Un avion hybride électrique

Jean-Christophe Lambert. Avec trois autres ingénieurs, il a créé Ascendance Flight Technologies afin de réinventer la mobilité aérienne avec un avion nouvelle génération.

Disrupter le marché de la mobilité aérienne avec une solution silencieuse et plus verte, tel est le défi de quatre anciens ingénieurs d’Airbus issus du programme d’avion électrique E-Fan qui a fait sensation en traversant la Manche en 2015. Le constructeur mondial ayant coupé les ailes à ce projet prometteur, Jean-Christophe Lamber, Thibault Baldivia, Clément Dinel, et Benoît Ferran ont décidé de poursuivre l’aventure en 2018 en fondant Ascendance Flight Technologies. Leur objectif : développer un avion nouvelle génération répondant aux enjeux de la mobilité aérienne du futur qui devrait peser 20 Mds $ d’ici 2030. « Nous avions le sentiment que l’aviation électrique et hybride pouvait s’inscrire dans l’avenir. Nous souhaitions plancher sur de nouvelles applications autour de ces innovations », souligne le cofondateur Jean -Christophe Lambert, diplômé de l’Iae-Supaero et d’HEC.

Le fruit de leurs travaux est l’appareil VTOL (décollage à la vertical), qui vise une réduction de moitié des émissions de CO2 en vol et le transport de quatre personnes sur une distance de 150 km (l’objectif étant d’atteindre 300 km). Une première phase d’essai a déjà été réalisée avec un prototype à l’échelle 1/6e, « ce qui permet de réduire les risques et de faire de notre innovation un catalyseur technologique pour d’autres modèles aéronautiques. »

Les fondateurs qui, par ailleurs, ont réalisé une première levée de fonds ces six derniers mois afin de financer le développement du prototype et qui, avant la crise sanitaire, ont reçu le soutien de la région Occitanie via notamment la mise à disposition d’infrastructures à l’aérodrome de Muret-Lherm, espèrent faire voler un modèle à taille réelle en 2022, avant de lancer une commercialisation inter- nationale dès 2025. « Nous avons signé un partenariat avec le groupe Aéroports de Paris pour des démonstrations aux Jeux Olympiques de 2024 », précise-t-il.

La start-up qui emploie une douzaine de salariés, envisage de porter son effectif à 50 collaborateurs d’ici deux ans. Si la jeune pousse, qui propose une alternative à l’hélicoptère, se frotte déjà à une concurrence accrue, avec des modèles électriques bien avancés outre-Atlantique, en Chine et en Allemagne, elle compte cependant devenir leader sur un marché de niche : les services d’urgence sanitaire et le transport des personnes. Quid des futurs partenariats ? « Nous avons des contacts mais nous restons discrets. Quant à Airbus, cela pourrait être une possibilité à l’avenir ». L’innovation représentant le levier de croissance de l’entreprise, les fondateurs ont opté pour une distribution de propulsion, assurée par plusieurs moteurs. La maîtrise des nuisances sonores, essentielle pour survoler des zones urbaines, reste un défi majeur. À ce titre, la start-up collabore avec l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera). Incubée chez Nubbo et hébergée au Village by CA, elle gagne également du terrain aux USA, grâce, en parallèle, à son incubation chez l’accélérateur californien Plug & Play.