Une activité coupée en deux

Vincent Contal et son épouse, devant leur boutique située à proximité de leur exploitation.

Si pour beaucoup, l’activité est à l’arrêt, pour d’autres, sur certains secteurs, elle s’est amplifiée. Vincent Contal fait partie des deux catégories.

C’est de son tracteur, alors qu’il est en train de planter les semis de sa production de lentilles que Vincent Contal répond à notre interview. Pour cet agriculteur de Banogne-Recouvrance, dans les Ardennes, son activité lui permet de déjouer le confinement. Car Vincent Contal produit, grâce à ses céréales et ses lentilles, un produit de première nécessité : la farine. Et pas n’importe laquelle, une farine sans gluten et bio qui nécessite des aménagements drastiques. « Grâce à une caméra trieur optique couleur, les graines sont sélectionnées pour ne garder que celles qui sont sans gluten. Elles vont ensuite être stockées dans un bâtiment particulier pour que, même les poudres dans l’air ne se mélangent pas. » Depuis un mois, son chiffre d’affaires a été multiplié par deux. « La farine est un produit très demandé tout comme les lentilles, en cette période de crise sanitaire. » Outre la farine, Vincent Contal produit une huile de cameline. Ses produits sont distribués dans des épiceries fines et bio.

LA BISCUITERIE À L’ARRÊT

En revanche, son activité de biscuiterie est totalement à l’arrêt. Lancée en décembre, celle-ci avait démarré sur les chapeaux de roue avec une progression de plus de 100% chaque mois. « Nous avions déjà 50 points de vente, une trentaine en région parisienne et 20 en local, à Reims, Rethel ou Charleville. Mais depuis mars, nous avons arrêté notre production. »

Deux raisons à cela : l’utilisation de matières premières périssables comme le beurre, que Vincent Contal ne peut pas stocker éternellement et les enseignes de produits fins qui ont fermé. « De toutes façons, pour raisons de sécurité, comme j’ai des problèmes de santé, je ne fais plus de livraisons en région parisienne.» L’activité de food-truck où il fait déguster ses produits, avec des galettes et crêpes par exemple est également à l’arrêt. « Juin, on n’y croit plus, on a eu de nombreuses annulations. Ça représente une perte de 7 000 euros, on espère une reprise en juillet », livre Vincent Contal.

Pour autant, son activité commerciale continue puisqu’il vient de signer un partenariat avec une entreprise belge qui distribuera ses farines et biscuits, même si au mois de mars, elle ne représentait « que 10% du chiffres d’affaires tel qu’il devrait être. » Toutefois, Vincent Contal essaie de voir du positif dans la situation : « Peut-être que cette crise sanitaire permettra de prendre conscience du fait que l’on a besoin des producteurs locaux et de savoir d’où viennent les matières premières, de qualité. »