Une meilleure gestion des dossiers des locataires

De gauche a droite, Cyril Dugard, Sylvain Assié et William Fallouh, les cofondateurs de la jeune pousse Easyrent.

Eazyrent propose une solution d’automatisation du processus d’analyse des dossiers de location, une tâche chronophage et coûteuse pour les professionnels de l’immobilier.

Proposer sur la toile une solution d’automatisation des processus d’analyse des dossiers de location est en substance l’innovation portée par la jeune pousse Toulousaine, Eazyrent, créée en 2021. L’objectif est ainsi de faire gagner du temps aux professionnels de l’immobilier, toujours à flux tendu sur le marché de la location, particulièrement au cœur des métropoles, via une plateforme d’automatisation des tâches administratives. « D’un côté, les candidats à la location téléchargent leurs documents selon leur profil (salarié, étudiant, retraité, entrepreneur, etc.) Une fois cette opération effectuée, l’outil analyse la véracité des pièces émises et vérifie la cohérence des informations fournies, grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle qui croise l’ensemble des données avec d’autres sources disponibles sur internet. Par exemple, l’outil peut vérifier l’existence d’une entreprise sur des sites dédiés. Il peut également vérifier le cumul des congés, des charges, etc. et ainsi attester la sincérité d’un bulletin de salaire », détaille le cofondateur, Cyril Dugard. Les promoteurs de la plateforme entendent ainsi juguler le fléau des faux documents fournis aux professionnels de l’immobilier.

Tout a commencé lorsque Cyril Dugard, à l’aube de la quarantaine, alors business développeur au sein du groupe Continental, remporte un concours entrepreneuriat et rencontre un vivier d’entrepreneurs au Village by CA niché dans la Ville rose. « Une expérience enrichissante qui m’a donné envie de découvrir davantage ce milieu et de me lancer », confie-t-il. Il intègre alors l’IoT Valley et y rencontre son futur associé, Sylvain Assié, âgé de 32 ans, issu du secteur immobilier. « Ancien chargé de location et gestionnaire de patrimoine dans la collecte et l’analyse de dossier de locataires, il m’a soumis différentes problématiques. J’ai voulu en savoir plus ». Le duo frappe alors à la porte d’une centaine d’agences régionales en vue de « relever les points de douleur d’un chargé de location ou d’un directeur d’agence et d’étayer les hypothèses ». Ensemble, ils ont alors décidé de créer une solution numérique et, pour ce faire, de s’adjoindre ainsi les compétences d’un expert en IA, William Fallouh, 26 ans, en qualité de troisième associé. « Sylvain et moi, avons désiré nous orienter vers l’IA, la méthode la plus facile pour faire gagner du temps aux professionnels de l’immobilier, soit environ une heure d’analyse pour chaque dossier locataire, sans compter le temps de la collecte des documents. »

Au-delà de l’aide dans le processus de sélection du candidat locataire, la plateforme propose un scoring qui permet au chargé de location de choisir plus facilement le meilleur dossier. « La plateforme émet un scoring de conformité du dossier, compris entre 0 et 100 %, et permet l’extraction de tous les champs et de calculer également le taux de solvabilité par rapport aux moyens financiers du candidat. Toutes les informations remontent d’un bloc au chargé de location avec également l’ensemble des anomalies détectées. Cependant, cet outil n’évince pas pour autant la partie humaine. Le professionnel peut aussi choisir le candidat qui a un taux de solvabilité plus faible en fonction du feeling pendant une visite. C’est de toute façon lui qui a le dernier mot », souligne Cyril Dugard.

Commercialisée depuis peu auprès de 25 agences, deux bailleurs sociaux et trois assureurs en garanties de loyers impayés, notamment à Toulouse, Bordeaux et Montpellier, la plateforme a été auparavant testée auprès d’une quinzaine d’acteurs de l’immobilier toulousains, « ce qui a entraîné des ajustements tels que l’amélioration de l’expérience client, de l’interface, etc. Et puis, chaque mois, nous implémentons de nouvelles fonctions », précise le cofondateur.

La jeune pousse, qui finance l’outil sur fonds propres, mais qui, en parallèle, a reçu une aide de la Région à hauteur de 10 000 € pour le développement commercial, espère cette année, boucler une levée de fonds de l’ordre de 200000 € afin d’apporter des innovations. « Nous avons la chance d’être à Toulouse, une place forte de l’intelligence artificielle. Ainsi, nous souhaitons nous rapprocher de laboratoires spécialisés, afin, à moyen terme, de pouvoir analyser tout type de documents, à savoir des « documents images non normalisés », par exemple, les attestations d’employeurs qui sont toutes structurées différemment. Aujourd’hui, la plateforme peut analyser seulement cinq documents dont notamment les cartes d’identité. Aussi, nous envisageons d’ajouter d’autres options comme le taux de rotation d’un bien, etc., ce qui permettra d’améliorer l’organisation de l’agence immobilière », explique-t-il. Quid de l’ajout d’un chabot ? « C’est effectivement une demande qui émane des professionnels. Cette fonctionnalité sera intégrée dans les prochains mois. »

Hébergée pour l’heure, au sein de l’incubateur régional Nubbo, la jeune entreprise espère séduire le marché national, notamment les grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille et Lille.

Eazyrent, envisage aussi d’étoffer son équipe. Trois recrutements sont prévus d’ici la fin de l’année avec principalement des profils de data scientist et 15 collaborateurs supplémentaires d’ici trois ans. La pépite occitane vise à l’horizon 2025 un chiffre d’affaires ambitieux de 4 M€.