Une pêche aux moules pour reprendre le chantier

Des plongeurs ont ratissé les fonds de la Seine pour recueillir ces moules d’eau douce avant de les transporter en amont de la zone de travaux. (Photo : Laurent Locurcio)

Un programme de 11 millions d’euros pour réhabiliter la digue de Fouchy, le long de la Seine à Troyes.

La digue de Fouchy va connaître une seconde jeunesse grâce à des travaux de réhabilitation. Un chantier à 11 millions d’euros qui devrait être achevé en mars 2020, porté par Troyes Champagne Métropole et co-financé par l’Europe, l’Etat et le Grand Est. En fait il s’agit de conforter et relever cette digue entre le pont Cours Jacquin à Troyes et le pont Culoison à la Chapelle-Saint-Luc. La Seine n’étant pas un long fleuve tranquille, il lui arrive régulièrement de déborder de son lit, comme ce fut le cas encore en janvier 2018 notamment.

« Dans ce secteur sensible il nous faut protéger les riverains et les entreprises », rappelle Valéry Denis, conseiller communautaire délégué au Plan de déplacements urbains. Sur plus de deux kilomètres, la Seine longe des habitations mais aussi des entreprises de la zone des Ecrevolles, comme Lacoste par exemple. L’endroit est sensible et les travaux consistent à rehausser la digue de 50 centimètres, retirer les arbres à certains endroits ou encore planter des palplanches seront verticales directement dans la terre.

Le chantier était bien avancé lorsqu’il a fallu l’interrompre à cause de la présence d’une moule d’eau douce « unio crassus ». Une espèce protégée dont la présence a été confirmée par un inventaire hydro-biologique réalisé en avril dernier. « Nous avons cherché des solutions avec les services compétentes afin de pouvoir poursuivre le chantier tout en préservant l’avenir de cette espèce protégée dans la Seine », précise Jean-Michel Viart, vice-président de TCM, en charge de la trame hydraulique. Un arrêté préfectoral a donc autorisé une pêche aux moules un peu spéciale, puisqu’il s’agissait de collecter les mollusques pour les réimplanter en amont de la zone de travaux. Des plongeurs ont ratissé la zone pour ramasser délicatement ces moules d’eau douce dont l’espérance de vie peut aller jusqu’à 90 ans, mais qui sont aujourd’hui en forte régression et ont disparu de beaucoup de rivières françaises.

REPRISE LE 19 AOÛT

De nombreux spécimens ont été trouvés dans les eaux de la Seine à Troyes, et vont pouvoir continuer d’y prospérer en toute sécurité. Quant au chantier de la digue de Fouchy, il a repris dès le 19 août avec notamment un important programme d’installation de palplanches. Même si les objectifs liés à la préservation de l’Unio crassus ont quelque peu allongé la durée du chantier, la cap d’une fin de chantier avant le printemps pourra être maintenu.

Une péripétie que Valéry Denis prend avec une certaine philosophie. « Le fait d’avoir découvert une espèce sauvage protégée dans le cours de la Seine en pleine ville de Troyes alors qu’elle a disparu ailleurs, démontre que la qualité de l’eau de la rivière est plutôt bonne », ajoute-t-il, en rappellent que la mise en place systématique de passes à poissons est un autre élément en faveur de la biodiversité. Une évolution positive pour des eaux qui, par le passé, ont eu beaucoup à souffrir de la présence de teintureries à une époque où la réglementation était loin d’être aussi stricte qu’aujourd’hui.