Delphine HéritierUne avocate bien dans son temps

Aujourd’hui associée avec Loïc Duchanoy dans le cabinet LDH Avocats, Delphine Héritier exerce son métier avec beaucoup de passion et aime tout particulièrement son indépendance.

Avocate au Barreau de Dijon depuis 2000, elle s’est spécialisée dans le droit bancaire et le recouvrement de créances après un passage par le droit des affaires. Aujourd’hui, Delphine Héritier est associée dans le cabinet LDH Avocats.

Depuis plus de trente ans, Delphine Héritier rêve de devenir avocate.

« Dès l’adolescence, je savais que c’était le métier que je voulais exercer… Comme aujourd’hui encore, le métier d’avocat était très présent dans les films et les séries et je lisais aussi beaucoup. J’ai découvert ce métier à travers des livres et des articles de presse et je voulais faire comme dans les films et les séries, défendre le pénal, défendre l’orphelin et la personne en difficulté… Tout l’inverse de ce que je fais finalement », confie-t-elle, le sourire aux lèvres. C’est donc avec passion et vigueur que la jeune adolescente s’est lancée dans la découverte de cet univers. « J’ai cherché à rencontrer des avocats pour savoir ce que c’était vraiment et j’ai fait un premier stage dans un cabinet qui m’a confortée dans cette idée. » Au grand dam de sa mère qui aurait souhaité un autre avenir pour sa fille. « Elle me disait que ce n’était pas un métier de femme… elle voulait que je sois institutrice. J’ai bien tenté le concours pour lui faire plaisir, mais j’ai finalement échoué et je me suis orientée vers des études de droit, complète-t-elle. Je me suis dit que dans le pire des cas, si je ne pouvais devenir avocate, ces études seraient suffisamment ouvertes pour que je trouve un domaine qui m’intéresse ».

DU DROIT FISCAL AU DROIT BANCAIRE

Issue d’une famille totalement étrangère au juridique, Delphine Héritier souhaitait plus particulièrement devenir indépendante et gérer beaucoup de choses toute seule. « Arrivée dans la profession, j’ai compris ce que voulait me dire ma mère.

Dans les années 1990, il n’y avait encore que peu de femmes avocates. Si la première femme au Barreau est arrivée dans les années 1960, la profession s’est surtout féminisée à la fin des années 1990 et au début des années 2000. C’était et c’est encore un rythme de travail et des engagements qui peuvent en effet faire peur… On se demande si on aura encore du temps pour une vie de famille… », observe-t-elle. Finalement diplômée d’un master en droit privé et titulaire de son certificat d’aptitude à exercer la profession d’avocat, la jeune avocate dijonnaise réfléchit un temps à rejoindre son mari en Alsace. « Mais c’était trop compliqué, je ne maîtrisais pas du tout le droit mosellan », détaille Delphine Héritier. Elle prêtera finalement serment devant le Barreau de Dijon avant d’intégrer un premier cabinet spécialisé dans le droit des affaires et davantage orienté contentieux fiscal. « J’aime les chiffres et j’aime jouer avec, confie-t-elle. Je suis resté un peu plus de trois ans dans ce cabinet en tant que collaboratrice. la matière m’intéressait, mais c’était un cabinet affairiste et je ne trouvais pas spécialement ma place et mon épanouissement professionnel ». C’est finalement à l’arrivée de son premier fils que Delphine Héritier a pris la décision de quitter ce cabinet pour rejoindre la SCP Berthat-Schihin-Duchanoy. « Les deux anciens associés préparaient leur départ, j’avais déjà côtoyé Loïc Duchanoy à la fac pendant nos études et j’avais déjà réalisé un stage quelques années auparavant dans ce cabinet. Je suis arrivée collaboratrice et au bout de quatre ans, je suis devenue associée. » C’est à ce moment-là que le cabinet, devenue depuis LDH Avocats (pour Loïc Duchanoy et Delphine Héritier), s’est orienté vers le droit bancaire. « C’est une matière essentiellement juridique et technique et intellectuellement intéressante et épanouissante. Je me suis sentie bien et ça me plaisait plus que du contentieux familial ou pénal, explique-t-elle. Quelque part, le droit bancaire et le recouvrement de créances me permettaient d’exercer mon métier d’avocate davantage le nez dans des dossiers qu’en plaidoirie… Je n’ai jamais été inspirée par les assises ». Une matière et un métier que Delphine Héritier dit aimer et qu’elle décrit comme relativement social. « Certes, je saisis des biens immobiliers et je les vends à la barre du tribunal, mais je fais tout pour éviter de les vendre… » Aujourd’hui, le cabinet LDH Avocats est composé de deux avocats associés et deux collaboratrices, ainsi qu’un pôle secrétariat comptant quatre secrétaires dont une avec une appétence particulière pour les formalités.

UNE PROFESSION EN PLEINE RÉFORME

« J’aime mon métier… C’est un métier que l’on peut faire que si on l’aime. C’est un métier ingrat, mais si c’était à refaire, je re-signerais sans hésiter », confie Delphine Héritier, qui n’hésite pas à le recommander aux jeunes malgré quelques incertitudes quant à l’avenir. « On ne sait pas ce que va devenir le métier d’avocat, dans les deux prochaines décennies. Tous les métiers du droit pourraient bien finir absorbés et fusionner pour ne faire plus qu’un. C’est actuellement déjà le cas des huissiers et des commissaires-priseurs. À termes, nous pourrions bien être amenés à fusionner, soit avec les notaires, soit avec les huissiers… Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura toujours besoin de défendre en pénal les personnes poursuivies. Mais on nous annonce la justice prédictive… Notre métier est à réinventer », imagine-t-elle. Avant la crise sanitaire, la profession était en grève contre la réforme des retraites. Entre temps, Éric Dupond-Moretti a été nommé ministre de la Justice. « La personnalité de notre nouveau garde des sceaux est clivante, on le sait. Il a forcément des défauts, commente Delphine Héritier. Toutefois, avoir un avocat à cette place, c’est aussi avoir quelqu’un qui connaît les prétoires, les tribunaux et les prisons. Il va pouvoir amener au niveau de la chancellerie les informations remontées du terrain que nous n’arrivions pas à faire remonter jusqu’à maintenant. Ce n’est pas la première fois qu’un avocat est nommé ministre de la Justice et généralement, ça apporte beaucoup à la société et notamment à l’évolution de cette dernière ». Sur la réforme des retraites et pour la profession en général, Delphine Héritier espère beaucoup. « Il devrait pouvoir entendre la profession. Il sait que notre régime est totalement autonome et indépendant, qu’il se gère tout seul et qu’en plus il est solidaire puisque nous reversons une partie de nos cotisations aux autres régimes. Ce n’est ni un régime dérogatoire ni un régime spécial et je pense qu’il saura faire la différence », estime-t-elle.

Parcours

1973 Naissance le 7 novembre à Dijon.
1998 Delphine Héritier réussit l’examen d’entrée au Centre régional de formation de la profession d’avocat et en sort l’année suivante diplômée d’un certificat d’aptitude de la profession d’avocat.
2000 Elle prête serment devant le Barreau de Dijon en juillet et intègre un premier cabinet spécialisé en droit fiscal.
2004 Un an après la naissance de son premier fils, elle intègre la SCP Berthat-Schihin-Duchanoy.
2008 Delphine Héritier devient associée, deux ans après la naissance de son second fils.
2018 Avec son associé, Loïc Duchanoy, ils se séparent officiellement d’avec leurs anciens associés et deviennent propriétaires de leurs locaux rue de l’École de droit.