C’est une nouvelle page de l’histoire de la Rhodiacéta qui s’écrit. Après 26 ans d’activité pour l’usine de textile, 30 ans d’abandon qui auront fait le bonheur des tagueurs, le site s’apprête à devenir un grand parc urbain post industriel.
À l’entrée de Besançon, cette « grosse verrue » comme beaucoup l’appelait ne sera bientôt plus. Laissée à l’abandon pendant 30 ans, la ville qui a fini par en devenir propriétaire en mai 2015 a imaginé la plus belle des renaissances pour cette friche industrielle. Un projet d’envergure de huit millions d’euros* pour lequel elle se sera battue. En témoignent les 25 ans de combat judiciaire (et financier) pour récupérer le site et démarrer, avec retard, ce chantier « titanesque »… comme le raconte Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon, non content jeudi 19 septembre d’inaugurer le futur parc urbain, dont une partie est ouverte au public depuis le 22 septembre.
Juillet 2017, les premiers coups de pelleteuses sont donnés pour un chantier en trois phases. Première étape, terminée en janvier dernier, le désamiantage puis la démolition des bâtiments. En effet, 32.000 mètres cubes de béton étaient à détruire, puisque les édifices conservés pour des raisons techniques et économiques ne représentent que 10 % des 55 000 mètres carrés qu’occupaient les anciennes usines. Le chantier de sécurisation et de pérennisation des bâtiments vestiges a, quant à lui, débuté cette année et depuis juillet, la réalisation du parc paysager.
LIEU D’EXPRESSION, DE DÉVELOPPEMENT, DE PARTAGE
Sur cet espace de cinq hectares, aux abords du Doubs, niché au pied de la Citadelle de Vauban, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, se dressent désormais deux bâtiments historiques, celui d’Hilaire de Chardonnet et la cathédrale (renommée la grande galerie), ainsi que le château d’eau, le transbordeur et quelques vestiges. Toutes sortes d’activités y seront développées. La volonté est en effet de mettre cette friche à disposition du tissu associatif, culturel et sportif, de start-ups, et d’y accueillir pourquoi pas une pépinière d’entreprises. Sont également prévus un parcours culturel mettant en scène la mémoire de la Rhodiacéta, un parcours scientifique et naturel pour expliquer les pollutions et l’environnement de ce site, ou encore des espaces pour accueillir des installations éphémères et évènementielles. Il faudra attendre la fin de l’aménagement des édifices au second semestre 2020 pour que le club de canoë-kayak SNB s’installe dans la cathédrale, avec d’autres activités outdoor. Un mur d’escalade sur le château d’eau, un lieu de restauration, un pôle de sports de pleine nature… les idées ne manquent pas, avec pour objectif premier d’ouvrir ce lieu aux Bisontines et Bisontins.
(*)Partenaires financiers : l’Union européenne – FEDER, l’État, la Région Bourgogne-Franche-Comté et le Département du Doubs.
Paradis du street art
Abandonné ? Pas pour tout le monde. Le site, alors interdit au public, va devenir durant trois décennies le terrain de prédilection des tagueurs et autres artistes qui donneront vie à plus de 600 fresques. Certains éléments ont été conservés sur place, d’autres déplacés. Une exposition prochainement visible retracera cette autre partie de l’histoire de la Rhodiacéta.
Un emblème de Besançon
Ils n’auraient manqué pour rien cette inauguration. Les « anciens » de la Rhodiacéta étaient au premier rang, rappelant à la mémoire l’histoire des soieries artificielles et de la lutte ouvrière du milieu du XXème siècle. En 1967, la Rhodiacéta, leader de l’industrie textile en France, est le premier employeur de la ville avec 3.000 salariés. Cette même année, une grève de cinq semaines – durée exceptionnelle pour l’époque – éclatera pour défendre les conditions de travail. Un mouvement qui sera soutenu jusqu’au niveau national. L’usine fermera définitivement ses portes 15 ans plus tard, en 1982.