À Fontenelle, 186 habitants, RTE vient d’inaugurer une première mondiale : un mega centre de stockage pour faire face à la surproduction d’électricité renouvelable.
Avec 59% de l’électricité issue de la production renouvelable (dont 45% en éolien), la Bourgogne était le site idéal d’accueil du projet Ringo, initié par RTE (Réseau de transport de l’électricité) en partenariat avec le leader mondial de l’électronique de puissance Nadec-ASI, installé à Saint-Étienne. En chantier depuis plus de deux ans, Ringo a été inauguré le 2 juillet, mettant le petit village de Fontenelle (186 âmes) au cœur d’une première mondiale : le stockage automatisé de l’électricité produite par les énergies renouvelables. Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, a justifié le choix du site par « un haut potentiel en matière d’implantation éolienne » mais aussi par « le défi de parvenir à la neutralité carbone en 2050 » et une « augmentation de l’électrification des usages estimée à 60 % en 2050 contre 25 % aujourd’hui », rappelant que « avant d’être polémiques, les énergies renouvelables sont une formidable aubaine économique, en terme d’investissement et de création d’emplois ». Une aubaine que la maire de Fontenelle, Isabelle Quirot, a résumé en un seul exemple : « l’investissement de RTE à Fontenelle a permis de construire la salle d’accueil et de loisirs que nous espérions depuis dix ans ».
UN RÉSEAU NATIONAL DE RÉGULATION DE LA PRODUCTION
Mais au-delà des avantages économiques, environnementaux ou matériels, le projet Ringo est avant tout une expérimentation qui pourrait changer l’avenir de nos paysages. Outre une capacité de stockage de 12 mégawatts (soit l’équivalent production de six éoliennes) grâce à ses 5.685 modules dans les dix conteneurs implantés sur le site, Ringo est entièrement piloté par un ordinateur depuis un centre de régulation situé à Nancy et intégré à un réseau de trois dispositifs – les deux autres étant à Bellac, en Haute-Vienne et Vantavon, dans les Hautes-Alpes – capables de travailler simultanément, à la charge et la décharge de l’électricité.
Cette expérimentation permettra donc de tester le stockage des surplus ponctuels et locaux de production des énergies renouvelables. Outre l’impact sur les émission de CO2, ce stockage permettra d’assurer une fourniture en électricité constante – y compris en terme de valeur marchande – et équitable sur le réseau. Si Xavier Piechaczyk y voit une façon de « ne pas laisser la main aux marchés », Ringo porte aussi l’espoir de n’avoir pas à construire de nouvelles lignes électriques – « et donc de pylônes dans les campagnes françaises pour compléter le réseau de 100.000 kilomètres de lignes existantes et qu’il faut déjà surveiller », pour faire face à la surproduction. Pour le député Rémy Delatte, c’est aussi une façon « assurer la souveraineté énergétique de la France et de placer la Côte-d’Or dans les grands territoires d’avenir ».
VENDRE UN SAVOIR-FAIRE
Fabriqué par Nadec-ASI – qui vient de signer avec Stellantis (issue de la fusion de Fiat et Peugeot) pour le développement de moteurs électriques, le projet Ringo n’a pas vocation à rester la propriété de RTE : « L’objectif est de développer un concept de stockage d’électricité automatisé, capable de réagir en temps réel aux fluctuations de la production et de vendre ce concept pour d’autres types d’industries », affirme Xavier Piechaczyk. Reste que « la transition écologique a un coût» : pour Ringo, l’enveloppe représente un investissement de 80 millions d’euros dont 24 pour le seul site de Côte-d’Or, un investissement nécessaire selon le président de RTE pour « faire face aux défis énergétiques et climatiques de demain et positionner la France comme l’un des leader de la filière de stockage électrique ».
Texte et photos Antoine Gavory