Une part d’éternité

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À la tête de Kippit, Kareen Maya Levy et Jacques Ravinet développent des produits électroménagers réparables et durables.

Comme quoi un problème ménager peut parfois avoir de drôles de conséquences. C’est pourtant ce qui a conduit Kareen Maya Levy et Jacques Ravinet à vendre l’institut de sondage qu’ils avaient cofondé en 2003 pour se lancer l’an dernier dans une nouvelle aventure entrepreneuriale avec la création de la start-up Ineloo devenue Kippit. « Le point de départ, c’est une panne de lave-linge. Lorsque le réparateur nous a dit que cela coûterait moins cher d’acheter du neuf, cela a été comme un électrochoc ! explique Kareen Maya Levy. Nous nous sommes dit que nous ne voulions plus de ce système-là. » Le duo se pose, réfléchit. « Ce problème d’électroménager va bien au-delà. Ce que nous voulions, c’est produire durable, réparable et responsable. Ça va ensemble. Nous avons alors sondé les Français en leur présentant le pro- jet et sur le papier, ils ont été séduits ». Restait à passer de l’ébauche au produit. Après deux ans de travail avec des étudiants de l’Icam, un prototype est réalisé, une maquette « très moche » mais qui « fonctionne très bien ». « Il y avait une attente et nous avions l’envie d’y aller. Nous avons alors vendu notre société d’étude, lancé des appels d’offres dans le domaine du design industriel et de l’électronique, puis sélectionné des partenaires. » Pour autant lancer une nouvelle marque avec un lave-linge se révèle compliqué. « C’est un produit cher et impliquant, reconnaît Kareen Maya Levy. Nous avons cherché un autre produit pour amorcer le sujet. »

Le duo mise alors sur le marché des bouilloires électriques. Plus de 2 millions d’unités sont vendues chaque année en France « et leur durabilité est très faible », précise la cofondatrice de Kippit. Et tant qu’à faire, le duo planche aussi sur ses usages. Jaren, le fruit de leurs réflexions, permet aussi d’infuser le thé, de cuire des pâtes, à la vapeur et à l’occasion fait aussi office de chauffe-biberon. « Le même objet peut être utilisé à plusieurs moments de la vie, et comme son système est durable et réparable, on peut la garder pour toujours ! » Présenté au récent salon du Made in France, Jaren a valu à ses concepteurs le prix de l’innovation ! De quoi réjouir Kareen Maya Levy, car « l’innovation, explique-t-elle, n’est pas seulement technologique mais aussi d’usage, et sociale ». Pour produire ses premières bouilloires, Kippit est accompagnée par une entreprise adaptée,YMCA. Le premier atelier installé à Beauzelle, devrait amorcer la production en début d’année – grâce à des pièces sourcées en France ou en Europe autant que possible – pour une commercialisation au printemps. Mais d’autres ateliers devraient fleurir ailleurs : « l’idée est de créer de l’emploi dans d’autres bassins de consommation, au plus près des utilisateurs pour réduire l’empreinte carbone ». Pour financer cette nouvelle phase et les études sur d’autres produits (le lave-linge d’ici 2022, et un grille-pain), une opération de crowdfunding devrait être lancée ainsi qu’une levée de fonds auprès de fonds de venture capital auprès desquels « nous avons déjà des retours très positifs », confirme Kareen Maya Levy, très sereine.