Un Grand Est Business Act pour inscrire la région dans l’économie du futur

« Nous voulons aller plus loin, plus fort, plus vite... » annonce Jean Rottner, président du Grand Est.

La présentation du Plan Business Act a été le dossier lourd de la dernière assemblée avant les vacances du Conseil régional. Relance et reconquête de l’activité pour le générique de cette séance et trois axes (écologie, numérique et industrie 5.0), pour décliner une politique économique, sociale et environnementale, sur les cinq années à venir.

Le Grand Est Business Act est un plan de relance et de reconquête. Cosigné par l’Etat et la Région, il devrait s’appliquer d’ici à 2025 pour les actions ciblées et vraisemblablement au-delà pour des axes à venir. Démarche participative et partenariale, il s’inscrit comme une stratégie de reprise de l’activité et une transformation en profondeur des modes de production. Le Plan se lance trois défis majeurs : la transition écologique et énergétique, le développement généralisé du numérique et la transformation industrielle.

Le Business Act a mobilisé plus de 600 contributeurs au travers d’un groupe contact, d’un comité des sages et 22 groupes thématiques auxquels ont participé des chefs d’entreprise, des experts locaux et nationaux, les chambres consulaires, les représentants des grandes filières régionales de production, les syndicats patronaux et salariaux, panel qui s’est enrichi de contribution via le Net sur un site dédié.

UNE STRATÉGIE ÉVOLUTIVE ET DE LONG TERME

Si certains observateurs voient d’abord dans ce Plan une esquisse de l’après-Covid qui a réduit l’activité régionale de plus d’un tiers en faisant du Grand Est la quatrième région la plus touchée de la Métropole, derrière la Bretagne, les Hauts-de-France et la Nouvelle-Aquitaine, ce Business Act s’inscrit comme une stratégie à plus long terme et extrêmement innovante en matière de gouvernance économico-politique régionale. La Région fait avec l’Etat, qui fait avec l’Europe. La référence est claire, la démarche est en pleine synergie avec le Programme national des Investissements d’Avenir (PIA) et le Pacte Vert pour l’Europe conçu par l’Union Européenne.

En 64 pages, le Plan évoque les trois défis moteurs du changement et trois engagements (Agir pour les potentiels humains, le bien-être et la qualité de vie, s’appuyer sur des collectivités engagées et des territoires embarqués et mobiliser un capital de confiance, un capital de croissance). Le Business Act présente 80 actions, 40 projets et 12 propositions de simplification et d’expérimentations. On peut noter dans les trois défis, écologique numérique et industriel, le passage de l’industrie 4.0 à 5.0, cette dernière norme supposant plus d’Homme et plus d’écologie dans le futur de l’industrie.

ECOLOGIE, NUMÉRIQUE ET INDUSTRIE 5.0

Choisir ou balayer large ? Le Plan évoque 80 actions concrètes, de relance ou de reconquête et parfois les deux à la fois. Ses actions répondent aux trois défis (écologique, numérique et industrie 5.0) et aux trois engagements ci-dessus mentionnés. À propos du défi numérique, le Plan évoque la situation du Grand Est : 4,8 % des emplois nationaux, alors que la région pèse en moyenne 8 % des emplois dans les autres secteurs. Industrie, santé, agriculture et bioéconomie sont visées par cette séquence de rattrapage.

Certaines des actions du Business Act seront mises en place avant la fin 2020, la plupart sont programmées d’ici à 2025. Pour le défi écologique qui compte 19 actions, on peut retenir les 5 000 exploitations agricoles qui pourront bénéficier du programme Valoriser, Innover, Réunir, pour l’Agriculture du Grand Est, l’accompagnement et le développement d’un réseau de 3 000 bornes de recharge de véhicules en énergies alternatives, 100% du territoire couvert par un service d’accompagnement de la rénovation énergétique pour les ménages, l’aide à la constitution de flottes de vélos électriques pour les entreprises et les acteurs du tourisme, ou encore l’accompagnement du remplacement des chaudières fioul pour les particuliers et les entreprises …

LEADER EN PUISSANCE POUR LA FORMATION NUMÉRIQUE

Le chapitre du défi numérique qui comporte 13 actions, préconise que 30 % des formations du secondaire et du supérieur soient disponibles à distance, que tous les tiers-lieux existants et recensés soient labellisés, que dix plateformes d’achat du commerce local soient déployées dans les villes moyennes ou encore que 100 start-ups soient accompagnées par l’accélérateur Intelligence Artificiel … Sur ce chapitre, le Grand Est entend devenir la première région pour la formation au numérique.

Enfin pour le défi Industrie 5.0 qui comporte également 13 actions, on retiendra entre autres items les 2 000 entreprises signataires de la Charte d’engagement pour le renforcement des achats régionaux, les 150 projets de transformation industrielle et numérique en partenariat avec l’enseignement supérieur, les 13 territoires d’industrie mobilisés et interconnectés ou les 200 projets d’investissement accompagnés pour moderniser et accélérer la diversification des chaînes de production …

Plusieurs contributions au Business Act sont apparues comme pouvant éviter des doublons de compétence entre l’Etat et les collectivités, notamment en matière de logement, de mobilité, de transition écologique, de fiscalité, de santé et de BTP. Ces contributions, traduites en fiches-actions spécifiques vont être transmises au Gouvernement.

LE GRAND EST, SOURCE D’INSPIRATION POUR LA LOI 3D ?

Le travail mené par le Grand Est pourra ainsi nourrir le débat national sur la Loi 3D : Décentralisation, Différenciation et Déconcentration. Loi qui devrait être abordée au Parlement d’ici à la fin de l’année.

Au total des 12 propositions de simplification et d’expérimentation du Grand Est Business Act, on peut relever par exemple l’adaptation des règles de l’activité à temps partiel permettant aux salariés concernés d’effectuer des actions de formation, la mise en place en région de mesures fiscales de suramortissement pour le renouvellement d’engins de chantier dans une optique de respect de l’environnement, l’expérimentation de syndicats de transports coordonnant les offres intermodales compétitives et la simplification de l’organisation des déplacements ou encore le statut de frontalier pour les stagiaires, les étudiants et les apprenants en alternance.

DES MOTS DE COMBAT POUR L’AVENIR DU GRAND EST

Il vient d’encaisser les menaces de fermeture de deux fleurons du Grand Est, Smart à Hambach et Alstom à Reichshoffen, 2 300 salariés au total, le Président de la Région Grand Est entre en guerre, avec élégance et fermeté. Du Business Act au Budget supplémentaire 2020, en passant par le Compte Administratif 2019 et l’ouverture des TER à la concurrence, soit neuf heures de séance plénière, Jean Rottner a mené la vingtaine de dossiers abordés par l’Assemblée régionale avec la pugnacité, entre sourire et fermeté, d’un militant rassembleur : « Nous voulons aller plus loin, plus fort, plus vite… Consolider l’existant ne suffit pas… Si nous nous endettons c’est pour investir… Je ne souhaite pas l’avènement d’un Etat fédéral. Si nous travaillons avec les services de l’Etat, c’est que nous pouvons être complémentaires… Un plan n’est pas une finalité mais un point de départ. C’est pour éviter les redondances en matière de compétences que nous proposons à l’Etat des expérimentations. Nous réussirons le Business Act, avec l’Etat et avec nos voisins frontaliers. »