C’est inédit dans le secteur. La Coopérative de l’Immobilier veut réguler les aléas de revenus des propriétaires bailleurs et répondre aux difficultés d’accès au logement.
La première société coopérative en gestion et transaction immobilière de l’Hexagone a pris ses quartiers à Toulouse en mai 2017, orchestrée par des propriétaires bailleurs. Adoptant le modèle de l’économie sociale et solidaire, cette structure a pour vocation d’apporter une meilleure protection aux propriétaires de plus en plus frileux, la faute aux impayés et à une vacance locative qui touche plus de 50 000 logements en Haute-Garonne.
L’initiative a germé, grâce à cinq associés, désireux de bousculer les codes du marché. « Cette coopérative est née d’un mécontentement global vis-à-vis de l’offre existante, comme une mauvaise gestion, des facturations annexes excessives et d’un constat alarmant : les impayés et la vacance locative sont une plaie », explique Vincent Borrel, président de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), propriétaire et cadre dans le médico-social.
De fait, le marché toulousain, où le nombre de petites surfaces ciblant les étudiants a explosé, offre un bilan mitigé : un délai de relocation atteignant 64 jours contre 33 jours à Bordeaux, une explosion de la colocation, un taux de rotation élevé, estimé à 18 mois contre cinq ans en moyenne pour les T4. Par ailleurs, le poids des baux meublés (40 % des locations) contribue également à l’augmentation des loyers.
La coopérative entend donc réguler le marché de manière originale. « Tous les mandats de gestion sont assortis d’une garantie de loyers impayés. Notre leitmotiv est de trouver des solutions pour assurer une meilleure gestion et offrir des services adaptés à des prix acceptables ». La structure fait aussi appel à un service d’assistance sociale pour apporter une solution aux impayés avant une déclaration de sinistre et conseille les propriétaires pour éviter la vacance locative. « Contrairement aux agences classiques qui ont besoin de rotations pour assurer leur santé financière, nous préférons une stratégie sur le long terme, bénéfique aux bailleurs, avec des loyers plus modérés », insiste-il.
Sachant que plus d’un cinquième de la population en France est concerné par des difficultés d’accès au logement, la SCIC souhaite également répondre à cette problématique. « Notre force, c’est que nous pouvons renégocier la couverture d’assurance pour que le taux d’effort soit accessible pour un grand nombre de ménages. Actuellement avec un taux d’effort de 37 % des ressources, cela reste compliqué ».
La coopérative fonctionne pour l’instant grâce au marché des transactions. « Nous n’avons que 45 lots en gestion. Il faudrait atteindre 120 lots l’an prochain car la gestion locative apporte un fonds de roulement ». Comptant désormais une trentaine d’associés, l’agence souhaite couvrir toute la France. « Sachant que le marché immobilier est très inégal selon les villes, nous souhaitons voir naître d’autres regroupements », précise Vincent Borrel avant d’ajouter : « Tout le monde peut adhérer. 25 € suffisent pour apporter sa pierre à l’édifice ».