »
.

À 16 ans, après deux années au lycée technique de Sarreguemines, il profite de la situation frontalière de sa ville natale pour dénicher une place d’apprenti électricien à Sarrebrück puis passer un CAP et un brevet de compagnon. Après trois ans en Allemagne, Raymond revient en France pour entrer à la société Eckert à Saint-Avold. Puis c’est le passage sous les drapeaux à Pforzheim en forêt noire où il intègre le Troisième Régiment de Hussards.

De retour à la vie civile, il devient chef de chantier pour une PME qui envoyait ses électromécaniciens en Allemagne.

DANS LES ARDENNES DEPUIS 1971

La rencontre avec celle qui deviendra son épouse, l’Ardennaise Martine Dossot, oriente la suite de sa carrière : « Lors d’une visite à Charleville-Mézières, son père, Jean- Pierre, m’a demandé si cela m’intéressait d’intégrer l’entreprise familiale (réparation de moteurs électriques) ». Il accepte et à 22 ans, débute par un poste de technico-commercial. « J’ai pris ma sacoche et démarché les clients durant quinze ans. Electro-mécanicien de formation, j’avais l’avantage de connaître le métier et j’ai vite appris sur le tas ». Victime d’un AVC en 1976 et contraint de lever le pied, le dirigeant de Dossot propose à Raymond Walkiewicz de le relayer à ce poste. « J’ai assuré presque naturellement cette fonction en recevant les fournisseurs, en allant voir les banques et en prenant les décisions. Le soutien de ma femme, secrétaire de direction, et de ma belle-mère, chargée de la comptabilité, m’ont bien aidé ».

UN BEL OUTIL DE TRAVAIL

Avec onze salariés à l’origine, l’entreprise spécialisée dans la réparation de moteurs électriques développe son négoce de matériels (pompes, palans,…). Elle compte aujourd’hui 28 employés. En 1992 à une période où Dossot réalise 10% de son chiffre d’affaires dans la Marne, Raymond Walkiewicz, propriétaire de la holding Herwé, crée la société Sorec à Cormontreuil (15 salariés). En 1997, il rachète Electro Services à Bar-sur-Aube, alors en redressement judiciaire et devenue PLM Services (cinq employés).

Le Groupe Dossot Industries qui détient aussi ETB (Entreprise des Travaux du Bâtiment), chargé de la maintenance des trois sites, emploie ainsi 47 personnes, réalise 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires et couvre ainsi les Ardennes, la Marne, l’Aisne, l’Aube et une petite partie de la Haute-Marne. « Nos principaux clients sont PSA, La Fonte Ardennaise et les PME de la Vallée de la Semoy mais aussi les collectivités territoriales et les sociétés de travaux publics en ce qui concerne notre activité stations de relevage et de pompage. Nous avons un carnet de commandes bien rempli tout en étant tributaire de nos donneurs d’ordre », souligne un chef d’entreprise heureux qui, à 70 ans, a abandonné l’opérationnel (victime d’un malaise cardiaque en 2016) mais assure encore l’organisation avec l’aide de son fils, Stéphane, 42 ans.

JUGE ET PRÉSIDENT DU TRIBUNAL DE COMMERCE DEPUIS 1995

Parallèlement à son métier de patron, Raymond Walkiewicz assure depuis 23 ans des fonctions au Tribunal de Commerce : «Ayant été bénévole dans de nombreuses organisations (Ardennes Accueil, CJD, CCI, MEDEF, Lions Club) et aimant le partage, je me suis impliqué dans cette juridiction quand François Raguet, alors président, m’a contacté en 1995. J’ai été juge lors de son mandat et ceux de Jean-Luc Noizet et Claude Salmon avant de devenir premier président du tribunal de commerce des Ardennes en 2009 ».
Un long bail qui s’achèvera le 31 décembre 2020. L’intéressé pourra alors jouer plus assidument au golf, se livrer à la pêche à la mouche en Irlande et s’occuper de ses trois petits-enfants. « Les responsabilités ne m’ont jamais fait fuir et compte-tenu de mon expérience et de la connaissance du milieu industriel, je pensais avoir des choses à apporter. J’ai peut être aussi voulu laisser une trace dans l’histoire économique locale », dit-il avec le sourire.

PLUSIEURS AFFAIRES MARQUANTES

Certaines affaires l’ont particulièrement marqué. De la plus simple : « Une commerçante âgée qui venait d’être mise en liquidation et qui nous a prié de la laisser continuer sinon elle allait mourir. On s’est donc arrangé avec les créanciers et elle a pu travailler encore six mois avant de disparaître ». Aux plus dramatiques comme les difficultés de Thomé-Génot ou d’Enia : « On est alors confronté à des problèmes qui sortent de la justice ordinaire car elles touchent des centaines de personnes licenciées et mêlent les sphères politiques. On a bien eu quelques manifestations de salariés mais le Tribunal a toujours réussi à dialoguer avec des représentants des personnels responsables ».

Autant d’affaires qui ont engendré de nombreuses rencontres : « C’est une juridiction orale et il faut avant tout savoir écouter sans couper la parole et donner des leçons aux parties. Vous avez, ensuite, le temps d’expliquer en restant impartial. C’est une très bonne école et un enrichissement personnel. Même s’il m’est arrivé de faire perdre des procès à quelques connaissances, je n’ai pas perdu leur amitié car il savait que j’étais juste. C’est d’ailleurs ce qu’un dirigeant de PME auquel on avait réduit le salaire a compris rétroactivement ».

Parcours

1949 Naissance le 16 juin à Stiring-Wendel (Moselle).
1971 Arrivée dans les Ardennes et entré chez Dossot. Il en deviendra président en 1980.
1995 Juge au tribunal de commerce de Sedan.
2009-2020 Président du tribunal de commerce de Sedan.