Une commission prospective parrainée par Jean Tirole pour esquisser l’avenir de la métropole

De gauche à droite, Jean Tirole, président d’honoraire de TSE, prix Nobel d’économie 2014, Marion Guillou, présidente d’Agreenium, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la Métropole, et Bertrand Monthubert, conseiller régional.

16 personnalités qualifiées aux profils très variés vont réfléchir à l’après Covid-19.

Alors que l’aire urbaine toulousaine est lourdement et durablement affectée par la crise du Covid-19, une commission est chargée de réfléchir à la mise en place d’une nouvelle « stratégie économique », une démarche initiée par le maire de Toulouse et président de la Métropole, à laquelle, la Région, autorité responsable du développement économique, est associée. Le 8 juin, en marge de la présentation du plan de relance de l’économie pour la Métropole, Jean-Luc Moudenc avait en effet annoncé son intention de « mettre en place une démarche prospective », en confiant à une « commission d’experts indépendants, de haut niveau et qualifiés » la charge de mener « une réflexion stratégique sur l’économie toulousaine et les emplois de demain ». Fraîchement réélu au Capitole, l’édile a donc présenté le 8 juillet la composition de cette commission de prospective économique et précisé sa vocation. Parrainée par Jean Tirole, le prix Nobel d’économie 2014, président honoraire de TSE, la Mission Toulouse Territoire d’avenir est présidée par Marion Guillou, polytechnicienne, à la tête de l’Institut agronomique vétérinaire et forestier de France, Agreenium. Cette commission, qui a débuté ses travaux le jour même, outre ces deux personnalités, se compose de 14 membres: Pierre-Benoît Joly, président du centre Inrae Occitanie-Toulouse, Pierre Monsan, biochimiste, fondateur de Toulouse White Biotechnology et DG de Cell-Easy, Perrine Laffont, championne olympique de ski de bosses, Jacques Delpa, économiste, directeur du think tank Asterion, Pierre-Philippe Combes, directeur du groupe d’analyse et de théorie économique (Gate Lyon-Saint- Étienne), André Syrota, président de l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, Cécile Maisonneuve, présidente de la Fabrique de la Cité, think tank des rénovations urbaines, Claudie Haigneré, ancienne ministre, conseillère auprès de la direction de l’ESA, Geneviève Fioraso, présidente de l’Institut Saint-Exupéry de Toulouse, Gilles Goujon, chef triplement étoilé de l’auberge du Vieux Puits à Fontjoncouse, dans l’Aude, Hervé Le Treut, membre de l’Académie des Sciences, Laure Ménétrier, haut fonctionnaire au Conseil général de l’Économie, en charge des RH du corps des Mines, Victor Richon, ingénieur des Mines et Christophe Hemous, économiste au ministère de l’Économie et des Finances.

Ces personnalités aux profils éclectiques devront plancher sur cinq thématiques : l’emploi industriel, la formation et l’apprentissage, l’innovation, l’aménagement, et, dernier secteur jugé prioritaire, la gastronomie, la culture et le tourisme. Un premier rapport d’étape devrait tomber sur le bureau du président de Toulouse Métropole d’ici la fin septembre.

Alors que la Région s’apprête à lancer son Green New Deal « pour construire collectivement un nouveau modèle de développement plus juste et durable », « le regard d’une commission indépendante sera particulièrement utile », a affirmé pour sa part Bertrand Monthubert, conseiller régional, représentant la présidente Carole Delga, notamment pour évaluer « les forces sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour organiser cette transition ».

UN REGARD NEUF

De son côté, le parrain de la mission, Jean Tirole a précisé sa vocation. Il s’agit « d’établir des bases de travail pour un rebond, avec tous les bémols qui conviennent, puisque le temps imparti est limité. » « En deux ou trois mois, appuie-t-il, on ne va pas faire un tableau très précis des forces et des faiblesses.

On pourra indiquer des pistes et aussi une éthique et une méthodologie d’évaluation. » Or, poursuit-il, « le problème c’est qu’il faut aller vite. Si on n’a pas de méthode et de stratégie, on va dépenser n’importe comment et, par exemple, sauvegarder des emplois qui dans deux ans seront supprimés plutôt que de sauver des emplois d’avenir. Il faut donc bâtir une gouvernance, un processus, construire des candidatures crédibles aux différents plans de relance qui vont être construits et gérer les deniers publics de façon respectueuse de leur finalité. »

Même prudence du côté de la présidente de la mission, Marion Guillou. « On a cherché à réunir des compétences, des gens qui pensent en dehors de la boîte, pour proposer des pistes, des perspectives au-delà de la crise, en termes d’investissements, de manière de s’organiser collectivement… mais il faut être modeste ». Quatre réunions sont programmées d’ici fin juillet.