Tourisme : comment améliorer les chiffres d’affaires ?

De gauche à droite : Marguerite Deprez-Audebert, députée du Pas-de-Claias, Didier Martin, député de la Côte-d'Or, et Vincent Rolland, député de la Savoie, ont présenté leur rapport sur le tourisme en France le 24 juillet à Paris. (Droits réservés)

À l’occasion du déplacement à Beaune et à Dijon de la Mission parlementaire sur le Tourisme de l’Assemblée nationale, les membres de cette mission ont passé en revue les grandes lignes de leur rapport, présenté le 24 juillet à Paris.

Formuler des préconisations pour un tourisme durable et d’innovations. Tel est l’objectif du rapport, présenté le 24 juillet à Paris, sur le tourisme en France, avec une vision à dix ans. Le constat est simple : la France est la première destination mondiale mais la troisième (après les États-Unis et l’Espagne) en termes de chiffre d’affaires. En clair, les touristes qui viennent sur notre territoire consomment moins que dans d’autres pays. « L’idée est de gravir un échelon au niveau du chiffre d’affaires mondial afin que cela profite au territoire », explique Vincent Rolland, président de la mission et député Les Républicains de la deuxième circonscription de Savoie.

METTRE EN VALEUR LE PATRIMOINE

Cette mission d’information sur le tourisme de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale est composée de 16 députés. Elle a commencé ses travaux en février. Près de 40 auditions ont été menées, ainsi que trois déplacements. Alors comment remédier à cela ? La France se serait-elle endormie sur ses lauriers au point de négliger ses conditions d’accueil ? Il faut dire que les mentalités ont changé. Les touristes veulent « vivre des expériences» (Lire ci-dessous). Fini le temps où les hôtels pouvaient se contenter de standards que l’on retrouvait à tous les coins de la planète. Les trois députés qui conduisent ce rapport -Vincent Rolland, Marguerite Deprez-Audebert, rapporteure de la mission et députée (Modem) de la neuvième circonscription du Pas-de-Calais et Didier Martin, également rapporteur et député (La République en Marche) de la première circonscription de Côte-d’Or – sont issus de territoires très différents et sont pourtant unanimes : il faut mettre en valeur le patrimoine de chaque région afin qu’elles deviennent des destinations à part entière. Pour leur histoire, leur terroir et l’accueil unique qu’elles peuvent offrir aux visiteurs. « Choisir un tourisme de qualité qui sait ce qu’on lui propose et qui déguste ce qu’on lui offre au détriment du tourisme de masse, trop vite consommé », assure Didier Martin. « Il faut reconquérir les touristes allemands et suisses qui ont déserté notre pays au profit des Chinois», poursuit Marguerite Deprez-Audebert. Telle est la priorité pour la France.

COMPRENDRE LE TERRITOIRE DANS SA GLOBALITÉ

« Pour la Côte-d’Or, il va falloir en permanence travailler à la qualité de l’accueil, à la pratique des langues étrangères, mettre le touriste au centre du processus pour répondre aux besoins autour de l’œnotourisme. À partir d’un désir (la dégustation), comprendre le territoire dans sa globalité (paysages classés au patrimoine mondial de l’Unesco). Il faut offrir des découvertes de proximité avec un tourisme vert d’intérieur, l’emmener vers des patrimoines qu’il ne connaît pas. Par exemple, le Vase de Vix dans le Pays châtillonnais est en mesure de créer l’effet « whaouu ! ». Il faut étonner, donner à vivre ce qui traverse le temps », note Didier Martin. Le défi ? Transformer Dijon en ville de destination et non de passage.

Côte-d’Or Tourisme mise sur l’expérience client

« L’intervention de La Fabrique à Souvenir, un spécialiste du marketing, de l’expérience client et de l’émotion dans le tourisme illustre la nécessité absolue de raconter une histoire aux touristes qui viennent sur nos territoires », explique Marie-Claire Bonnet-Vallet, présidente de Côte-d’Or Tourisme. L’année 2018 avait projeté les visiteurs dans l’Histoire avec #EPIQUESEPOQUES fêtant trois anniversaires exceptionnels : les 900 ans de l’abbaye de Fontenay, le quadricentenaire de la naissance du comte de Bussy et les 250 ans de la grande forge de Buffon. 2019 plongera les visiteurs au cœur de la gastronomie et des productions d’excellence en Côte-d’Or. De quoi éveiller les papilles des touristes ou plutôt des voyageurs, selon les termes de La Fabrique à Souvenir. Pour Patrick Goas, co-fondateur de ce cabinet de conseils, spécialiste du marketing, de l’expérience client et de l’émotion dans le tourisme, les professionnels du secteur ne doivent pas proposer seulement un lieu de séjour, mais offrir un véritable voyage à leurs clients. En d’autres termes : on ne vend pas un lit mais un lieu de vie; on ne vend pas un repas mais un moment de convivialité.

DES PRODUCTEURS QUI RACONTENT DES HISTOIRES

« Le client doit quitter notre territoire avec des souvenirs sensoriels. Il faut que le séjour fasse appel à tous les sens, transporte le voyageur dans le temps et dans l’espace, même pendant deux jours ! », souligne Marie-Claire Bonnet-Vallet. Cette année, avec un budget prévisionnel de 1 608 500 euros, Côte-d’Or Tourisme met l’accent sur les productions locales qui donnent une identité particulière à son territoire. Ses actions s’orientent autour de « la Côte-d’Or des chefs », en préparation de la Cité internationale de la gastronomie et de la Cité des vins à Beaune. « Celles-ci ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Derrière tout ce travail, il y a des producteurs locaux avec des produits d’excellence telles que les viandes charolaises, les productions viticoles, le maraîchage en Val de Saône… tout ce qui fait la richesse et la diversité de la Côte-d’Or. La gastronomie, l’identité et l’histoire qu’on raconte commencent par ces productions locales », précise Marie-Claire Bonnet-Vallet. Côte-d’Or Tourisme poursuivra également ses projets structurants, notamment avec la poursuite du travail d’accompagnement avec l’association des Climats du vignoble de Bourgogne ainsi que la création officielle du Parc national de forêts se dessinant à l’automne 2019. « Ce sera le onzième parc national. Nous allons travailler sur les loisirs de pleine nature. C’est la forêt en tant qu’expérience liée au dépaysement, à la santé et au bien-être pour promouvoir un territoire qui reconnecte les voyageurs avec la nature ». Autant de projets qui provoqueront à coup sûr un « émotiogramme » pour tous les visiteurs de notre territoire.

Patrick Goas, co-fondateur de La Fabrique à Souvenir présente le concept de l'expérience client dans le tourisme. (Crédit : Journal du Palais)