Une usine pour produire 500 000 masques par jour

Les machines arrivent progressivement afin de monter les 11 lignes de fabrication.

BioSerenity, entreprise troyenne, investit 12 millions d’euros et crée 150 emplois pour monter en quelques semaines 11 lignes automatisées de production de masques chirurgicaux et FFP2.

Jusqu’ici, c’était seulement en Chine qu’il était possible de trouver des lignes automatisées de fabrication en haute cadence de masques chirurgicaux, FFP2 et de surblouses. Désormais, il en existe une à Troyes, sur le parc de la technopole de l’Aube. Une usine qui a pu voir le jour en moins de quatre semaines grâce à plusieurs partenaires. À l’origine, la start-up BioSerenity, spécialiste des vêtements connectés à usage médical, et qui compte déjà une unité de fabrication à Troyes d’une cinquantaine de personnes. Une activité très innovante comme par exemple des tee-shirts et bonnets connectés possédant des capteurs pouvant permettre aux médecins de suivre et diagnostiquer à distance l’évolution de l’état de leurs patients atteints de pathologies chroniques. BioSerenity, qui connaît parfaitement le monde médical, a répondu à l’appel d’offres de l’Etat qui veut relocaliser en France, de manière pérenne, l’approvisionnement en masques, notamment pour le personnel soignant, avec un objectif affiché de 50 millions de masques en octobre contre 10 millions actuellement. C’est dans ce cadre que le projet de BioSerenity a été retenu, celui d’une « usine de campagne » montée en quelques semaines seulement. Pour y parvenir, la start-up a reçu le soutien du conseil départemental de l’Aube, propriétaire des locaux occupés par Levisys, sur le parc de la Technopole de l’Aube. Un accord a été trouvé pour louer 1250 m2 de locaux équipés de quais de chargement à Sérénité Protection Santé, l’activité de fabrication de masques de BioSerenity Sur le plan financier, le Crédit Agricole Champagne Bourgogne et la BNP Grand Est ont accompagné l’investissement de 12 millions d’euros. L’outil industriel, 11 lignes automatisées de production – cinq lignes pour les masques chirurgicaux et six pour les masques FFP2 – arrive tout droit de Chine où BioSerenity dispose d’ailleurs d’une succursale. Ces lignes qui arrivent progressivement, sont aussitôt installées et produisent des masques depuis la mi-mai. L’objectif clairement affiché étant de produire 350 000 masques chirurgicaux et 200 000 masques FFP2 par jour, dès la mi-juin.

UNE RUCHE INDUSTRIELLE

Pour lancer la machine, BioSerenity a déjà affecté une quinzaine de ses salariés à cette activité. Mais cela ne suffira pas d’autant que l’usine fonctionnera 24h sur 24 et 7 jours sur 7. « Ce sera une véritable ruche fonctionnant à plein régime de jour comme de nuit », précise Marc Frouin, directeur de BioSerenity. Parallèlement, un autre challenge a été lancé avec un plan de recrutement de 150 personnes (chefs d’équipe, opérateurs de production, techniciens de maintenance, etc.). Pôle emploi, la Direccte, les agences d’intérim ont été mobilisées. BioSerenity lance aussi un appel aux compétences techniques et administratives d’autres industriels ayant l’expérience de la production haut volume et postée, sur le mode du volontariat ou du prêt du personnel (contact volontaires : thomas.sauvage@bioserenity.com). Retraités de l’industrie et futurs ingénieurs sont aussi les bienvenus. L’heure est donc à la mobilisation générale pour cette usine de campagne dont l’activité est appelée à perdurer, la France ayant décidé de l’intérêt stratégique de relocaliser cette activité. D’ailleurs, la production troyenne est destinée notamment à Santé Publique France, l’acheteur national des hôpitaux. Mais il sera peut-être possible aussi de fournir le cas échéant la plateforme de la CCI de l’Aube et de l’Union Patronale de la région de Romilly et Nogent en masques à usage unique pour les entreprises auboises et les organisations. À condition de réussir le défi technique lancé à Troyes autour d’un enjeu national.