Freddy NicolasTout en souplesse

Il vient de prendre pour deux ans la présidence du conseil de l’Ordre des experts-comptables d’Occitanie, né de la réunion des conseils de l’Ordre de Toulouse et Montpellier. Une nouvelle page à écrire.

Ne lui parlez surtout pas de fusion. Freddy Nicolas, nouveau président du conseil de l’Ordre des experts-comptables d’Occitanie lui préfère le terme de réunion. La nouvelle structure, portée sous les fonts baptismaux le 8 décembre dernier, est donc issue de la « réunion » des conseils de l’Ordre de Toulouse et Montpellier, aujourd’hui dissous. Elle comprend 36 élus (contre 48 auparavant) et regroupe quelque 1 850 experts-comptables et 500 experts-comptables stagiaires exerçant dans les 13 départements de la région. Ce qui en fait la quatrième communauté la plus importante de France. « Une montée en puissance » qui n’est pas pour déplaire à ce professionnel de 56 ans, pugnace et volubile qui clame haut et fort sa passion pour son métier. Natif de Royan, il se dit avant tout occitan. Installé à Villefranche-de-Lauragais, il a en effet un pied dans l’Aude, sur les rives de la Méditerranée, et un autre sur les contreforts des Pyrénées, en Ariège. Un terrain de jeu idéal pour ce sportif impénitent qui pratique le judo – il a donné des cours pour payer ses études et a arrêté la compétition la cinquantaine venue seulement –, le marathon, le VTT dans la Clape, la randonnée au grand air…

D’ailleurs pour bien marquer son attachement aux deux bords de l’Occitanie, si le conseil régional a son siège à Toulouse, une représentation a également été créée à Montpellier. Pour ne froisser personne certes, mais surtout pour maintenir ce lien de proximité si cher à ce défenseur de l’Ordre. « L’enjeu à travers cette réunion est de maintenir le même niveau de services (communication, formation, fiscalité…) avec un nombre d’élus moindre », assure le professionnel. Une ambition qui ne va pas de soi, tant les modes de fonctionnement diffèrent d’un bout à l’autre de la région. Mais celui qui enchaîne les visioconférences en est persuadé : « de la discussion, jaillit la lumière ». Sous-entendu, l’harmonisation est en bonne voie. « C’est à la fois compliqué et motivant, c’est un challenge. »

Outre le maintien du maillage territorial, l’autre défi qui attend celui qui s’active depuis huit ans au sein des instances ordinales, c’est la transformation numérique. « Nous devons accompagner les confrères dans les changements à venir, affirme Freddy Nicolas. Digitalisation, nouveaux outils, facturation électronique obligatoire d’ici 2025… la profession s’est saisie de ces sujets depuis longtemps mais l’idée désormais est d’ouvrir la formation aux collaborateurs de cabinet. Du reste, nous ne garderons nos collaborateurs que si nous les faisons évoluer et progresser avec nous. Nous avons un métier formidable. D’ailleurs je me régale lorsque je vais le présenter dans les écoles. Il n’y a pas de chômage dans la profession et quel que soit le niveau d’études auquel on s’arrête, on peut intégrer un cabinet et évoluer au sein de ce dernier. » De cette capacité d’évolution, Freddy Nicolas peut témoigner. L’homme, qui a longtemps hésité à devenir prof de sport, est titulaire d’un DUT GEA (gestion des entreprises et administrations). Après avoir travaillé en entreprise et dans la banque où il « étudie des bilans toute la journée » et décide de l’octroi de crédits, Freddy Nicolas est entré dans le cabinet d’expertise comptable d’Alexandre Oreglia avant de se voir confier deux ans plus tard la direction du cabinet secondaire à Villefranche-de-Lauragais. « Mais avec mon DUT, je me trouvais un peu court, explique-t-il. C’est ce qui m’a décidé à reprendre des études en cours du soir. » Le diplôme d’expertise comptable en poche, en 2004, il reprend ce même cabinet et ses quatre collaborateurs. Depuis, avec son ancienne stagiaire, une fois diplômée et devenue son associée, il a fondé deux autres bureaux secondaires, l’un à Nailloux il y a neuf ans et l’autre à Ayguevives l’an dernier, soit un groupe fort de 14 salariés aujourd’hui. « Depuis je me régale tous les jours, chaque nouveau client nous amène une problématique particulière. C’est cette ouverture d’esprit qui rend notre métier fabuleux. »

Faire venir les jeunes, les faire évoluer « pour pouvoir les garder », c’est donc l’autre défi qui attend le nouveau président du conseil de l’Ordre des experts-comptables d’Occitanie qui entend ainsi resserrer les liens avec les établissements d’enseignement supérieur préparant à la filière de l’expertise comptable. Mais pour faire bonne mesure, Freddy Nicolas s’est donné une autre mission, qui tient de l’obsession chez lui : la défense du diplôme et surtout la lutte contre l’exercice illégal de la profession. Un fléau qui, explique-t-il, fait courir des « risques graves » aux entreprises. « C’est mon ADN, explique-t-il. Je suis entré à l’Ordre par le biais de cette commission. Je suis passionné par le processus d’enquête et j’aime la mener jusqu’au bout avec l’appui de la brigade financière, des avocats, de la chambre des huissiers… Je me régale ! »

Si son prédécesseur Philippe Coulonges a pris de plein fouet la crise de la Covid-19 et dû gérer l’urgence pendant des mois, montrant une fois encore que « les experts-comptables sont le premier relais des chefs d’entreprise », Freddy Nicolas sait que l’économie occitane n’est pas tirée d’affaires. Pourtant ce battant reste optimiste. « Entre les PGE et l’activité partielle, les secteurs les plus touchés, l’hôtellerie-restauration, l’événementiel, le sport, sont sous perfusion, ce qui fait que pour l’instant nous n’avons pas eu de grosses catastrophes. J’ai hâte que l’activité normale reprenne. Parce qu’on l’a vu après le premier confinement : l’économie est repartie de plus belle. On a eu des statistiques très encourageantes avant le second confinement. De fait, le consommateur a besoin d’aller au restaurant, au spectacle, au ciné, explique ce bon vivant. Il a besoin de cet échange culturel et social. Je suis positif. Les chefs d’entreprise font le dos rond. Ils sont tous en train de repenser leur métier, leur manière de travailler dans la perspective du redémarrage. Ils sont tous dans les starting-blocks ! L’être humain est étonnant : il s’adapte. Ce sont des expériences et des événements qui font grandir les chefs d’entreprise. » Le président du conseil d’Ordre se dit donc optimiste pour 2021, un peu moins pour 2022. « Nous serons là pour les aider à trouver des solutions pérennes », assure-t-il, avant de conclure, « il faut vite qu’on rouvre les vannes. C’est vital. »

Parcours

1964 Naissance à Royan
2004 Inscription au tableau de l’Ordre des experts-comptables
2004 Reprend un cabinet de quatre collaborateurs à Villefranche-de-Lauragais
2011 Ouvre un second bureau à Nailloux puis un troisième à Ayguevives il y a un an
2013 Préside la commission régionale de répression de l’exercice illégal, membre de la commission nationale de 2017 à 2020
2017-2020 Contrôleur principal du stage. Vice-président de l’Ordre, responsable du pôle compétence
2020 Le 8 décembre, est élu président de l’Ordre des experts-comptables d’Occitanie