Un plan de 6,5 Mds€ pour favoriser l’emploi des jeunes

Inciter les entreprises à recruter et former les jeunes et ce malgré les incertitudes économiques, c’est l’enjeu du plan #1jeune1solution, présenté le 23 juillet par le Premier ministre. Objectif : éviter les pénuries d’emploi et de compétences au moment de la reprise. Un premier décret vient de paraître pour la mise en place des nouvelles aides à l’embauche.

Ils étaient jusque-là les grands oubliés des différents dispositifs de soutien alors qu’ils sont « touchés de plein fouet » par les conséquences sociales et économiques générées par l’épidémie de coronavirus : les jeunes bénéficient, à leur tour, d’un plan d’accompagnement. Dévoilé fin juillet par le Premier ministre, il constitue le premier volet du plan de relance élaboré par le gouvernement.

750000 jeunes devraient en effet arriver en septembre sur le marché du travail alors que se profilent d’importants plans sociaux dans les secteurs d’activité les plus touchés par la pandémie. Difficile pour eux dans ces conditions de s’insérer dans la vie active. « Nous avons demandé beaucoup de sacrifice à notre jeunesse pendant la crise sanitaire et le confinement pour protéger nos aînés, aujourd’hui il est de notre devoir de leur renvoyer l’ascenseur », explique Élisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, pour justifier les mesures prises dans le cadre du plan #1jeune1solution. Un plan bâti, ajoute-t elle « sur le dialogue et la concertation avec les partenaires sociaux, les entreprises et les territoires ». Doté de 6,5 Mds €, il se décline en trois axes : un volet insertion, un volet orientation et formation et un troisième volet qui vise les jeunes les plus éloignés de l’emploi.

FACILITER L’ENTRÉE DANS LA VIE PROFESSIONNELLE

En vue d’accélérer l’embauche des jeunes, le plan prévoit « une compensation de charges de 4 000 € » pour tout jeune de 16 à 25 ans recruté entre le 1er août 2020 et le 31 janvier 2021.

Concrètement, la mesure se traduit par une baisse du coût du travail pour tout contrat de plus de trois mois, rémunéré jusqu’à deux fois le montant du Smic, signé dans les six mois. Elle prendra la forme d’une compensation versée trimestriellement par l’Agence de services et de paiement pendant un an à hauteur de 4000 €.

Très attendu, le décret instaurant cette aide à l’embauche pour les jeunes de moins de 26 ans est paru le 6 août. L’État espère grâce à ce « coup de pouce » faciliter 450 000 embauches.

Un bonus de 4 000 € supplémentaires est offert aux patrons de PME et TPE pour le recrutement d’un millier de jeunes dans les métiers de la transformation écologique ou bien de la transmission des savoirs numériques sous la forme du Volontariat territorial en entreprise (VTE) « vert », un dispositif porté, depuis 2019, par Bpi-france.

Plébiscité depuis de nombreuses années pour être une voie royale d’accès à l’emploi, l’apprentissage est, lui aussi, favorisé. Une aide exceptionnelle de 5000 € sera en effet versée pour l’embauche d’un apprenti mineur et de 8 000 € pour le recrutement d’un apprenti de plus de 18 ans. Cette aide concerne les contrats préparant à des diplômes de niveau master ou inférieur signés entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021. Ces mesures profitent aussi aux entreprises qui embauchent un jeune sous contrat de professionnalisation pour la préparation d’un diplôme de niveau licence professionnelle ou inférieur.

230 000 contrats d’apprentissage et quelque 100 000 contrats de professionnalisation pourraient bénéficier de ces primes selon le gouvernement.

LE SERVICE CIVIQUE BOOSTÉ

100 000 missions de service civique seront ouvertes en plus des 140 000 déjà programmées en 2020 pour favoriser l’engagement des jeunes au profit du monde associatif. Expérimentées depuis une dizaine d’années, ces missions d’intérêt général de six à 12 mois favorisent l’entrée dans l’emploi ou la formation : 75 % des jeunes ayant effectué un service civique ont trouvé un emploi ou une formation quatre à huit mois après la fin de leur mission.

En parallèle, 2000 nouveaux emplois aidés par le Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation priori- taire seront également créés au sein du monde associatif. 2 500 emplois supplémentaires seront également financés dans le monde associatif sportif entre 2020 et 2021.

MÉTIERS D’AVENIR

Le plan du gouvernement prévoit la création de 100 000 formations qualifiantes ou préqualifiantes dans les métiers dits d’avenir que sont la transition écologique, le numérique, le secteur du soin et de la santé. Sont également visés les secteurs dure- ment affectés par la pandémie : le tourisme, l’industrie, l’agriculture et l’agroalimentaire. Sont visés cette fois les jeunes sans qualification ou en échec dans l’enseignement supé- rieur. La formation est financée par le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) et les Régions. L’ensemble de ces offres de formation sera accessible d’ici la fin de l’année via l’application Moncompte-formation. À noter que, dans le seul secteur des soins et de la santé dont on a pu mesurer pendant la pandémie le caractère essentiel, les capacités de formation d’aides-soignants, d’infirmiers et d’auxiliaires de vie devraient doubler dans les cinq prochaines années. Le gouvernement espère attirer 6 000 jeunes vers les formations d’infirmier et 10 000 vers celles d’aide-soignant.

Concernant le numérique, le plan #1jeune1solution prévoit la création de 15 000 pass numériques vers l’emploi. Ces formations certifiantes ont pour ambition de réduire la fracture numérique mise en lumière par le confinement en permettant aux jeunes de tester leurs compétences et le cas échéant de les consolider. En parallèle, le gouvernement veut encourager les formations dispensées dans le cadre de la Grande école du numérique. 20 000 jeunes sans qualification pourraient en bénéficier, notamment dans les quartiers prioritaires de la ville.

Dans l’enseignement supérieur, des places supplémentaires seront créées pour encourager la poursuite d’études : 10 000 dès la rentrée 2020 dans les universités et 11 700 dans les lycées pour les formations professionnalisantes du CAP au BTS.

INDIVIDUALISATION DES PARCOURS

Dans le cadre du plan #1jeune1solution, l’État propose en outre d’amplifier les dispositifs d’accompagnement des publics très éloignés de l’emploi déjà existants. C’est le cas du Parcours emploi compétences (PEC). Celui-ci favorise l’insertion en proposant une mise en situation professionnelle dans le secteur associatif ou public doublée d’un accompagnement et d’une formation. 60 000 PEC supplémentaires seront créés en plus des 20 000 déjà programmés. Idem pour le Contrat initiative emploi ou contrat unique d’insertion qui permet à un employeur du secteur marchand de recruter en CDD de plus de six mois ou en CDI une personne rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi et qui bénéficie d’un suivi par un référent chargé de son insertion professionnelle. L’employeur bénéficie à ce titre d’une aide qui peut représenter jusqu’à 8682 €. En 2020, 10 000 nouveaux CIE jeunes pourraient être signés et 50 000 en 2021.

D’autres dispositifs d’accompagnement vers l’emploi devraient en parallèle être renforcés. Telle la Garantie jeunes qui propose aux plus vulnérables un accompagnement intensif combinant expérience professionnelle, conseils, participation à des ateliers collectifs et versement d’une allocation pendant un an. Idem pour le Par- cours d’accompagnement contractualisé vers l’emploi et l’autonomie (PACEA) mis en œuvre par les missions locales. En 2021, 50 000 places supplémentaires en Garantie jeunes devraient être créées en plus des 100 000 déjà lancées. Dans le même temps, 80 000 PACEA supplémentaires seront organisés en plus des 340 000 déjà programmés.

L’Accompagnement intensif jeunes dispensé par Pôle emploi sous la forme d’entretiens et de contacts réguliers qui favorisent l’entrée dans l’emploi sera lui aussi doublé dans les prochains mois. En 2021, 140 000 jeunes devraient en bénéficier contre 70 000 en 2020.

Enfin, le dispositif Sésame qui permet à des jeunes éloignés de l’emploi de décrocher un métier dans le champ du sport et de l’animation, devrait voir ses effectifs portés à 6 000 entre 2020 et 2022, soit 3 000 bénéficiaires supplémentaires.