Stephan OddosUn perfectionniste audacieux

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Lancé très jeune dans le grand bain, ce passionné de design et d’architecture a toujours des idées plein la tête. Et conserve l’envie de les partager.

Dans son showroom 11 boulevard Carnot, on le sent parfaitement dans son élément. Au milieu des meubles design et des objets de déco, Stephan Oddos vit pleinement son rêve, lui qui assure « ne pas avoir l’impression de travailler » malgré les nombreuses activités qu’il gère au quotidien. Il faut dire que le Toulousain a baigné très tôt dans ce milieu, comme Obélix dans la potion magique. Dans sa jeunesse, il accompagne chaque année sa mère, employée d’une entreprise qui vend du mobilier de bureau, des photocopieurs et du matériel informatique, au salon du meuble à Milan. S’il s’imprègne de cette culture, lui est plus branché football et intègre une section sport études.

« J’étais plutôt pas mal mais je n’étais pas prêt à faire les sacrifices. J’aimais sortir, profiter », reconnaît-il. Aussi, quand sa mère décide de créer sa propre structure et lui propose, à seulement 19 ans, d’être associé à 50/50, il se laisse tenter. « Je m’en souviens, j’étais fier. J’étais en terminale mais ce n’était pas très brillant », sourit Stephan Oddos. C’est ainsi que débute son aventure entrepreneuriale.

Car son succès est aussi la preuve que l’on peut réussir dans les affaires sans avoir fait de grandes études. Simple bachelier, il est aujourd’hui, à 52 ans, à la tête d’un groupe qui réalise environ 10 M€ de chiffre d’affaires et compte un peu plus de 50 salariés. « J’ai profité des formations offertes par le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) parce que je me suis vite aperçu que j’avais un trou dans la raquette. J’ai appris avec eux ce que mon fils apprend en école de commerce ». Une manière de combler ses lacunes même si, pendant dix ans, il apprend son métier et forme un binôme complémentaire avec sa mère. Avec ses aptitudes relationnelles, qu’il sait toujours utiliser aujourd’hui, il s’occupe du commercial et de la communication. « Mon père était notre technicien. C’est lui qui a construit la partie logistique de notre affaire ». En 1996, Oddos s’associe avec son concurrent principal, Sébiran, mais le mariage ne dure que deux ans. « Nous avons racheté les parts et, à partir de là, ma mère m’a dit : « Tu gères », se remémore Stephan Oddos. J’ai eu douze ans de formation ».

Depuis, le chef d’entreprise a suivi son propre chemin, désireux dans un premier temps de se développer dans le mode de la maison, qui l’intéressait depuis longtemps. D’abord déclinée au sein d’Oddos sous le nom de 38, comme l’adresse du magasin rue Gabriel Péri, l’activité se déploie boulevard Carnot. Elle prend le nom de Trentotto, trente-huit en italien, pour coller davantage avec l’univers haut de gamme que Stephan Oddos souhaite créer. « Toulouse est une ville qui a du mal à développer le haut de gamme et je ne voulais pas gêner l’activité de bureau d’Oddos. À l’époque, on n’était pas dans la mode de l’aménagement d’intérieur ou du bien-être au travail », souligne-t-il.

Lui a toujours voulu être un précurseur et n’a pas hésité à casser les codes. Très tôt, Stephan Oddos sent que l’on peut rendre le mobilier de bureau « plus sexy, plus fun » et que « les espaces de travail sont de vrais outils de management ». Lors des formations au CJD, au début des années 1990, il se présente déjà comme « générateur de bien-être au travail ». « Si je n’avais pas été entrepreneur, j’aurais aimé accompagner des dirigeants dans l’image globale de leur entreprise », confie-t-il.

Audacieux, il est aussi le premier à créer un showroom avec Trentotto, le premier à installer une boutique rive gauche, avenue de Muret. Par ailleurs, le chef d’entreprise développe petit à petit de nouveaux concepts et élargit sa gamme de produits, proposant des vêtements ou des accessoires, du mobilier de jardin, en plus du mobilier design de marques comme B & B ou Vitra. Pour faire partager sa passion et mettre en valeur les projets qui émergent dans cette ville qu’il aime, Stephan Oddos lance aussi une web TV baptisée Kansei, la sensibilité en japonais. « C’est un média positif pour faire témoigner entrepreneurs et architectes, pour parler d’urbanisme », précise celui qui propose environ deux reportages par mois depuis 2014. En octobre, il organisera à la Halle aux Grains son troisième événement autour du design, de la mode et du management.

Une foule d’activités qui n’empêche pas cet épicurien de profiter des plaisirs de la table et de voyager. « Je suis passionné de design et d’architecture. Vous m’emmenez dans une grande ville et je suis vite en vacances », s’amuse-t-il. Mais, malgré son côté détendu et son sourire, Stephan Oddos n’en reste pas moins un chef d’entreprise soucieux de consolider son groupe. Aujourd’hui, à côté des trois boutiques Trentotto et du Lab’Oddos, il dispose d’un centre logistique à Montaudran, créé en 2014. L’objectif était d’intégrer le service pour faciliter la croissance. « Désormais, tout est vendu, livré et monté par nous, se félicite-t-il. Cela permet de garder le contrôle et de générer de la confiance chez le client ». Il a confié chacune des activités à un manager et supervise l’ensemble, toujours à l’affût des améliorations à apporter, conscient que le retail doit se réinventer. Car, même si cela peut paraître contradictoire avec son côté téméraire, Stephan Oddos est aussi un perfectionniste. « Il faut réfléchir au 2.0 de Trentotto pour 2020. On pourrait parfaire notre stratégie digitale, notamment. C’est indispensable aujourd’hui. J’ai tellement envie que mes magasins soient meilleurs et il y a tellement de choses à faire ».

Mais, par-dessus tout, Stephan Oddos a envie de prendre du plaisir et d’en donner. « Si j’ai multiplié les activités, c’est pour m’amuser ». Porté par son enthousiasme, il ne manque pas d’ambition. Dans l’idéal, il voudrait réunir ces trois boutiques Trentotto dans un même lieu où l’on pourrait boire un café, échanger… Mais c’est un autre univers, qu’il a développé dans son concept store du quartier Saint-Georges qui l’inspire. « J’aimerais être le leader national du cadeau. Une sorte de Leetchi du design, pour faire des cagnottes sur des produits design. Ça vous fait sourire mais pourquoi pas ? » Après tout, oui, pourquoi pas ? La réussite sourit aux audacieux.

Parcours

1986 Obtient le baccalauréat et s'associe à 50/50 avec sa mère Josiane pour lancer Oddos Buro.
1998 Prends les rênes de la société.
2003 Lance Trentotto et ouvre la boutique Le 11 boulevard Carnot.
2012 Kansei TV, web TV consacrée au design et à l'architecture, diffuse son premier reportage.
2014 Crée un centre logistique pour intégrer l'ensemble des services.