Pascale LambertUne vie de côte en côte

Après 25 années passées à la direction de l’agence départementale Côte-d’Or Tourisme, Pascale Lambert a quitté son poste au 1er septembre pour lancer son propre projet en Grèce.

Originaire de la Côte-Rôtie, elle a posé ses valises en Côte-d’Or après avoir vécu différentes expériences en France, au Sénégal ou encore en Égypte. À l’aube de ses 60 ans et 25 ans après avoir poussé les portes de Côte-d’Or Tourisme, Pascale Lambert a décidé de quitter son poste pour écrire le dernier chapitre de sa vie professionnelle, entre la Côte-d’Or et sa côte grecque en Argolide.

Après 25 ans passés à la direction de Côte-d’Or Tourisme, Pascale Lambert a quitté ses fonctions à la rentrée, l’occasion de revenir sur son parcours aussi riche de voyages que d’anecdotes. Originaire de la Côte-Rôtie, le tourisme n’a pas été son premier domaine de prédilection, puisqu’à la sortie du baccalauréat, ce sont les bancs de la fac de médecine que Pascale Lambert a fréquentés. « J’avais dans l’objectif d’aller soigner les gens en Afrique de l’Ouest, confie-t-elle. Mais je me suis rendu compte que c’était finalement adopter le rêve de ma mère… Inconsciemment, puisqu’on n’en a jamais vraiment parlé, mais assez curieusement, j’ai su plus tard que mon destin aurait pu rejoindre le sien si elle avait eu les moyens de faire des études ». C’est finalement vers l’école hôtelière de Nice qu’elle s’est réorientée après une longue période de remise en question. « Ma mère, qui était une femme avec beaucoup de caractère, m’a dit “mais pourquoi est-ce que tu ne ferais pas quelque chose dans le guidage touristique, dans l’accompagnement,… tu aimes bien tout ce qui est esthétique, les monuments, les vieilles pierres, l’histoire de l’art…” Elle venait de rentrer du Pérou où elle avait rencontré une jeune femme qui accompagnait et guidait les voyageurs. » Après avoir obtenu son premier diplôme de guide interprète anglais-allemand, elle a finalement été recrutée lors de son année de licence pour prendre la direction d’un hôtel au Sénégal. « Un promoteur immobilier lyonnais construisait ce nouvel établissement… Il ne connaissait rien au tourisme, ni à l’hôtellerie, si ce n’est en tant que consommateur, mais il voulait une femme à ce poste. C’était une bande de promoteurs associés, et ils se disaient que dans un hôtel, il fallait une présence féminine… sans doute avec un côté un peu macho mais ce n’était pas complètement faux de se dire qu’une femme aura peut-être une sensibilité pour accueillir et pour mener à bien l’ouverture de l’hôtel », observe-t-elle. Fraîchement âgée de 23 ans, elle est donc partie sur la petite côte dans l’inconnu pour ouvrir cet établissement, recruter du personnel et concevoir toute la charte esthétique. « Je me souviens très bien du soir de l’ouverture, c’était un 5 décembre, je me serais bien cachée sous le bar ce soir-là. » Une première expérience complète et bénéfique qui lui a ouvert les portes de l’Auberge de Noves, à son retour en France. « De l ’hôtellerie de loisir, j’ai intégré l’hôtellerie de luxe et la gastronomie, au sein de cette vieille maison deux macarons Michelin très connue au sud d’Avignon. Une manière différente de travailler mais finalement tout aussi exigeante qu’au Sénégal, qui m’a appris le goût du détail », détaille Pascale Lambert.

Nostalgique de la vie à l’étranger, Pascale Lambert reprend la route pour s’installer au Caire, en Égypte. « Il y a beaucoup à apprendre quand on arrive dans un pays dont on ne connaît pas la culture, les us et coutumes, parfois la langue. En Égypte, je me suis très rapidement rendu compte qu’il me fallait apprendre l’Arabe. » Responsable de clientèle dans une agence réceptive, elle était en charge de tout l’aspect technique à une époque où l’Égypte était très prisée et rendait la tâche d’autant plus compliquée. « Il m’est arrivé de faire des quadruples dans les chambres et de faire dormir des touristes au bord des piscines, faute de place », se souvient-elle. Une aventure qui s’est toutefois terminée avec la Guerre du Golf. « Quand on a connu le début de la crise du Covid et qu’on m’a demandé ce que je pensais de la durée des répercussions, je n’ai comme repère que la guerre du Golf où ça a été le bazar pendant un an et demi alors que ça touchait la situation internationale. Ce n’était pas une question sanitaire ni européenne. Les Français pouvaient encore largement rester en France ou voyager en Angleterre, en Espagne, en Allemagne ou en Italie… Je ne vois pas le Covid comme simplement anodin en termes de bouleversement et de temps pour s’en remettre. Ce genre d’évènement a généralement des répercussion économiques sur un plus long terme que seulement six mois. »

DE LA FORMATION AU DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE

De retour en France contrainte par l’économie, Pascale Lambert a décroché un poste à temps plein dans l’enseignement en BTS Tourisme à l’école hôtelière de Grenoble puis à Beaune. « C’est là que j’ai connu la Bourgogne et que je suis tombée amoureuse de la région ! J’ai pris beaucoup de plaisir à enseigner, un peu moins avec l’éducation nationale et l’ambiance… et au bout de quatre ans, je me suis demandée si j’étais encore la plus à même à enseigner une matière aussi technique sans la pratiquer, sinon quelques jours pendant les vacances dans l’agence d’une amie », raconte-t-elle. C’est finalement son proviseur qui l’a mise en contact avec Henri Moine, qui était à l’époque secrétaire général de Côte-d’Or Tourisme. « Je me posais pour la première fois de ma vie, en Côte-d’Or, pour occuper un travail tellement varié et tellement riche en termes de milieux professionnels que nous abordons. J’ai eu la chance, pendant 25 ans, de rencontrer tous les corps de métiers qui contribuent de près ou de loin à la fois au tourisme, à l’hébergement, à la restauration, à l’animation, à la culture dans toutes ses dimensions, du festival à la musique en passant par le patrimoine… » Ces 25 années lui ont aussi permis de participer à de beaux projets comme le classement des Climats du vignoble de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco ou encore, plus récemment, la création d’un nouveau parc national de forêt. « Maintenant je peux le dire, quand je suis arrivée ici, je ne connaissais rien à l’institutionnel, ni à la politique. C’était un sujet tabou à la maison. Finalement, ils avaient plutôt envie d’une technicienne et j’ai eu la chance d’avoir la confiance de Louis de Broissia, qui m’a recrutée, et de François Sauvadet qui a eu envie de me maintenir au poste de directrice. Si je suis restée pendant 25 ans, c’est parce qu’on m’a laissée faire mon métier pendant toutes ces années, en étant sur la même ligne que mes élus, que ce soit François Sauvadet ou, depuis 2015, Marie-Claire Bonnet-Vallet. J’ai passé cinq années superbes avec elle. C’est une présidente censée, fine et intelligente. »

UNE NOUVELLE VIE ENTRE LA CÔTE-D’OR ET LA GRÈCE

À l’approche de la soixantaine, Pascale Lambert a toutefois souhaité une nouvelle aventure pour écrire le dernier chapitre de sa vie professionnelle. « Si le confinement a été une période très active, elle m’a aussi permis de réfléchir. L’année prochaine, on va perdre de l’argent parce que la vie économique en a pris un coup et parce que la taxe de séjour additionnelle va baisser… Après le Covid, il n’était pas dit qu’on licencie, mais je n’avais pas envie de me poser cette question ni de revivre ce que j’avais vécu en Égypte avec la Guerre du Golf. Je me suis donc dit que partir serait gagnant-gagnant pour tout le monde, à condition qu’on ne me remplace pas poste pour poste. C’est aussi en cela qu’Isabelle Corond a été promue. Un changement avec une certaine continuité du point de vue RH », explique-t-elle. Certains changements sont aussi à l’origine de cette réflexion. « Je n’ai jamais digéré ce transfert de compétences avec la métropole. Je garderai de bons souvenirs avec certains institutionnels, comme le Conseil régional du tourisme. Moins avec sa collectivité de rattachement… Donc avant de finir plus du tout diplomate, il vaut mieux s’en aller parfois. Ce n’est pas parce que j’ai eu la médaille du mérite ou la légion d’honneur, mais il y a un moment où on a envie de dire qu’on ne va pas réinventer la poudre ou enfoncer des portes ouvertes alors que ça fait 25 ans qu’on vous dit que le canal de Bourgogne va devenir un jour un vrai sujet… Quand on entend qu’on veut devenir la première destination en France pour les Chinois entre Paris et la Côte-d’Azur, est-ce vraiment ça l’avenir de la Côte-d’Or ? Je pars en laissant tout de même de beaux dossiers à mon successeur, comme ce manifeste pour le tourisme 100 % durable », confie Pascale Lambert. C’est finalement un départ en bonne intelligence pour entamer une nouvelle vie entre la Côte-d’Or et la Grèce. « Mon fils, Vincent, partant faire ses études dans une autre région, je me suis demandée si j’avais réellement besoin de rester en Côte-d’Or, mais c’est ma patrie d’adoption. » Ce dernier chapitre va ainsi s’écrire au bord de la mer Méditerranée. « J’ai trouvé ma colline avec ses arbres noueux, face à la mer, dans un endroit très grec, un peu touristique mais pas trop. Je vais travailler dans l’immobilier de loisir et je vais aussi équiper deux maisons que j’ai achetées en Grèce pour en faire des appartements d’hôtes. Je réfléchis aussi à offrir des solutions de location de longue durée. Enfin, je vais habiter pas très loin du vignoble de Nemea, donc peut-être pourrai-je mettre à profit mes connaissances en œnotourisme et pourquoi pas développer l’oléotourisme ! »

Parcours

1961 Naissance, le 23 mars à Sainte-Colombe (Rhône).
1984 Pascale Lambert décroche son premier poste dans le tourisme et prend la direction d’un hôtel au Sénégal.
1986 Après un retour en France à la direction de l’Auberge de Noves (Avignon), elle part travailler dans une agence de voyages en Égypte.
1992 Pascale Lambert arrive en Côte-d’Or pour enseigner le tourisme.
1996 Elle prend la direction de l’agence départementale Côte-d’Or Tourisme. Après 25 ans, elle gardera notamment comme souvenir l’ouverture du Muséoparc Alésia, l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au Patrimoine mondial de l’Unesco ou encore plus récemment la création d’un nouveau parc national de forêt.
2020 Vingt ans après la naissance de son fils Vincent, Pascale Lambert quitte Côte-d’Or Tourisme pour écrire le dernier chapitre de sa carrière professionnelle entre la Côte-d’Or et la Grèce, qu’elle a découverte il y a tout juste cinq ans.