Un moutardier innovant riche d’un savoir-faire bicentenaire

Vue aérienne du site industriel d’EdC à Couchey, avec ses trois silos à graines de moutarde. Crédit photos : EdC.

Implantée à Couchey, au sud de Dijon, EdC est le deuxième producteur français de moutarde, avec plus de 25.000 tonnes produites par an, distribuées dans plus de 50 pays. Né en 1816 du savoir-faire de l’artisan moutardier Bornier, les valeurs de l’entreprise
se cristallisent autour d’une recherche permanente d’amélioration de la qualité des produits, associée à un leitmotiv d’innovation. Des mantras que l’on retrouve naturellement dans le développement de moutardes bio ou sous IGP Bourgogne, dans un ancrage territorial fort mais aussi au travers d’un engagement dans le développement durable et la réduction de l’empreinte énergétique (volet pour lequel l’entreprise bénéficie d’un accompagnement d’EDF et de ses filiales).

L’histoire commence en 1816 lorsque la maison Bornier rachète le moulin de Messigny et récupère le savoir-faire et les recettes traditionnelles transmis de moutardier en moutardier. En 1971, l’entreprise prend le nom d’Européenne de condiments (EdC) et s’installe au sud de Dijon, à Couchey. C’est le début d’une forte période de croissance qui verra, en 30 ans, les volumes de l’entreprise passer de 2.500 tonnes à plus de 25.000 tonnes par an, faisant d’EdC le deuxième fabricant de moutarde en France. Afin d’accélérer son développement, EdC s’associe en 1986 à l’entreprise familiale allemande Kühne. « Entre 1971 et 2006, notre stratégie de développement s’appuie avant tout sur la production de moutarde pour un grand nombre de Marques de distributeurs (MDD). Nous avons débuté avec Carrefour et pour assoir notre crédibilité, nous avons fait de la qualité de nos produits une priorité permanente avec un fort niveau d’exigence. Nous possédons ainsi les certification BRC, IFS, ISO 50001, IGP et Bio », explique Michel Liardet, président d’EdC, qui compte 130 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 56 millions d’euros. Cette exigence de qualité passe également par une dynamique d’innovation portée par une écoute attentive aux attentes des consommateurs. « Les grains de moutarde, proviennent principalement du Canada. Mais, depuis 30 ans, nous avons initié sa relocalisation en Bourgogne. Nous avons œuvré à réimplanter des plants de moutarde en local en partenariat avec les agriculteurs de Côte-d’Or et Agrosup Dijon, en créant l’Association moutarde de Bourgogne (AMB). Nous avons ainsi porté à 30 % la part de graines de Bourgogne dans notre production de moutarde. Pour aller encore plus loin, après l’obtention de l’IGP moutarde de Bourgogne en 2009, nous travaillons aujourd’hui sur une deuxième variété IGP de “moutarde à l’ancienne” et cherchons à développer de la graine bio en Bourgogne ou en France », précise Michel Liardet, qui affirme également l’ancrage territorial d’EdC par des responsabilités dans diverses organisations locales et nationales : vice-présidence de l’AIST 21, membre de l’Association des entrepreneurs de l’agroalimentaire (AEA), du Medef Côte-d’Or, vice-président de la Fédération des industries condimentaires de France (FICF) et président de la Fedalim (pôle de regroupement de six syndicats professionnels de l’industrie alimentaire). Autre pilier stratégique pour EdC : l’export. « Ce dernier représente 23 % du chiffre d’affaires de l’entreprise et a connu une progression de 65 % en dix ans. Avec nos marques historiques Bornier et Téméraire, nous sommes présents dans plus de 50 pays dans le monde. Nous sommes leader en Bulgarie et en République tchèque. Globalement, nous réalisons depuis dix ans, une croissance à deux chiffres à l’export. Et pour continuer à renforcer cette présence à l’international, nous avons lancé en 2018, une refonte complète de l’identité graphique de nos deux marques référentes avec présence d’un drapeau français et d’une image du moutardier Bornier sur le packaging. L’idée étant d’affirmer notre authenticité française, nos savoir-faire traditionnels, le tout dans un esprit moderne et contemporain ».

QUALITÉ, INVESTISSEMENTS ET ENVIRONNEMENT

L’entreprise bourguignonne, n’en oublie pas pour autant le marché français. S’appuyant sur l’allemand Kühne et fort du très grand succès en cornichons, dans un esprit visant à diversifier les goûts, les usages et les cibles, Edc a lancé en 2012, une toute nouvelle gamme de moutardes sous la marque Kühne afin de développer le marché français et la notoriété de Kühne sur ce territoire. L’année 2017 marque également le développement d’un ensemble de recettes de sauces condimentaires. « Nous avons ainsi fait progresser de 305 % la marque Kühne en France (Cornichon, moutarde et sauces) en dix ans. Nous sommes ainsi numéro 2 sur les cornichons devant Amora et après Maille ».

Pour s’inscrire ainsi dans la durée et rester parmi les leaders de l’univers condimentaire, Edc a su investir, notamment dans le renouvellement et la modernisation de son outil industriel. « Nos investissements ont doublé sur les dix dernières années, avec notamment la mise en place d’un deuxième atelier de conditionnement doté de robots palettiseurs en fin de ligne ». Un investissement qui s’est doublé, dès 2015, d’une démarche énergie, ayant pour objectifs la réduction des consommations et la préservation de l’environnement. « L’idée était également de pouvoir valoriser chez nos client MDD une démarche vertueuse, qu’ils pourraient associer à leurs marques », développe le président.

« En pratique, nous avons d’abord mené un travail en interne, afin d’identifier les sources principales de consommation d’énergie », précise Martine Poupon, responsable qualité chez EdC. « Nous avions déjà des habitudes et une méthodologie forte dans le volet qualité, nous les avons dupliquées sur la question énergétique », appuie Michel Liardet. Cette première étape a vu EdC investir dans l’achat de broyeurs à grains à économie d’énergie (50 % moins énergivores que les versions anciennes), ou dans la mise en place d’éclairage Led avec détecteurs de présence… Des économies qui rendaient également plus supportable la montée en puissance de nouvelles recettes de moutarde plus complexes et donc plus gourmandes en énergie. Il y a environ deux ans, un passage à la vitesse supérieure sur la dimension environnementale s’est opéré après consultation d’EDF : « Avant, nous achetions notre électricité auprès d’un courtier, raconte Michel Liardet. Or, l’aspect conseil et accompagnement faisait cruellement défaut. Avec EDF nous avons travaillé sur un projet énergétique d’ensemble et nous sommes passé en direct avec eux en janvier 2021. Ce fut une petite révolution ! À l’écoute et très professionnel, ils ont su nous orienter dans nos choix, ont mis en œuvre rapidement les solutions retenues en nous faisant bénéficier des dispositifs financiers liés ». Plusieurs projets sont en cours dont la réfection et l’optimisation de la production de froid avec la filiale Dalkia d’EDF. « L’idée est d’utiliser des fluides frigorifiques verts sans chlore qui, actuellement sur le marché, se révèlent être les moins nocifs pour la préservation de la couche d’ozone. De même la chaleur des unités de froid sera récupérée pour chauffer l’atelier de préparation ainsi que l’eau chaude utilisée pour nettoyer les installations ». Devraient suivre : la mise en place d’une chaudière vapeur, une production photovoltaïque sur les toits pour atteindre 13 % de la dépense énergétique en autoconsommation et, pourquoi pas, un futur pilotage intelligent des bâtiments sur les postes chauffage et climatisation : « Beaucoup de choses restent à faire, EDF nous a ouvert tout un champ des possibles, auquel seul nous n’aurions jamais pensé. »

Vues des ateliers de conditionnement et de fabrication d’Edc.

Vues des ateliers de conditionnement et de fabrication d’Edc.

Vues des ateliers de conditionnement et de fabrication d’Edc.