Un nouveau parc national qui active déjà l’économie

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Après dix années de préparation, le 11e parc national français voit le jour officiellement.

Dans quelques jours, la parution au Journal officiel d’un décret marquera l’aboutissement d’une dizaine d’années de démarches et de concertation, après l’annonce, en 2009, du projet de parc national. Un long chemin, parfois semé d’embûches, qui aura été indispensable pour que le Parc national de forêts de Champagne et Bourgogne – 240 000 hectares répartis entre le nord de la Côte d’Or et le sud de la Haute-Marne – puisse également devenir un terrain favorable au développement économique d’un territoire qui en a bien besoin. Les acteurs économiques locaux, et notamment les deux CCI de Côte- d’Or et de Meuse Haute-Marne ont travaillé aux côtés du GIP, le groupement d’intérêt public réunissant l’État, les collectivités locales et la société civile autour du projet. Jean-Claude Volot, grand industriel, patron de Dédienne Aérospace, qui est également conseiller économique du GIP, rappelle régulièrement « qu’a l’issue d’une réflexion prospective sur quatre filières clés du bâtiment, de l’agriculture, du tourisme-hébergement et activité de pleine nature, l’ambition fixée est une progression de la population de 3 % à l’échéance de la charte ». Enrayer le déclin démographique et économique annoncé est un challenge vital pour un territoire qui, après avoir perdu un quart de sa population entre 1968 et 2013, risque d’en perdre encore 10 % dans les années à venir si rien ne bouge. Bien évidemment, la diminution continue de l’emploi salarié sur le secteur, avec une baisse moyenne de 12 % entre 2008 et 2016, est une des raisons de ce déclin démographique annoncé.

À cet égard, le parc national est une véritable bouffée d’oxygène, et pas uniquement sur le plan environnemental. « La poursuite et le développement d’activité économique sont parfaitement compatibles avec un statut de parc national », précise Marie Quiquemelle, chargée de mission communication. Pour répondre aux besoins des scientifiques, certaines zones du parc sont « sanctuarisées » et donc incompatibles avec un certain nombre d’activités. En revanche, il sera tout à fait possible d’y poursuivre des activités industrielles et artisanales. Un point très important d’autant que la filière bois ou encore l’exploitation de la pierre restent des activités importantes, notamment dans le Châtillonais. L’attractivité d’un parc national pourrait donc renverser durablement la tendance. Une étude prospective prévoit la création de 6 000 emplois sur le territoire dans les quinze années à venir, notamment dans l’agriculture, le tourisme et le BTP. Les retombées financières pour le territoire sont estimées à 457 millions d’euros pendant la même période.

RETOUR AU PAYS

Le tourisme sera l’un des grands bénéficiaires de la présence d’un parc national, avec un objectif d’au moins 200 000 visiteurs supplémentaires par an, avec une durée moyenne de séjour de deux jours. Une hypothèse haute, basée sur ce qui a été observé dans d’autres parcs nationaux français, laisse même espérer 400 000 à 600 000 visiteurs annuels. Une révolution pour un territoire dont l’activité touristique était aussi en déclin, avec une baisse de 8 % des visiteurs tous les trois ans. Avant même d’être officiellement lancé, la parc suscite l’engouement de porteurs de projets. Près de 80 dossiers ont été déposés dans le cadre d’un appel à projets autour de dix thématiques. La moitié porte sur la création d’activités touristiques mais il y aussi des dossiers agricoles, sylvicoles ou encore relevant de l’artisanat. « Des jeunes qui avaient quitté le territoire pour leur travail reviennent pour y lancer une activité », fait remarquer Marie Quiquemelle. En Côte-d’Or, les agents immobiliers indiquent dans leurs annonces la création du parc national. Un argument qui fait mouche, notamment auprès de jeunes couples sensibles à l’aspect qualité de vie. Enrayer le déclin démographique et repeupler ce territoire, c’est aussi permettre aux communes qui voyaient leurs ressources baisser de retrouver les moyens d’investir à l’avenir. Bref, c’est un cercle vertueux dans lequel tout le monde retrouve son compte. Un système qui a permis aussi une forte adhésion du territoire à ce projet national. En allant défendre le dossier devant le Conseil d’État à la mi-octobre, Hervé Parmentier, directeur du GIP, avait derrière lui le soutien de tout un territoire ayant validé tant la charte que le projet de décret dans le cadre d’un long processus préparatoire qui aboutit aujourd’hui.