Le bailleur social côte-d’orien Orvitis a annoncé son rapprochement avec Domanys, dans l’Yonne et Grand Dole Habitat, dans le Jura. Un épisode de plus dans la recomposition en cours du paysage du logement social, qui pourrait encore connaître des développements.
L’information a fait l’objet d’une annonce officielle, le 21 janvier, à l’occasion de la présentation des vœux d’Orvitis : le bailleurs social côte-d’orien va s’unir avec ses homologues, Domanys dans l’Yonne et Grand Dole Habitat, dans le Jura. Il s’agit là d’une traduction locale supplémentaire de la vaste recomposition à laquelle le secteur du logement social est contraint, entre réforme des APL et mise en place de la loi Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan). « Tout cela, précise François-Xavier Dugourd, président d’Orvitis, découle d’un contexte financier rendu plus difficile pour le logement social (APL, réduction des fonds propres des bailleurs sociaux, baisse de chiffre d’affaires, augmentation de la TVA…) C’est encore aggravé dans la métropole dijonnaise avec la décision de Dijon Métropole de ne plus soutenir que Grand Dijon Habitat. Il y a d’autre part la loi Elan, avec une disposition importante : la nécessité de rapprochements entre organismes de logement social, avec un seuil minimal de 12.000 logements en-dessous duquel ces rapprochements devenaient indispensables. Avec un parc de plus de 13.000 logements, Orvitis, a priori, n’était pas confronté à cette obligation, sauf que nous avons fait le choix d’anticiper une éventuelle hausse de ce seuil, comme cela à pu s’observer récemment sur les intercommunalités. Par ailleurs, nous avions été sollicités par d’autres organismes ».
DISCUSSIONS BIEN AVANCÉES
Se rapprocher de Domanys et Grand Dole Habitat, c’est aussi pour les dirigeants d’Orvitis, s’allier avec des entreprises aux valeurs communes et qui ne présentaient pas une situation économique trop fragilisée. Avec ces deux bailleurs, les discussions sont aujourd’hui bien avancées mais il n’est pas impossible que le nouvel ensemble soit encore plus élargi, avec d’autres acteurs. «Pour nous, souligne Christophe Bérion, directeur général d’Orvitis, la main est tendue envers des opérateurs qui partagent nos ambitions, nos valeurs, sur le logement social. Nous nous laissons la possibilité de les intégrer d’ici le printemps, mais, d’ores et déjà, sur la base du trio Orvitis-Domanys-Grand Dole Habitat, nous allons lancer des études opérationnelles d’accompagnement, afin de constituer un groupe. Ceux qui souhaite nous rejoindre, c’est maintenant qu’ils doivent le faire ! » La volonté d’élargissement exprimée par Orvitis découle également du constat plus général de recomposition à l’œuvre, conduisant à la constitution d’acteurs puissants (Action Logement, CDC Habitat) et du risque d’isolement ou de fragilisation qui pouvait dès lors se profiler. Le nouveau trio constitué représente un parc de 25.000 logements.
En termes de gouvernance de l’ensemble, une nouvelle entité juridique va être créée, sous la forme d’une Société anonyme de coordination (SAC) qui ne remettra pas en cause les entités existantes. Sa gouvernance n’est pas encore totalement arrêtée, elle fait pour l’instant l’objet de discussions. Ces SAC imposent qu’un certain nombre de compétences soient regroupées, certaines étant obligatoires, d’autres, optionnelles. Le trio devra avoir une vision partagée de ses plans stratégiques pour en consolider un seul et démontrer la viabilité de la nouvelle entité. Autre sujet sur lequel les trois organismes vont devoir rapidement travailler : les politiques d’achats. Il va leur falloir, là aussi, mettre en place une stratégie commune.
POLITIQUE D’ACHATS REPENSÉE
« Avec 25.000 logements, explique Christophe Bérion, nous aurons plus de poids pour peser dans les négociations d’achats et gagner en efficacité et en pertinence, dans l’objectif de préserver le pouvoir d’achat de nos locataires. À plusieurs, nous serons aussi plus en capacité de répondre à des commandes touchant à la diversification de nos activités. Nous ne sommes pas que des constructeurs ou des gestionnaires de logements. Nous nous voyons comme des opérateurs liés à l’aménagement du territoire et nous devons être en capacités de mener des projets du début à la fin, en accompagnant toutes les collectivités, dans les réponses à trouver sur des parcours résidentiels liés à une population extrêmement large dans sa typologie ». Autre sujet d’intérêt commun : celui portant sur les systèmes d’information. Les trois organismes partagent déjà le même logiciel informatique, mais que pourront-ils et devront-ils partager comme informations à travers ce système ? Cela reste à définir et, dans le prolongement se profile également la possibilité de disposer d’un centre unique de relation-client. « Nous voulons mettre en place un contrôle de gestion, conclut Christophe Bérion, afin de rationaliser et de partager différents indicateurs ». À moyen terme, le groupe constitué devra aussi procéder à des arbitrages quant à sa capacité à produire des logements neufs. Là encore, c’est un des éléments de la réflexion en cours. Face à tous ces chantiers, la validation finale devrait intervenir fin 2019 pour une mise en fonction véritablement opérationnelle du nouveau groupe début 2020. « Notre volonté n’est pas de constituer un monstre, précise François-Xavier Dugourd, dans l’unique but de faire des économies. Le lien avec le territoire est une motivation importante à préserver dans cette nouvelle entité ».