Olivier FialaUn as de l’informatique

À la tête de l’agence toulousaine de Metsys, ce passionné du digital connaît sur le bout des doigts les évolutions technologiques et aide les entreprises dans leur transformation numérique.

Si l’informatique ressemble à un langage inaccessible pour certains, pour d’autres, les lignes de code sont une véritable madeleine de Proust, un chef-d’œuvre d’écriture à part entière. Olivier Fiala, est l’un de ces chevronnés de l’informatique, qui a mis les mains dans la machine à l’âge de 14 ans en se frottant à la programmation pour « recréer des jeux qui ressemblaient aux modèles de l’époque comme Dungeon Master, Vroom, l’Arche du Capitaine Bloom ou Arkanoid souvent en recopiant et en adaptant les centaines de lignes de code publiées dans les magazines comme Hebdogiciel », et ce à une période où ce langage restait encore confidentiel.

Aujourd’hui, récemment nommé directeur de l’agence toulousaine Metsys, ce passionné aide les entreprises à saisir les rouages de ce langage, à se prémunir contre les cyberattaques en progression et à suivre les évolutions numériques essentielles à leur développement sur un marché compétitif. Mais ne vous y trompez pas : s’il maîtrise les techniques et précisément les outils de Microsoft – Metsys étant une ESN spécialiste des technologies du mastodonte – ce n’est pas pour autant qu’il voit la vie uniquement en noir et blanc. Il ne se résume pas qu’à un geek : à 48 ans, il est aussi président du Tennis club de Auzielle-Lauzerville et pratique ce sport toutes les semaines, et est, en parallèle, le véritable cordon bleu de la famille (il fait son saumon fumé lui-même ). Et qui plus est, un entrepreneur dans l’âme. « J’aime développer une activité et pas seulement des outils informatiques. Avec Metsys, je relève le challenge de créer une agence au cœur de Toulouse. L’envie d’entreprendre a refait surface. Au fil de ma carrière, j’ai eu des opportunités en tant que salarié qui m’ont toujours nourri intellectuellement mais pendant mes études, je rêvais d’être entrepreneur », précise-t-il.

Depuis septembre, à la tête de l’entité toulousaine, il chapeaute près d’une quarantaine de collaborateurs. Outre son rôle de directeur, il est notamment l’apporteur d’une pratique technique, baptisée Digital intelligence and data au niveau national en vue de créer et de vulgariser de nouvelles offres, proposer des plans de formation et de certification. La course effrénée à l’optimisation et à l’exploitation des données est devenue en 2020, un enjeu majeur. En cette période mouvementée, l’accompagnement des entreprises vers leur transformation numérique est d’autant plus d’actualité pour redresser la barre et conserver un avantage concurrentiel : maîtriser davantage les données, améliorer l’exploitation d’objets connectés, entrer dans l’ère du cerveau « digital » et du prédictif ou encore développer des outils collaboratifs, sont au centre de la démarche du directeur surtout avec la mise en place soudaine du télétravail au sein des organisations. Un bouleversement organisationnel qui demande un changement de paradigme et une digitalisation à marche forcée notamment pour les petites entreprises. L’agilité est donc au cœur de cette ère digitale et du savoir-faire de Metsys.

Autre enjeu prioritaire : la cybersécurité « d’autant plus avec la crise car les entreprises ont mis en place un accès à distance dans l’urgence, ce qui a rendu la tâche facile aux pirates informatiques, souligne le dirigeant. Ainsi, nous proposons des systèmes de détection et d’algorithmes pour trouver les signaux et scruter l’ensemble de logs de manière fine, indétectables par l’humain. Il faut savoir que les pirates s’introduisent par petit bout dans un système informatique et lancent l’attaque seulement quand ils sont bien installés. Alors que les grands comptes se protègent de cette éventualité depuis quelques années, les petites entreprises, elles, ne se sentaient pas forcément visées par ces attaques.» Autre sujet sensible et peu maîtrisé par les TPE-PME : le stockage et la sécurisation des données dans le cloud « le nuage », qui permet l’accès à des services informatiques via Internet à partir d’un fournisseur et qui induit une transformation en profondeur des systèmes d’information : « la migration vers le cloud, la sécurisation des données lors du stockage ainsi que les mots de passe restent des points faibles. Et ce n’est pas parce que les entreprises choisissent d’héberger leurs données dans des clouds publics qui sont protégés, qu’elles sont immunisées face aux cyberattaques. C’est pourquoi, elles doivent, en parallèle, être vigilantes concernant la sécurisation des données. »

En marge de ces problématiques, Metsys propose également des offres consacrées aux infrastructures informatiques, qui sont devenues le centre névralgique des entreprises ; à l’expérience client avec l’intégration de solutions pour optimiser les métiers et le développement des ventes ; et la modernisation des outils et des « devices » pour évoluer vers des services de communication unifiés. Actuellement, l’entreprise vise principalement le secteur de la santé et de l’agriculture pour accompagner les acteurs du monde agricole. « L’enjeu est de leur permettre de produire mieux en consommant moins de ressources naturelles. L’outil permet d’implanter des capteurs, de centraliser des données pour optimiser les plantations, l’arrosage ou le bien-être animal », détaille-t-il. Au total, le groupe qui compte neuf implantations sur l’ensemble de l’Hexagone, avec près de 250 collaborateurs et qui a réalisé 30% de croissance en 2019, générant un CA de 35 M€, a de beaux jours devant lui. Et le directeur de Toulouse est comme un poisson dans l’eau.

Ce Perpignanais d’origine, issu d’un père chercheur au CNRS en biologie marine et d’une mère chercheur dans le même secteur et professeur à l’université Paris XI, a toujours eu un vif attrait pour la nouveauté et la création qui, selon ses mots, « apporte un soupçon de magie ». Après son diplôme d’ingénieur incluant une année en Angleterre, celui qui rêvait de devenir informaticien, effectue 12 mois en tant que scientifique du contingent à la DGA dans le service de photo-interprétation des armées. Une expérience qu’il n’oublie pas : « Je réalisais de la veille technologique sur les logiciels de traitement d’image permettant de déceler les informations pertinentes notamment la détection des entrepôts, des bunkers sous-terrains afin de faciliter l’ interprétation des images satellites par les militaires. J’ai aussi développé un programme permettant d’automatiser le transfert des images satellites de Spot 1, 2 et 3 (ainsi que de satellites militaires) depuis des centaines de cassettes vers des CD. Et les graveurs de CD n’étaient pas très courants à l’époque ! » À l’issue de son service militaire, il intègre en tant qu’ingénieur d’études puis chef de projet, l’entreprise parisienne Dorotech, devenue SER France, leader sur la scène nationale des systèmes d’archivage de données sur disques optiques numériques et leur consultation. Pendant quatre ans, il pilote les projets d’intégration de logiciels en France et à l’international. À l’époque où la technologie du web se développe fortement, il rejoint le groupe Microple qui suit la tendance. Il décroche des missions de consultant pour aider les clients à choisir les bonnes technologies, fait de l’assistance à maîtrise d’ouvrage pour Sanofi-Synthélab, et de l’avant-vente. Puis en 2003, il prend du galon : il devient directeur de projets pour l’agence toulousaine et pilote une centaine de consultants répartis entre Toulouse et Bordeaux. Sur le plan personnel, il respire enfin. « Dans la Ville rose, j’ai trouvé un cadre de vie qui me correspondait mieux que la vie parisienne et cela m’a permis de me rapprocher de ma famille, confie-t-il. Quid des enjeux métiers de l’époque ? « Tout se jouait autour de la donnée. Les entreprises avaient pris conscience de l’importance de la business intelligence à savoir tout ce qui est captation, stockage de la donnée sous une forme intelligible et restitution de tableaux de bord. On travaillait sur le développement d’appui métier et la refonte d’applications pour passer sur d’autres architectures, avec de nouvelles technologies. » Puis au bout de neuf ans, considérant avoir fait le tour de la question et souhaitant aller vers plus d’expertise, il s’envole chez Exakis – la première entreprise partenaire de Microsoft en France qui accompagne les entreprises dans l’innovation et la sécurisation de leur système d’information, – en tant que business unit manager pendant cinq ans, avant de frapper à la porte d’un des « concurrents » .

L’univers de l’informatique et son jargon qu’il maîtrise sur le bout des doigts, est, pour lui, devenu bien plus prolifique que dans sa jeunesse. Sa vision de l’informatique aujourd’hui ? « On peut tout réaliser et il reste encore tant à faire, avance-t-il. L’IA existe depuis 30 ans mais à l’époque, il fallait des capacités de calculs énormes, ça coûtait très cher et le grand public n’y avait pas accès. L’essor du cloud a notamment permis de booster son développement. Et il faut garder en tête que si l’IA permet de détecter des données à travers des milliards de lignes, c’est toutefois l’humain qui reste derrière avec la construction de jeux de données. Cependant, il faut mettre des garde-fous aux machines intelligentes car elles peuvent être utilisées à des fins non souhaitables ». Et de conclure : « Il ne faut pas se leurrer, dans dix ans, un éditeur, qui n’intègre pas d’IA dans son logiciel, sera voué à disparaître. »

Parcours

1972 Naissance à Perpignan
1995 Diplômé de l’École universitaire de Lille (EUDIL, désormais Polytec’Lille)
1996 Intègre SER France, anciennement Dorotech, en tant qu’ingénieur d’étude puis chef de projet
2000 Intègre le groupe Micropole et devient directeur de projets trois ans plus tard à Toulouse
2012 Devient business unit manager chez Exakis
2020 Devient responsable de l’agence toulousaine Metsys après avoir intégré l’agence en 2018 en tant que directeur des activités