Ulterïa mise sur l’industrie humaine

En réinventant le « bon sens paysan » et le paternalisme industriel, Ulterïa, à Saint-Bris-le-Vineux (89) développe le premier projet européen qui donne une idée de ce que pourrait être le « monde d’après ».

À Saint-Bris-le-Vineux, dans l’Yonne est peut-être en train de naître le premier projet européen qui réconcilie éthique environnementale, individu et développement économique. Ulterïa c’est son nom, est un concept pensée en 2015 par deux ingénieurs, Alexis Nollet et Sébastien Becker, propriétaires depuis 2006 de l’entreprise MobilWood, agenceur de magasins en bois massif inscrits dans une démarche responsable. Leur objectif ? Créer le premier « écosystème qui prend son essor en un ensemble de structures (entreprises, école, ferme) regroupées autour de la volonté de prendre en compte toutes les composantes de l’environnement : la nature bien sûr, mais aussi l’économie, la société et surtout, l’Homme ». Autour de MobilWood qui développe la notion de travailler, le concept cherche à développer la dimension humaine sur un seul site. De l’apprentissage, dans une école Montessori qui rejoindra le site en 2021 et accueille pour le moment 35 élèves dans la commune proche d’Escolives-Sainte-Camille, à l’alimentation par la chèvrerie bio de Claire Genêt, en passant par l’échange à travers une maison de la citoyenneté accueillant aussi un espace de cotravail. Tout cela dans un objectif principal : faire de la ruralité le vivier de nouvelles alternatives citoyennes. Mais en réinventant la notion de paternalisme industriel en version responsable, Ulterïa mise surtout sur un développement économique qui inclut, dès sa construction les enjeux de la transition énergétique, comme, par exemple, la nouvelle usine MobilWood qui verra le jour en 2021, entièrement démontable grâce à un système de construction semblable aux Lego et conçue afin de limiter les déplacement des employés tout en favorisant le travail collectif. Alors que le royaume du Bhoutan avait, en 2008, inscrit dans sa constitution son indice de mesure appelé BNB – Bonheur national brut – pour lutter contre le libéral PIB, le concept Ulterïa mise lui sur la sobriété heureuse, où comment assurer dans la limitation de son impact environnemental ou géographique, son autonomie énergétique le moyen d’évoluer avantageusement. Derrière ce concept qui pourrait paraître utopique à certains, rien de plus pour ses concepteurs que « le bon sens paysan » qui favorise l’autonomie, la mutualisation, les notions de bonheur au travail et de tourisme industriel. Pour les plus sceptiques, les chiffres parlent d’eux-mêmes. De 30 employés et deux millions d’euros de chiffre d’affaires en 2006, les entreprises créées, développées ou incorporées représentent aujourd’hui 150 employés et 24 millions de chiffre d’affaires en 2019. La totalité de la production et l’essentiel du CA sont réalisés en France auprès des marques sensibles à l’environnement (MSE). De quoi rendre ringard le plus inventif des industriels !