Troyes veut « des entreprises à but d’emploi »

Capitaine d’industrie et grand commis de l’Etat, Louis Gallois s’attaque à une problématique que personne n’a pu résoudre jusqu’ici : le chômage de longue durée. (Photo : Laurent Locurcio)

Louis Gallois, invité dans l’Aube, détaille son plan pour éradiquer le chômage de longue durée dans les territoires.

L’idée peut paraître farfelue de prime abord et Louis Gallois en convient volontiers. Faire disparaître le chômage de longue durée sur un territoire en y créant des « entreprises à but d’emploi » recrutant en CDI sans condition de qualification, d’expérience ou encore d’âge, voilà qui peut paraître utopique. « La seule condition pour être embauché, c’est d’être volontaire et sortir d’une période de chômage de longue durée, en moyenne d’au moins 54 mois car le principe est que personne n’est inemployable », précise l’ancien capitaine d’industrie qui a présidé de grandes entreprises telles que la SNCF, Aérospatiale ou encore EADS Airbus.

Un monde industriel dont il fait encore partie, puisqu’il reste président du conseil de surveillance de PSA. Mais désormais Louis Gallois se consacre à des engagements sociaux. « Je voulais aussi voir la France sous un autre regard/ Je me suis donc intéressé à l’exclusion », affirme-t-il. Mais sa démarche reste également économique pour le président du fonds d’expérimentation territoire zéro chômeur de longue durée. « C’est une réelle démarche économique relevant du territoire », ajoute Louis Gallois, en précisant que le finance- ment du dispositif ne coûte rien aux collectivités grâce à un modèle économique approuvé par la Cour des comptes ! « En fait, nous ne faisons qu’activer des dépenses passives, transformant en salaires et cotisations sociales les aides sociales de toute nature ver- sées aux chômeurs de longue durée », précise-t-il.

En 2016, une loi a même été votée pour fixer le dispositif et l’ouvrir, à partir de 2017, à dix territoires français dans le cadre d’une expérimentation qui a déjà permis de créer 735 emplois en deux ans. En même temps, 350 personnes qui sont passées par une de ces entreprises à but d’emploi ont ensuite rejoint une entreprise classique, l’objectif étant évidemment la réinsertion professionnelle des chômeurs de longue durée.

L’entreprise à but d’emploi perçoit 18 000 euros par an pour chaque chômeur recruté, charge à elle de lui trouver une activité en adéquation avec ses compétences mais aussi les besoins du marché. Jardinage, nettoyage, maraîchage font partie des activités les plus courantes.

UN PÉRIMÈTRE ÉLARGI

« Nous ne sommes pas là pour prendre les marchés des entreprises du secteur marchand, mais plutôt pour créer des emplois interstitiels sur des niches qui ne sont pas rentables pour les entreprises classiques », précise Louis Gallois. L’objectif étant, à terme, de générer suffisamment de chiffre d’affaires pour compenser la dégressivité des aides versées à l’entreprise à but d’emploi.

Un nouvel appel à projet a été lancé pour retenir 40 nouveaux territoires d’expérimentation cette année, Troyes Champagne Métropole figurant parmi les nombreux candidats qui se sont déjà fait connaître.

Un dispositif que François Baroin juge enthousiasmant en tant que président de TCM et qu’il entend promouvoir également au sein de l’association des maires de France qu’il préside. Philippe Pichery se félicite aussi qu’un véritable « verrou » saute par un dispositif qui active les dépenses sociales passives qui coûtent de plus en plus cher aux départements sans véritablement solutionner la problématique de l’insertion professionnelle des chômeurs de longue durée.

Avec son taux de chômage supérieur à la moyenne nationale et la volonté claire- ment affichée des acteurs locaux de soutenir ce dispositif, le territoire aubois a toutes les chances d’être retenu parmi les nouveaux territoires d’expérimentation.