Un vent nouveau pour le bien-être intérieur

Bérénice Rivayran, directrice de Tradidemeures, présente un des capteurs, composant du dispositif de ventilation « intelligente » qui équipera la maison expérimentale. (Photo : JDP)

Le constructeur de maisons de Saône-et-Loire Tradidemeures, filiale du groupe Moyse, a pu présenter un projet inédit de maison santé et bien-être au ministre de la Ville et du Logement. Au cœur du concept : le système de ventilation.

Ce n’est pas tous les jours qu’on est reçu par un ministre. Pour Tradidemeures, ce fut le 16 juillet : ce jour-là, les représentants de cette PME de Saône-et-Loire, filiale du groupe régional Moyse, ont pu rencontrer Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, à Paris. Cette rencontre s’inscrivait dans le contexte de la loi pour un État au service d’une société de confiance (Essoc), promulguée il y a un an. Cette dernière vise notamment à simplifier et assouplir les normes de construction, en autorisant certaines pratiques, à condition qu’elles prouvent leur efficacité. Une opportunité dont s’est saisie Tradidemeures, implantée à Saint-Loup de Varennes, au sud de Chalon-sur-Saône. Avec deux de ses partenaires fournisseurs, la société belge Renson, spécialisée dans les systèmes de ventilation, et Bastide & Bondoux, bureau d’études expert des questions thermiques en habitat installé dans le Rhône, elle a mis au point un concept de maison santé et bien-être qui a fait l’objet de la présentation au ministre. Le but étant d’en démontrer l’intérêt en haut lieu, par l’entremise du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE). Ce projet sera également présenté, au mois de novembre, à Chypre, dans le cadre du challenge des Constructeurs et aménageurs de la Fédération française du bâtiment (LCA-FFB), car il s’inscrit dans l’appel à projet lancé par la FFB auquel Tradidemeures a répondu en juin. Qu’en est-il exactement ?

AMÉLIORER LA NORME

« Grâce à loi Essoc, souligne Bérénice Rivayran, directrice de Tradi-demeures, nous avons obtenu un permis d’expérimenter. Notre projet doit participer à l’amélioration de la Réglementation environnementale 2020 » (RE 2020 qui fixera les niveaux de performances énergie et carbone de tous les bâtiments neufs et à la conception de laquelle les constructeurs sont associés NDLR). Cette maison santé et bien-être, elle n’existe pas encore : sa construction, dans le village de Granges, au sud-ouest de Chalon-sur-Saône, doit démarrer en septembre. Ses futurs propriétaires sont un couple dont le mari est en fauteuil roulant. « Ce que nous allons tester dans cette maison, qui devrait être livrée en juin 2020, poursuit la directrice, c’est un système de ventilation dans les chambres. En France, actuellement, la législation n’impose de la ventilation que dans les pièces dites « humides ». Cette idée, nous l’avons eue en réponse à un constat. Les statistiques démontrent qu’à la suite de la mise en place de la norme Résistance thermique 2012 (RT 2012), qui a été porteuse de progrès en matière d’économie d’énergie, les qualités d’isolation ont eu un effet pervers : l’air intérieur est souvent plus pollué que celui de l’extérieur, entre le CO2 que notre respiration produit et la présence de Composés organiques volatils (COV) ». En parallèle de ce constat, un autre s’impose : les systèmes de ventilation ont peu évolué ces dernières années et les problématiques de qualité de l’air intérieur se traduiraient par le développement de pathologies de type bronchiolite, et d’arrêts de travail représentant un coût pour l’État estimé à 19 milliards d’euros par an. « La solution proposée par notre partenaire, Renson, détaille Bérénice Rivayran, consiste en l’installation d’un groupe de ventilation dans le cellier de la maison plutôt que dans les combles, un groupe « intelligent » qui se déclenche en fonction des besoins, grâce à des capteurs qui détectent le CO2. Le seuil de tolérance quant au taux de COV dans une pièce est fixé, par la législation européenne, à 1 200 Parties par million (PPM). Avec notre système, la ventilation se met en marche dans les chambres dès que ce taux est dépassé ».

GAINES RIGIDES ET PLÂTRE CAPTEUR

Mais le projet de Tradidemeures ne se limite pas à l’action de ces capteurs. Dans la maison expérimentale de Granges, toutes les gaines souples de ventilation que l’on trouve habituellement seront remplacées par des gaines rigides, plus facile à nettoyer et la maison sera équipée de plaques de plâtre développées par Saint-Gobain et qui ont la capacité de capter les COV et de les rendre inertes. « Le but, conclut Bérénice Rivayran, est de rester dans les 1 200 PPM ou en dessous, en permanence. Dès que la maison sera livrée et habitée, des relevés seront régulièrement opérés. Notre objectif final c’est que le gouvernement intègre cette solution dans la future RE 2020… ».

Tradidemeures et le groupe Moyse
Dirigée par Bérénice Rivayran, Tradidemeures est une société qui a été créée en 1986 en Saône-et-Loire. Elle a été rachetée en 2016 par le groupe Moyse, spécialiste de la construction de maisons individuelles né à Etalans, dans le Doubs, il y a plus de soixante-dix ans. Tradidemeures emploie sept salariés et réalise une vingtaine de maisons par an, avec une orientation forte sur les thématiques de qualité de l’air intérieur ou de maison passive (à très basse consommation). La société s’implique également de manière croissante sur les problématiques de maintien à domicile des personnes âgées. Elle peut s’appuyer, dans tous ces secteurs, sur les services Recherche & Développement (R&D) du groupe Moyse, reconnu pour ses capacités d’innovation.

À Saint-Loup de Varennes, en Saône-et-Loire, Tradidemeures s’inscrit parfaitement dans la logique d’innovation permanente liée au bien- être intérieur, propre au groupe Moyse. (Photo : JDP)