L’année 2019, dans les Ardennes aura été dominée par l’annonce de l’implantation d’une nouvelle maroquinerie Hermès (250 emplois à la clé) et la signature du pacte Ardennes 2022, un dispositif à l’origine de nombreux projets.
HERMES CONFIRME UNE DEUXIÈME IMPLANTATION
La nouvelle avait « fuité » dès le mois de juillet et elle a été confirmée le 14 octobre par le géant français du luxe de son siège parisien. Déjà présent depuis 2007 à Bogny-sur-Meuse (290 salariés dont 85% d’emplois féminins), le groupe Hermès a décidé de créer d’ici 2022 une seconde maroquinerie dans les Ardennes. Celle-ci sera érigée sur la zone Ardennes Emeraude qui n’avait pas connu de grosses implantations depuis plusieurs années.
Gérée par la Chambre de commerce et d’industrie des Ardennes sur le territoire des deux communes de Tournes et Cliron, cette zone industrielle permettra à Hermès de disposer d’un terrain de cinq hectares esseulé, situé face à la Buvette et Rotoplus. À terme, 250 artisans seront appelés à travailler à la fabrication de sacs sur ce site. 40 d’entre-eux seront formés à partir du 1er mars 2020 par les actuels salariés de la Maroquinerie des Ardennes de Bogny-sur-Meuse dans des locaux provisoires situés sur la zone Activence à Charleville- Mézières.
Ce bâtiment de 2 366 m2 divisé en plusieurs cellules sera loué et mis à disposition du fleuron du luxe par la société d’équipement et d’aménagement Protéame. C’est là que, tour à tour, deux promotions de 40 selliers-maroquiniers s’aguerriront aux techniques artisanales du travail du cuir avant d’entrer en production pour la réalisation quotidienne de sacs de luxe.
Hermès fera lui-même son recrutement avec l’aide de la direction territoriale de Pole Emploi. Boostée par son activité-phare, la maroquinerie-sellerie, Hermès conforte ainsi sa présence dans les Ardennes en y renforçant ses capacités de production. Fidèle à sa politique de maillage territorial, il est même d’ores et déjà acquis qu’un troisième atelier de production viendra s’ajouter aux deux premiers créés dans le même département.
UN PACTE PORTEUR D’ESPOIRS
Signé le 14 mars 2019 par Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités locales, et Agnès Buzyn, ministre de la Santé, le Pacte Ardennes 2022, piloté par l’État, est destiné à désenclaver et faire rebondir les Ardennes qui avaient perdu 8 000 emplois entre 2008 et 2016 tout en accusant une perte de 3,6% d’habitants. Il a incontestablement eu un effet booster en proposant des actions sur de nombreuses thématiques. Après le travail réalisé en amont par 500 Ardennais qui ont formulé des propositions pour donner une nouvelle attractivité à leur département, l’État a affiché sa volonté d’aider les Ardennes en transformant les projets en actions.
Beaucoup de mesures ont déjà été actées dans différents domaines lors des sept réunions du comité directeur du Pacte Ardennes avec la volonté de faire du département un pionnier dans la création d’unités de production de biométhane et le premier territoire inclusif du Grand-Est. Le développement de l’enseignement supérieur, l’accompagnement de la croissance de la plateforme « Platinium 3 D » , le développement de l’énergie solaire, la création d’une société d’économie mixte pour le développement d’énergies renouvelables, l’allongement du réseau de la voie verte, la création d’une légumerie départementale collective au collège Le Lac, la mise en œuvre d’une politique de résorption des friches industrielles, l’extension du Parc Argonne Découverte, le renforcement de l’attractivité du château-fort de Sedan, l’émergence de plusieurs pôles de santé, sont autant de pistes travaillées.
D’autres projets sont en réflexion comme l’installation d’un casino à Sedan, l’ouverture d’un collège du XXIe siècle, la mise en place d’un centre de formation avec la contribution d’EDF ou l’accueil d’une école d’intelligence artificielle sur le territoire d’Ardennes Métropole, la création d’une pépinière d’entreprises agricoles et d’un Institut Européen de la gastronomie et du tourisme.
Le pacte Ardennes a par ailleurs permis de se positionner sur l’implantation d’un établissement pénitentiaire expérimental centré autour du travail à Donchery et d’expérimenter des dispositifs comme les emplois francs, le Service national universel, le Pass Culture, les cours criminelles, la création de Maisons France Services.
D’autres bonnes nouvelles…
Arrivée d’Agronutris à Rethel (n°7839)
Agronutris, entreprise liée à la biotechnologie et spécialisée dans l’élevage et la transformation d’insectes va créer un site industriel de grande envergure sur la zone d’activité de Rethel. Une usine qui produira chaque année plusieurs milliers de tonnes de larves de mouches destinées à la nutrition des poissons d’élevage (saumon, truite, bar, daurade… ) et des animaux de compagnie mais aussi à fournir un fertilisant bio. Cet élevage à échelle industrielle débouchera à l’horizon 2022 sur la création de 35 à 45 emplois qualifiés, à savoir dix cadres (RH, direction, qualité), dix techniciens de maintenance (nettoyage et logistique interne) et une vingtaine d’opérateurs.
PSA investit 30 M€ et créé 80 emplois (n°7802)
Premier employeur privé de Champagne-Ardenne avec actuellement 1 760 salariés, dont 400 intérimaires, l’usine carolomacérienne de PSA a été créée en 1974. Elle réalise un chiffre d’affaires de 240 millions d’euros, fabrique 10 000 culasses par jour et globalement 13,6 millions de pièces toutes confondues par an. PSA a investi 30 millions d’euros et créé 80 emplois dans sa fonderie des Ayvelles où elle avait déjà étoffé ses effectifs de 27 salariés en 2017 et 60 en 2018.
Cristaline augmente sa production de bouteilles (n°7825)
La SA Roxane, spécialisée dans la fabrication d’eau embouteillée et employant 65 salariés, a quant à elle investi, durant l’été, plusieurs millions d’euros dans une cinquième ligne de production complète à Jandun où la source Aurèle créée en 1996 produit plusieurs centaines de millions de bouteilles.
Poids lourd du groupe Roxane, la Source Aurèle produit plusieurs centaines de millions de bouteilles.
Elle vend essentiellement du premier prix sous la marque Cristaline et des marques distributeurs à destination de grands distributeurs : Lidl, Aldi (France), Delhayz et Colruyt (Belgique).
Walor investit 4,5 M€ et relance les Janves (n°7803)
Leader européen de la fabrication de bielles pour l’industrie automobile, les Ateliers des Janves ont connu des années difficiles au point de ne plus connaître le moindre investissement depuis 2015 puis d’être placés en redressement judiciaire. Repreneur des Ateliers des Janves à Bogny-sur-Meuse (216 salariés) et d’Ardennes Machining Industries à Vouziers (104 employés), le groupe Walor a tenu ses promesses en injectant 4,5 millions d’euros et 500 000 euros dans les deux unités de production ardennaises.
Nexans investit 1,5 M€ à Fumay (n°7805)
Malgré des effectifs à la baisse (disparition de onze postes de travail), le groupe Nexans a investi 1,5 millions d’euros à Fumay dans une nouvelle ligne de production destinée à augmenter la capacité de son unité ardennaise. Mise en service au printemps, cette chaîne doit permettre à l’usine de la cité de l’ardoise (147 salariés) de fabriquer 30.000 kilomètres de câbles supplémentaires en 2020.
Vivescia modernise son silo de Givet (n°7799)
Vivescia a injecté 3 millions d’euros pour moderniser son silo de Givet situé près du port afin de lui permettre d’exporter 250 000 tonnes de produits par an et ainsi de répondre aux besoins des malteries belges.
Concept Iton investit 2,8 M€ (n°7813)
Aux Mazures, Concept Iton (12 salariés), expert en conception d’outillages de forge et de pièces pour l’industrie métallurgique, a investi 2,8 millions d’euros.
Sauvetage de Drumel et de SAMB (n°7835)
Notons aussi les sauvetages de la SAMB (122 salariés à Charleville-Mézières) et de l’entreprise Drumel (34 salariés à Bogny-sur-Meuse), deux PME qui après avoir été menacées de liquidation ont été reprises par le Marnais New Cap et le solide groupe haut-marnais Somborn Lang Ferry.
EGI-KLUBB double ses effectifs (n°7811)
Tout près aussi de la disparition en août 2018, EGI sauvé par Klubb Group à la barre du tribunal de commerce de Paris a depuis récupéré deux nouvelles activités dans ses locaux des Ayvelles : la fabrication de nacelles sur poids lourds auparavant exécutée à Croissy-Beaubourg et surtout le développement d’un nouveau produit : les vans aménagés de type grand monospace conçus sous la marque Klubber. Résultat : EGI-Klubb a passé ses effectifs de 34 à 62 salariés.
Ouverture de 3D Métal Industrie (n°7831)
Ouverture de 3D Métal Industrie, fondée grâce à l’association de six fondeurs ardennais et qui conçoit des moules de sable et de fonderie via l’impression 3 La TPE a lancé son activité dès juillet, sur une partie de l’ancienne usine Lefort au Val-de-Vance à Charleville-Mézières, avec un capital de départ de 440 000€. L’entreprise ardennaise a enregistré ses premières commandes, effectué ses premières affaires et inauguré ses locaux.
Le traiteur Demoizet s’agrandit à Rethel (n°7843)
Présente dans les rayons des plus grandes enseignes de la distribution (Carrefour, Leclerc, Intermarché, Cora…), cette institution ardennaise produit chaque année 500 tonnes de boudin blanc, dont 6 tonnes par jour en fin d’année. La société Demoizet finalise, donc, l’achat d’une parcelle de quatre hectares sur laquelle elle érigera un bâtiment de 3 200 m2. Cet ensemble comprendra des bureaux des locaux sociaux, des vestiaires, des salles de pause et de réunion, un entrepôt de stockage et bien sûr l’atelier de fabrication qui occupera lui seul un espace de 2 200 m2.
Quelques ombres au tableau…
Seules ombres à ce tableau largement positif : les 46 suppressions de postes annoncées à Vivier-au-Court et Donchery au sein d’Invicta Group, leader européen sur le marché du chauffage au bois. La liquidation aussi de Moquettes et Sols de France et de sa filiale Supports Ardennes Industries à Glaire (38 licenciés) ainsi que d’Era Sun, Sarl spécialisée dans la conception, la fabrication et la vente de systèmes solaires et implanté au village PME de Douzy (7 licenciés). Sans oublier la relocalisation sur la nouvelle zone industrielle de Toulouse de la filiale rethéloise d’Aertec qui travaillait dans les rideaux plissés pour l’aéronautique.