Une levée de fonds de 75 M€

Le groupe modernise ses moyens d’exploitation.

Le groupe toulousain Chausson Matériaux ambitionne d’élargir sa force de vente numérique et continue d’investir pour poursuivre sa croissance.

Chausson Matériaux, dont le siège est à Saint-Alban, poursuit sa consolidation.
Le groupe résiste pour l’heure à la crise sanitaire, l’activité du secteur de la construction ayant de nouveau battu son plein après le premier confinement.

Le distributeur toulousain a même réussi un tour de force, levant récemment 75 M€ auprès d’un pool d’investisseurs mené par Crédit Mutuel Equity, avec Idia Capital Investissement, Grand Sud-Ouest Capital, BNP Paribas Développement et Irdi Soridec Gestion. Quatre d’entre eux étaient déjà présents dans le capital de l’entreprise.

Cette stratégie de développement consiste pour le troisième distributeur français de matériaux de construction, derrière les groupes Saint-Gobain et Samse, à financer de la croissance externe sans être endetté. « D’ici deux à trois ans, des opportunités de rachat vont se présenter dans le secteur. En effet,une forte concentration se profile, suite à la crise sanitaire. Cette levée de fonds nous permettra de nous positionner sans prendre de risque. Aujourd’hui, nous avons une trésorerie nette positive, l’objectif du groupe est de maintenir cette courbe », confirme Pierre-Georges Chausson, PDG de la société familiale bientôt centenaire. Après ce quatrième tour de table historique, les investisseurs détiennent 10% du capital, laissant la part belle aux deux cofondateurs et 6 % aux salariés. 

BOOSTER LES VENTES VIA LE DIGITAL

À travers cette opération, la société familiale a pour ambition de poursuivre ses investissements dans des outils de pointe et dans la numérisation de ses ventes notamment à travers le rachat du site internet Quincaillerie.pro à Albi (Tarn) dont le chiffre d’affaires sera porté de 20 à 30 M€ en 2020. « Aujourd’hui, très peu de matériaux de construction se vendent sur internet mais nous sommes convaincus que demain, la tendance s’inversera et nous pourrons être les premiers sur ce marché de niche ». Autre gros chantier en cours, l’automatisation du site logistique de 15 000 M2 basé à Lavaur dont l’enveloppe atteindrait 15 M€ et qui fournira l’en- semble des sites e-commerce dès avril 2021. D’ailleurs, l’entreprise prévoit de fusionner les deux sites Quincaillerie.pro et Chausson.fr sous le nom initial Chausson.fr afin de réunir près de 50 000 références produits. Pour l’heure, les clients professionnels représentent 20% du chiffre d’affaires des ventes en ligne, les nouveaux clients, eux, ne pesant réellement que 3 %. « L’objectif est d’augmenter les leads et d’attirer des particuliers notamment en zone rurale ».
Cependant comme le rappelle Pierre-Georges Chausson, « le digital va de pair avec la vente physique ». L’entreprise, forte de 350 points de vente, continue ainsi de tisser son réseau national. Elle ouvrira d’ici la fin de l’année, une boutique à Saint-Laurent-Médoc et à Vichy et garde en ligne de mire le nord de la Loire et l’Est où elle est très peu implantée. Quid d’une conquête internationale ? « Ce n’est pas au programme. Dans notre secteur, il n’existe pas de synergie entre les pays », précise le co-dirigeant.

En plus de booster son marché digital, le groupe modernise ses moyens d’exploitation comptant pour l’heure une cinquantaine de sites industriels et logistiques. L’entreprise a ainsi fait l’acquisition d’une plateforme automatisée dédiée au bois à Saint-Jean-d’Angély, à hauteur de 10 M€ en vue d’optimiser ses flux logistiques de bois.

Malgré la pandémie qui a plongé l’économie dans le brouillard, l’entreprise prévoit un chiffre d’affaires stable par rapport à 2019, lequel a atteint 940 M€. Le groupe réalise depuis ces cinq dernières années une progression de 30% de son activité, alors que selon les mots du PDG, « cette période a été pourtant compliquée dans nos métiers. Nous avons renforcé, à l’époque, nos outils logistiques et organisationnels au lieu de nous focaliser sur la croissance. » La balance s’inverse, reste à savoir à quelle vitesse le secteur de la construction, colloraire à son activité, se remettra de la crise dans les trois prochaines années…