Un grand patron français prônant l’échec comme méthode de formation, voilà qui est plutôt iconoclaste. Mais Cyril Grandpierre l’est assurément. Ingénieur de formation, il a travaillé dans des grands groupes, en France et à l’étranger, comme au Japon. C’est lui aussi qui a permis à la PME auboise Dubix, aujourd’hui filiale d’Electrolux, de devenir un leader international des machines de blanchisserie dans le domaine de la santé.
Un parcours hors normes que Cyril Grandpierre retrace dans un livre qui vient de paraître aux éditions Vérone et disponible sur les plateformes en ligne et librairies. Sous le titre « Aventures d’un patron humaniste », cet ouvrage est le fruit de cinquante années d’expériences, de rencontres et d’histoires d’entreprises vécues par l’auteur. Le sous-titre, « éloge de l’échec» apporte un éclairage supplémentaire de la volonté de l’auteur d’écrire un livre à vocation pédagogique. « Ce sont des étudiants de l’UTT de Troyes qui suivaient mes cours qui m’ont demandé de regrouper dans un livre les expériences vécues notamment dans le monde de l’entreprise et les enseignements que j’en avais tiré », rappelle Cyril Grandpierre. Pour les nouvelles générations en quête de sens et de valeurs humaines, les aventures de ce chef d’entreprise font écho à leurs préoccupations. Des histoires qui commencent dans le Sahara par la construction d’un navire à partir de rien et se terminent en Inde par un vieillard aveugle ne possédant pas même sa chemise, qui clame son bonheur de vivre. Entre ces deux récits, l’auteur relate ses aventures d’entreprise sous sa vision humaniste mais aussi sous celle, moins reluisante, des objectifs à atteindre coûte que coûte, des managers sans états d’âme. Une vision des dessous de l’entreprise que Cyril Grandpierre connaît bien pour avoir grimpé les échelons jusqu’à devenir vice-président d’un groupe industriel international. Il évoque les délocalisations, les stratégies d’élimination des concurrents, l’espionnage industriel.
L’auteur consacre aussi une partie du livre à l’innovation. Un sujet qu’il maîtrise parfaitement pour avoir déposé des brevets en tant qu’ingénieur, mais aussi pour avoir assuré le financement de start-up, notamment lorsqu’il présidait Champagne-Ardenne Croissance, un fonds régional de capital risque. L’échec fait partie inhérente du monde de l’innovation. « L’échec est une nécessité mais aussi un marche-pied de la réussite », explique-t-il. À ses yeux, l’innovation doit correspondre à des valeurs telles que la passion, la volonté de changer les choses, et ne surtout pas se résumer à des équations financières et aux levées de fonds. « Pour innover, il faut d’abord écouter les autres », estime-t-il. Tout au long du livre, Cyril Grandpierre distille ainsi des conseils et donne des clés pour mieux comprendre les réalités du monde de l’entreprise. « Mais je n’ouvre pas les portes, c’est au lecteur de le faire », conclut-il. Inspirer sans jamais imposer, suggérer sans jamais contraindre, des qualité propres à un patron humaniste ou à un entrepreneur qui se lance dans l’aventure.