Un bus 100% électrique mis à l’essai par Ardennes Métropole

Le modèle GX 3 37 E accessible, spacieux et lumineux parviendra-t-il à répondre aux attentes des élus, des passagers, des chauffeurs et des exploitants ?

Après avoir essayé un Bluebus électrique du groupe Bolloré, en juin 2019, la CTCM essaiera à l’automne prochain un bus qui roule au biogaz sur son réseau avec le concours de la Régie Départementale des Transports des Ardennes.

Pendant un mois, depuis le 11 février, la Compagnie de Transport de Charleville-Mézières, filiale du groupe RATP chargée de l’exploitation du réseau des transports en commun d’Ardennes Métropole, teste en conditions hivernales un bus électrique sur les 25 lignes de la collectivité territoriale. De manière à éprouver les capacités du véhicule par grand froid notamment. Lauréat d’un appel d’offres lancé par la RATP, le constructeur italien Iveco, qui compte deux sites de production à Annonay en Ardèche (véhicules diesel et gaz) et Rorthais dans les Deux-Sèvres (véhicules électriques), a donc mis à la disposition de la CTCM un bus 100 % électrique de marque Heuliez GX337 E. 

« Ce bus long de 12 m et large de 2,55m dispose de 38 places debout, 24 assises et une pour les personnes à mobilité réduite. Il est équipé d’une batterie froide de 250 ou 280 KW de capacité plus économe et fabriquée par l’usine française Forsee Power. Ce qui correspond aux normes imposées par la RATP qui veut une autonomie minimale de 200 kilomètres avec le chauffage à fond. Ce bus standard est leader sur son segment de marché. C’est le plus promu et vendu. Il a une version articulée de 18 m de long », précise l’attaché commercial Grands comptes d’Iveco, Fabien Degottex, en guise de présentation. 

« Nos chauffeurs et mécaniciens vont ainsi découvrir une nouvelle technologie qui représente une solution d’avenir au moment où on est en pleine réflexion sur la transition énergétique », souligne pour sa part Franklin Coussement, directeur de la CTCM qui emploie 109 salariés (dont 87 conducteurs) et gère une flotte d’une cinquantaine de véhicules effectuant deux millions de kilomètres dans l’année. 

« UN MYSTÈRE QU’IL VA FALLOIR ÉLUCIDER » 

« Même si ce bus permet des réductions de CO2, on a toujours pour objectif de ne pas céder à l’écologie gadget. On sait que ce modèle est certes plus cher à l’acquisition qu’un autobus diesel, mais il s’avère moins onéreux par la suite lors de l’exploitation. Pour savoir comment électrifier plus largement notre parc, il faut donc collecter toutes les informations possibles : cibler au mieux son efficacité et les données techniques, établir un différentiel de coûts, bien calculer les gains obtenus en frais d’entretien et de fonctionnement et mesurer les économies de consommation réalisées par rapport au carburant », ajoute Boris Ravignon, président de la communauté d’agglomération. 

Vice-président d’Ardennes Métropole, chargé des mobilités, Jérémy Dupuy se montre pragmatique. « L’achat de ce type de bus est 2,5 fois plus cher qu’un modèle classique, soit une somme proche de 600 000 euros. C’est donc un investissement conséquent pour la collectivité d’autant qu’il faut aussi des bornes de recharge et éventuellement se doter d’un espace couvert. Mais il y a aussi un enjeu intéressant sur plusieurs années. Faut-il aller vers un parc 100% électrique ou un mixte en recourant aussi au gaz ? C’est au cœur de nos questionnements ». 

L’exploitant et les élus vont être attentifs aux réactions des usagers et au ressenti des chauffeurs qui, l’été dernier, on apprécié le côté silencieux et le confort de ce mode de circulation. En attendant de prendre une décision, Boris Ravignon s’est étonné que l’Etat qui aide massivement les particuliers pour les inciter à acheter des véhicules électriques n’apporte pas le même soutien aux collectivités locales prêtes à s’engager dans ce type de transport collectif. 

« Dans ce cas-là, les aides sont manifestement moins intéressantes voire même inexistantes. C’est un peu hallucinant. Il va donc falloir élucider ce mystère… » 

Après avoir essayé un Bluebus électrique du groupe Bolloré, en juin 2019, la CTCM essaiera à l’automne prochain un bus qui roule au biogaz sur son réseau avec le concours de la Régie Départementale des Transports des Ardennes qui installera en juin des stations de biogaz à Charleville-Mézières et Rethel dans un département qui se lance dans la méthanisation à grande échelle…