Renaud MignoletUn dirigeant rock and roll

À 49 ans, Renaud Mignolet est à la tête de trois sociétés et d’un festival rock.

À la tête de trois PME ardennaises, 3D Metal Industrie, Helliogreen et RM Technologies, Renaud Mignolet organise aussi le festival Ardenn’Rock à Signy-l’Abbaye.

Fils de commerçants signaciens (Signy-l’Abbaye), Renaud Mignolet avoue avoir appris le contact humain en servant ses premiers clients dans le négoce familial. « Très jeune, j’ai eu des expériences dans le milieu économique car mes grands-parents et mon oncle étaient industriels à Vrigne-aux-Bois. Tout petit, je perçais et taraudais à la Ferronnerie d’Ardennes. Mon premier contact avec la boutique et la ferraille ». Celui qui a effectué toute sa scolarité à Signy-l’Abbaye va assurer ses premières responsabilités associatives sur place, comme président de la Jeunesse, animateur de colonies de vacances et directeur de centre aéré tout en organisant des bals, fêtes, festivals et concerts.

PROFESSEUR PUIS ENTREPRENEUR

Après avoir réussi en 1991 son bac chimie, à Reims, au lycée Libergier, Renaud Mignolet s’intéresse vite à la métallurgie « pour essayer de comprendre ce qui se passe dans le métal lorsque les molécules réagissent entre elles ».

Après un Deug de Physique-Chimie à la l’Université des Sciences de Reims et un passage sous les drapeaux en tant que « pion » militaire au collège Salengro de Charleville-Mézières, il entame en 1996 un cycle de formation au CNAM dans les locaux de l’IFTS (Institut De Formation Technique Supérieur. « Une belle opportunité pour suivre les cours du soir. J’ai terminé cette expérience en faisant un mémoire de recherche sur le moulage-forgeage de la fonte ».

En 1998, il se voit proposer un poste de technicien en métallurgie à l’IFTS et fait alors de la recherche en milieu industriel. Tout en étant vacataire au CNAM, il crée en 2004 une entreprise de ferronnerie d’art « Fer et bois ». Après s’être « égaré » mais avoir beaucoup appris de cette expérience, il retiendra la leçon en lançant, en 2008, RM Technologies, un bureau d’études qui fait à la fois du conseil, de la recherche et de la formation.

« Des clients comme le groupe Bouhyer, les Ateliers des Janves, AFS et les fonderies locales m’ont accordé leur confiance et fait beaucoup travailler. J’ai alors embauché Thomas Martinez que j’ai mis à disposition de la fonderie Nicolas à Nouzonville tout en développant la conception de pièces en 3D sable dont je maîtrisais bien la technologie, le processus et les marchés éventuels ». En même temps, il intègre les Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne en tant qu’ingénieur chargé du développement des relations industrielles puis professeur à mi-temps. « Ce qui m’a permis d’entrer en relations avec de futurs associés, d’étoffer mon réseau et de commencer à travailler avec les fonderies ardennaises ».

De retour à l’IFTS comme professeur associé et maître de conférence, il s’implique dans la plate- forme de fabrication additive Platinium 3D.

3D METAL INDUSTRIE ET HELLIOGREEN

Suite logique des choses, et après discussions avec Nicolas Grosdidier, président de La Fonte Ardennaise, en mai 2019 il est à l’origine de l’émergence d’une aventure collective sans précédent avec la naissance de 3D Metal Industrie. Une SAS portée par sept fondeurs ardennais pour produire des moules et noyaux en sable par fabrication additive industrielle. Installée sur le parc Activence, l’entreprise est en plein essor. Elle va d’ailleurs acquérir une seconde imprimante 3D sable qui nécessitera la recherche de nouveaux locaux.

« Entre la conception de prototypes complexes pour tous secteurs d’activités, la fabrication de pièces détachées de rechange mais aussi la re-fabrication ou la production de gargouilles pour le musée du Louvre : on coule du plomb, de la fonte, de l’aluminium pour différents usages en un temps record. Le potentiel clients est élevé. L’entreprise se structure, et très vite, a grandi au point d’arriver bientôt à un effectif de huit personnes », signale son président, satisfait de cette rentable mutualisation des moyens de production née d’une « chasse en meute».

Avant cela, en 2017, en s’appuyant sur le savoir-faire de PME comme Vignon, AFS, Rocroyenne d’Aluminium, Vauché et Bestel, Renaud Mignolet avait lancé Helliogreen Technologies : un concept de turbines hydroélectriques afin de produire de l’électricité verte. Après avoir rôdé un prototype à Signy-l’Abbaye, cette start-up de l’énergie renouvelable (trois salariés) a installé un premier produit fini dans un moulin marnais et bientôt un autre doté de 15 vis d’Archimède à La Macérienne à Charleville-Mézières afin d’alimenter le site du Cabaret vert.

Accompagnée par l’UIMM, Helliogreen, labellisée par la fondation Solar Impulse, a réussi une levée de fonds de 400 000 euros auprès de partenaires locaux qui croient en l’avenir de cette société et s’investissent dans l’affaire. « En voulant devenir leader dans le domaine de l’hydraulique en développant ses propres systèmes de production, Helliogreen capte ainsi l’attention de nombreux passionnés. Les perspectives sont énormes au niveau des marchés. L’enjeu est maintenant d’industrialiser le concept à grande échelle et d’enchaîner à l’international en visant l’Europe et les pays africains en amenant sur place de l’électricité ».

FONDATEUR D’ARDENN’ROCK

Sa seconde passion étant la musique, ce fan des Beatles et des Rolling Stones, est guitariste et chanteur des « Roll Mops » et de « Pain and Joy», groupe constitué avec ses compères Thomas Martinez, Jean-Paul Bonna et Julien Guillemain, directeur d’usine à La Fonte Ardennaise.

Après s’être déjà investi dans la fête de l’andouillette à Signy-L’Abbaye et celle du lavoir à Librecy, Renaud Mignolet qui aime animer son territoire et entraîner les gens derrière lui dans des projets décide, en 1994, de démarrer Ardenn’Rock dont la sixième édition aura lieu les 4 et 5 juillet prochains sur le site de la Vènerie.

« Commencé avec 200 personnes, ce festival pour lequel on compte 100 bénévoles a attiré 5 000 spectateurs en 2019 avec la rediffusion du film sur Woodstock et Marcel et son orchestre. Après la crise sanitaire, on a décidé de remettre ça cette année et de se mettre en mode commando, pour reconduire ce festival à la campagne qui a l’ambition de devenir une belle date festive et de faire mieux connaître le village et sa belle forêt ».

Avec Didier Wampas et Pierpoljak comme têtes d’affiche, un budget de 50 000 euros et une jauge réduite pour le moment à 1 000 personnes, l’évènement est assuré de faire le plein.

Parcours

1972 Naissance le 21 janvier à Villers-Semeuse.
1994 Créé le festival de musique Ardenn’Rock à Signy-l’Abbaye.
1998 Embauche à l’IFTS de Charleville-Mézières comme technicien en métallurgie.
2008 Création de RM Technologies à Signy-l’Abbaye.
2017 Installe un démonstrateur sur la Vaux dans le cadre du lancement d’Helliogreen.
2019 Création en mai de 3D Metal Industrie.