Après une carrière bien remplie dans l’industrie électronique, cet ancien sportif reconverti dans la restauration vient de racheter l’emblématique crêperie La Tourelle, à Troyes.
Il y a bientôt vingt ans, l’ancien sportif, devenu ingénieur puis directeur commercial et consultant, prenait un nouveau départ dans la restauration. Après avoir repris une pizzeria à Fontainebleau, puis un restaurant gastronomique à Versailles, il avait ouvert une première crêperie dans les Hauts-de-Seine. Et en 2009 il avait acquis à Troyes la crêperie Grenadine.
Dix ans plus tard, c’est l’emblématique crêperie La Tourelle que Philippe Ulryck a rachetée. « J’ai eu un coup de cœur – un coup de folie – pour ce lieu. Pourtant quelques mois de la retraite, j’ai décidé avec mon associée, Laurence Carnesecca, d’investir. La crêperie a été rénovée entièrement. J’ai pris les mêmes artisans qu’il y a dix ans pour la crêperie Grenadine. Et je me suis occupé de la décoration », explique le passionné, par ailleurs toujours consultant dans la restauration-hôtellerie.
« C’est le sport qui m’a sorti du milieu ouvrier. C’est le sport qui m’a lancé », observe l’ancien athlète de haut niveau. Coureur de fond en équipe nationale, cet habitué des podiums – souvent comparé par les commentateurs d’athlétisme au célèbre Jacky Boxberger – était entré dans la vie active avec une exigence et une ambition propres à tous les sportifs de haut niveau.
INGÉNIEUR COMMERCIAL
Dans le domaine du sport, en premier lieu, il avait eu l’occasion d’éprouver ses qualités d’endurance et relationnelles en tant que cordeur de raquettes de tennis et skiman saisonnier à Font-Romeu, de 1978 à 1981. Ce job lui a permis en outre d’affûter sa fibre commerciale, au même titre que les carres des skis.
L’autodidacte a ensuite été engagé comme ingénieur commercial chez Thomson-Brandt Multimédia, à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, un poste qu’il occupe jusqu’en 1987. Il deviendra alors, pour quatre ans, chef des ventes pour l’Île-de-France de Siemens Electrodomestique. Avant de travailler pour Metro Soge jusqu’en 1993, comme acheteur et chef de produits, où il sera chargé des achats en Asie de l’électronique grand public, ainsi que des livres, disques et autres photos et accessoires.
MANAGEMENT D’ÉQUIPES
Sa fibre pour le management lui permettra de devenir en 1994 directeur commercial de Tonna Électronique, alors filiale de Canal+, à Reims. Responsable d’une équipe de 27 personnes, il négociera les achats en France, en Europe et en Asie, et ce, jusqu’en 1997. À cette date, il entre chez Universal Electronic Inc, se spécialisant dans le domaine des télécommandes universelles.
En l’an 2000, il devient consultant chez PSO Conseils, à Fontainebleau, pour des maisons de champagne, des organes de presse, des industries. Ainsi que dans la restauration. Quatre ans plus tard, il entrera chez Pont-sur-Seine Industries, en tant que directeur commercial export et marketing.
C’est aussi en l’an 2000 qu’il prépare encore un nouveau départ, en achetant une pizzeria, à Fontainebleau, en parallèle de son activité de consultant. Cette expérience augure alors le virage professionnel qu’il réalisera sept ans plus tard. Tournant la page de l’industrie électronique, il se consacre entièrement à la restauration en 2007. « La cuisine, comme les produits régionaux, a toujours été ma passion », explique Philippe Ulryck. Après une longue formation de crêpier, à Brest, il crée en 2008 le concept de crêpes-restauration, à Plessis-Robinson, dans les Hauts-de-Seine.
INSTALLATION À TROYES
S’il connaît et apprécie la ville de Troyes depuis quatorze ans, Philippe Ulryck a commencé à y séjourner vraiment il y a une dizaine d’années. Après avoir racheté en 2009 la crêperie Grenadine – qu’il a revendue il y a deux ans – il a notamment géré la cave à vins, 23, qu’il a revendue depuis. Avant d’ouvrir le restaurant Rouge et Noir, un concept basé sur tous les produits locaux et faits maison. En juillet 2015, il crée le bar à champagne Chez Philippe. « Il n’y avait plus de bar à champagne à Troyes. J’ai créé un partenariat avec dix maisons de champagne de Celles-sur-Ource, uniquement », explique l’entrepreneur troyen.
RACHAT DE LA CRÊPERIE LA TOURELLE
« Depuis que j’ai investi dans le concept Rouge et Noir, dont c’est la neuvième année, j’ai pu remarquer que le tourisme progresse énormément, suite à la réhabilitation du centre-ville. La ville de Troyes m’inspire toujours par sa beauté et ses aspects culturels et historiques. On s’y sent bien car c’est une ville à dimension humaine, où l’on peut tout faire à pied. Sans oublier sa proximité avec Paris », souligne le dynamique passionné. Classée parmi les monuments historiques depuis 1961, La Tourelle ou Maison de l’Orfèvre, qui a été construite entre 1578 et 1618, avait tous les atouts pour séduire le restaurateur.
Dans sa crêperie de 64 places, rénovée et décorée au goût du jour, Philippe Ulryck accueille une large clientèle. « J’ai longtemps eu le goût des voyages. Cela m’a permis de découvrir, d’apprendre à chaque fois autre chose. Maintenant, j’apprécie d’être ici. Je prépare la terrasse moi-même… Les gens ont besoin d’humain. La restauration est l’un des derniers lieux de convivialité. Et la crêpe, comme la pizza, rassemble toutes les classes sociales et toutes les générations. Ici, les gens oublient leur téléphone portable », note-t-il.
Et d’insister sur la qualité des produits qu’il utilise pour sa cuisine, le sarrasin et le froment bio provenant de Bretagne. « Pour les crêpes et galettes, j’ai un vrai Breton avec moi, Joël Blanchard. Et elles sont garnies avec des produits locaux », se félicite le nouveau gérant de La Crêperie La Tourelle. Parmi ses spécialités figurent le Breiz-Burger, la galette au boudin blanc, aux escargots, la Saint-Jacques, pour ne citer que ces quelques exemples. Avec ce nouveau cap sur la gastronomie qu’il donne à l’emblématique crêperie troyenne, le coureur accompli montre, une fois de plus, son ambition de tenir la distance.