Une entreprise Avallonnaise redonne le sourire au monde

Poussée par la crise sanitaire, l’entreprise Simon à Avallon créé une première mondiale : un masque transparent, 100 % recyclable et réutilisable à l’infini. 

Si la crise sanitaire met en évidence la fragilité économique des entreprises françaises, elle est, pour quelques unes d’entre elles, source d’innovation et de réinvention : « En mars, je me suis fait contrôler par un gendarme qui n’était pas masqué et j’ai trouvé ça anormal, explique Christophe Bertrand, président de Simon SA. Le lendemain, j’ai appelé nos partenaires. Deux jours après, nous déposions le brevet à l’INPI ». Spécialisée depuis 1962 dans la petite maroquinerie plastique (pochettes de CB, de cartes grises… ), l’entreprise a dû remettre en question son savoir-faire : « Les premiers essais effectués n’étaient pas concluants : allergies, odeur du plastique, confort, souplesse… étaient des éléments que nous n’avions pas à prendre en compte jusqu’à maintenant. Il a fallu reconsidérer notre savoir et développer une matière qui n’existait pas ». Et il aura fallu deux mois, avec l’aide de la région, de la CCI de l’Yonne et des banques pour que le premier masque, conforme aux Directives européennes Reach sorte des chaînes de production sous le nom d’ESP (Écran stop postillons). En développant ce produit dans l’urgence, Christophe Bertrand crée aussi un précédent : « Il n’existe pas de normes européennes régissant ce type de produit. Nous avons dû faire appel à deux cabinets spécialisés pour créer une nouvelle norme basée sur l’existant ».

Une opportunité qui a aussi un coût en R&D et en temps et qui pose la question de l’avenir. Pour le président de Simon : « La Covid-19 a radicalement modifié nos modes de protection et cela restera. J’espère que nous n’aurons pas d’autres épidémies mais les risques de mutation du virus sont là. Mais demain, les gens qui ont une grippe ou une gastro auront le réflexe de porter un masque. Le masque va devenir, comme en Asie, un moyen de protection usuel contre les maladies ». Si cela ne réjouit certes personne, Christophe Bertrand croit à un développement international de son invention. Aujourd’hui, la Suisse, le Danemark, les pays du Golfe ou les USA qui lui ont consacré un article sur la radio nationale publique (NPR), semblent confirmer le potentiel international de l’ESP. À cela plusieurs raisons. Économiques – l’ESP est vendu à partir de cinq centimes d’euros, ce qui en fait le moins cher du marché – écologique puisque réutilisable sans limite. Mais il répond surtout à une autre problématique mise en évidence depuis le début de la crise sanitaire bien plus subjective, le lien social. Isolement des personnes sourdes ne pouvant lire sur les lèvres, effets psychologiques, apprentissage du langage chez les enfants, en inventant le premier masque transparent, les 17 employés de la petite entreprise Avallonaise ont surtout permis de redonner le sourire dans une période où la relation humaine a rarement été mise à telle épreuve.