Un an et demi pour retrouver la croissance

Dans son dernier point de conjoncture, la Banque de France analyse les éléments déterminants pouvant amener à une reprise de l’activité. Il apparaît que celle-ci et la croissance qui va avec, ne reprendront pas dans des conditions normales et ne retrouveront pas un niveau d’avant crise avant mi-2022.

De janvier à mars 2020, l’épidémie de Covid-19 s’est propagée à l’ensemble du monde avec une rapidité inattendue. L’absence de vaccin et les tensions croissantes sur les systèmes de santé ont alors conduit de nombreux pays à prendre des mesures drastiques pour ralentir la circulation du virus. Ces mesures ont ébranlé l’activité économique mondiale qui s’est fortement réduite au premier semestre 2020. En zone euro, où la plupart des pays ont mis en place des mesures de confinement, le PIB a reculé de 3,8% au premier trimestre et devrait reculer encore de 13% au deuxième trimestre selon les dernières projections de l’Eurosystème.

RECUL DU PIB DE 5,3% AU PREMIER TRIMESTRE 2020

En France, un confinement strict a été mis en place à partir de mi-mars. Dans les points de conjoncture de la Banque de France publiés début avril et début mai, la réduction instantanée de l’activité a été estimé à environ 32% pendant la quinzaine de confinement de mars puis à environ 27% en avril. Selon la deuxième estimation des comptes trimestriels par l’Insee publiée fin mai, le PIB a reculé de 5,3% au premier trimestre 2020.

Selon les chefs d’entreprise interrogés, on assiste au mois de mai à un rebond de l’activité après la chute enregistrée en mars et avril, les progressions les plus fortes étant enregistrées dans les secteurs qui avaient été les plus affectés par la crise. Le rattrapage apparaît plus rapide dans l’industrie et le bâtiment que dans les services où certains secteurs, comme l’hébergement et la restauration, ne bénéficient pas des mesures de déconfinement (Voir graphique).

DES PERSPECTIVES INCERTAINES

Tout en repartant à la hausse, l’activité reste cependant à un niveau inférieur à la normale. Alors qu’il y a un mois la Banque de France avait estimé à environ -27% la perte de PIB sur une semaine-type de confinement en avril par rapport au niveau d’avant crise, la nouvelle estimation pour une semaine-type d’activité fin mai se situe autour de –17% ; les perspectives sur les prochains mois sont en amélioration mais restent très incertaines. « Ceci nous conduit à prévoir une contraction du PIB au 2e trimestre 2020 autour de –15%. Ces informations sont cohérentes avec le point de départ de la prévision 2020-2022 », estiment les experts de la Banque de France.

Les projections pour 2021 et 2022 sont entourées d’encore plus d’incertitudes que celles pour le second semestre 2020. Elles reposent sur l’hypothèse d’une sortie graduelle de crise. La Banque de France projette une croissance du PIB d’environ 7% en 2021 et de 4% en 2022. « Ce fort rebond apparent ne permettrait pas de retrouver le niveau d’activité de fin 2019 avant mi-2022. »

REDRESSEMENT POUR 2021 ET 2022

2021 et 2022 seraient donc des années de redressement net mais progressif. La croissance diminuerait ensuite pour rejoindre, au-delà de l’horizon de cette prévision, son rythme potentiel. Le PIB en France, après sa contraction au premier semestre 2020, commencerait à se redresser au second semestre, amélioration qui se poursuivrait en 2021 et 2022.

Cette projection, finalisée le 25 mai 2020, repose sur l’hypothèse que le Covid-19 continuerait de circuler dans les mois à venir mais que la France, affectée comme l’ensemble des économies dans le monde, s’adapterait progressivement. Deux scénarios ont été élaborés concernant la reprise de la croissance :

Dans le scénario favorable, on suppose que la circulation du virus se réduit suffisamment pour permettre un rebond plus significatif de l’ensemble des économies. L’activité en France resterait affectée pendant l’été 2020 par certaines mesures de restriction mais celles-ci pourraient être assez rapidement assouplies de sorte que l’économie reviendrait sur sa trajectoire d’avant-crise au début de l’année 2021. La chute du PIB resterait forte en 2020 mais, surtout, le rebond serait très important en 2021.

L’inflation serait certes faible en 2020 dans le scénario favorable, mais elle rebondirait en revanche plus nettement en 2021 et en 2022, vers 2 %.

Dans le scénario sévère, on suppose au contraire que la circulation du virus en France et dans le monde se poursuit avec une intensité plus importante. Au plan national, après la fin du confinement strict le 11 mai, il pourrait alors être nécessaire de maintenir des mesures sanitaires fortes pour empêcher une nouvelle et significative augmentation de la mortalité liée au Covid-19.

« La perte de PIB sur l’année 2020 serait en conséquence de près de 16 % et le rebond en 2021 serait faible par rapport au choc de 2020 », expliquent les experts de la Banque de France.

Le scenario le plus probable est aujourd’hui le premier, dans la mesure où la situation sanitaire connaît une nette amélioration dans l’Hexagone, avec l’annonce de la levée de l’Etat d’urgence sanitaire par le Gouvernement, le 10 juillet prochain.

FACE AU CHOC D’ACTIVITÉ, L’EMPLOI SERAIT RÉDUIT

Avec le choc économique du début d’année 2020, les entreprises doivent faire face à une dégradation brutale de leur activité et de leurs comptes. Leur taux de marge et leur taux d’épargne subiraient en 2020 le plus fort recul enregistré depuis plus de quarante ans. Cette situation devrait provoquer une réduction importante de l’emploi.

Les conséquences de la dégradation de l’emploi seraient mécaniques sur le taux de chômage. La semaine dernière, le ministre de l’Économie Bruno Lemaire a annoncé « un choc considérable », avec la suppression à venir de 800 000 emplois, soit 2,8% de l’emploi total. Dans ses projections macroéconomiques, la Banque de France prédit un pic au dessus de 11,5% mi-2021, avant de décroitre à 9,7% au second semestre 2022, contre 8,1% avant l’épidémie.

POURSUITE DE LA DISTRIBUTION DES PGE DANS LA MARNE

Concernant les entreprises, la distribution des Prêts garantis par l’État se poursuit dans la Marne.
• Le bilan de la distribution des PGE au 3 juin dans la Marne (source BPI) est donc le suivant: Montants : 785 Millions € accordés (613M € au 15/5) et 722M€ décaissés (593M € au 15/5)

Entreprises : 3 993 accords (3 397 au 15/5) et 3 641 ayant perçu le décaissement (2 929 au 15/5)

• Montant moyen accordé 183 000 € (170 000 € au 15/5)

• Répartition par secteurs des montants accordés:
Commerces : 22%, Industrie : 23% (19% au 29/4), Construction : 9%, Hébergement-restauration :5%, Agriculture : 5%, la demande du secteur du champagne commence à se manifester Inquiétudes pour l’hôtellerie restauration avec des tensions de trésorerie croissantes.

Des reports de crédit sont élargis de 6 à 12 mois avec de nouvelles facilités à court terme.